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Publié par andika

Robert Trevino est un chef d'orchestre d'origine américaine que l'on peut voir de temps en temps à Paris, comme en 2019 à la tête de l'Orchestre de Paris. Pour le concert de Noël de l'Orchestre Philharmonique de Radio Franc du 22 décembre 2023, ce dernier a remplacé au pied levé Andrés Orozco-Estrada, qui devait diriger un programme 100% américain. Après le tango en 2019, le Philhar' propose de nouveau un programme très original, avec tout d'abord, le Song of Hope de Florence Price, puis le Concerto pour tuba de Wynton Marsalis. Après l'entracte, la second partie du concert était consacrée à Leonard Bernstein, avec ses rares Chichester Psalms et enfin, les Danses symphoniques issues de West Side Story. Le Philhar' étant rejoint pour ce programme riche en chants par le Choeur et la Maîtrise de Radio France, préparés par Lionel Sow.

Affiche du concert

Florence Price, compositrice Afro-Américaine au début du 20ème siècle a dû luter pour vivre de sa passion de la musique, dans un pays pratiquant encore largement la ségrégation. De cette lutte est né un catalogue riche de près de cinq cent compositions, dont Song of Hope. L'orchestration y est fine, malgré un effectif orchestral conséquent, dont les vents se détachent. Le choeur chante à plein poumons un texte fervent relatant les espoirs d'un personne évoluant dans un milieu hostile. Le son imprimé par le chef est dense et imposant, la masse orchestrale considérable est domptée pour un résultat plein d'émotions.

Le concerto pour tuba de Marsalis est récent, composé en 2021, c'était pour ce concert la création française. Curieux instrument que le tuba pour un concerto, mais cela fonctionne étonnamment bien dans cette oeuvre avec comme soliste Florian Schuergraf, tuba solo du Philhar'. L'orchestre est assez dépouillé, on est devant un effectif mozartien et il est très amusant d'avoir le tuba en soliste, image très inhabituelle. Dans cette oeuvre, inspirée de la pluralité des musiques populaires américaines, on perçoit des influences du jazz, de la funk, et d'univers latino américains. On alterne aussi entre les passages rythmés et virtuoses au tuba solo, notamment dans le premier mouvement Up ! aux rythmes irrésistibles, et aux trois cadences captivantes du solistes. Les musiciens jouent de leur instrument mais aussi des mains et applaudissent à certains moments. Le charme du deuxième mouvement, Boogaloo Americana, avec son rythme chaloupé et ses applaudissements cadencés est appréciable. Les nombreux contre temps ne cessent de déstabiliser, et le chef s'amuse de ces rythmes fluctuants. Le troisième mouvement, Lament montre un tuba solo qui parvient à être d'une douceur ineffable là où les cuivres de l'orchestre chantent une mélodie tout ce qu'il y a de plus américaine. Le Finale, une fois de plus très rythmé, montre un tuba solo au bord de l'improvisation tant ses croches fusent constamment. Une oeuvre très interessante et qui sonne on ne peut plus américaine. 

Robert Treviño (©Radio France - Christophe Abramowitz)

Robert Treviño (©Radio France - Christophe Abramowitz)

Après l'entracte, toujours l'Amérique mais Bernstein cette fois, avec tout d'abord les rares Chichester Psalms. Musique sacrée inspirée du Livre des psaumes, cette partition succède à la troisième symphonie de Bernstein, Kaddish. Le premier psaume étonne avec l'absence des bois à l'orchestre. Le différents rythmes, les mesures en 7/4, amènent un dynamisme, magnifié par l'intensité du choeur et la précision du chef. Le deuxième psaume, sur "Le seigneur est mon berger" voit se présenter la voix angélique solo d'un enfant avant le dernier psaume, avec de fabuleuses cordes du Philhar', une clarté dans les voix masculine et une précision méthodique des nuances, de la part du chef qui dirige pour sans baguette pour cette oeuvre.

Enfin, le clou du spectacle avec Les Danses Symphoniques issues de la comédie musicale West Side Story qu'on ne présente plus. Reprenant les thèmes principaux de l'oeuvre, elles balayent en une vingtaine de minutes tous les événements marquants de l'intrigue. Après un prologue maîtrisé faisant entrer immédiatement dans l'ambiance de la confrontation entre les Jets et les Sharks. Mais ici, aucun personnage, juste l'orchestre et ses superbes attaques, son engagement et son intensité qui font ressortir toute la dramaturgie. Confortée par le thème de Somwhere, où la harpe, le violon, l'alto et le violoncelle chantent ce passage élégiaque. On déplorera un Mambo un peu trop énergique ou la nuances forte a tendance à être un peu trop employée. Un peu de rubato n'aurait pas fait de mal. Le chef aurait pu quelque peu tempérer son enthousiasme et ralentir le rythme. Cependant, qui de mieux que David Guerrier pour jouer ce solo de trompette  enflammé, debout, dans l'auditorium de la Maison de la Radio ? Enfin, dans cette période de fêtes, un bis était de rigueur. Et quoi de mieux que ce Mambo justement? Et la deuxième fois, il a été beaucoup mieux joué, pour la plus grande joie des spectateurs ! Le Noël à l'américaine a du bon !

Concert disponible à l'écoute pendant un mois sur le site de Radio France

Programme du concert du 22 décembre 2023 à Radio France
FLORENCE PRICE **
Song of Hope

WYNTON MARSALIS
Concerto pour tuba (création française)

LEONARD BERNSTEIN *
Chichester Psalms
West Side Story, Danses symphoniques


FLORIAN SCHUEGRAF tuba
Soliste de la MAÎTRISE DE RADIO FRANCE
Jiyoung Kim  
soprano *
Barbara Assouline soprano **
Sarah Breton alto *
Elodie Salmon alto **
Seongyoung Moon ténor *
Chae-Wook Lim basse */**
CHŒUR DE RADIO FRANCE
LIONEL SOW
 chef de chœur
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
ROBERT TREVIÑO
 direction

 

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