Transmania (2024): Un livre utile inutilement provocateur
Transmania de Dora Moutot et Marguerite Stern est un livre utile dans le mesure où il va à contre courant d'une pensée dominante qui existe dans les médias, et même du côté des décideurs politiques. A savoir qu'il ne faut pas passer par perte et profit la réalité biologique au moment d'évoquer le sexe d'une personne, et que la notion de genre, est à manier avec prudence. Ou pour aller directement dans le fond du sujet, c'est un livre qui affirme que la définition d'une femme, c'est la femelle humaine. Ceci est un discours transgressif, qu'on veut faire taire et qui passe pour réactionnaire et même pire, carrément fasciste pour quelques bonnes âmes situées à gauche de l'échiquier politique. Il s'agit pourtant de la plus pure logique pour une majorité de nos frères et sœurs en humanité. Cependant, une minorité bruyante peut imposer son discours avec véhémence et imposer le silence parmi ceux qui ne sont pas d'accords.
Ainsi, quand on lit ce livre, et qu'on n'est pas totalement en accord avec le discours tranactiviste (une femme trans est une femme, il existe une infinité de genres...). Qu'on apprécie l'humour de Dave Chappelle, qu'on admire le courage de JK Rowling, de s'aliéner une partie de la bienpensance pour dire ce qu'elle pense, cet ouvrage a l'effet d'un verre d'eau dans le désert. Surtout lorsque l'on traine un peu trop sur les réseaux sociaux come moi.
Les deux auteures de cet ouvrage s'appuient ainsi sur de nombreuses sources, articles de presse, études, mais aussi beaucoup de liens URL, pour étayer leur propos. Elles mènent également une enquête à travers d'entretiens avec des personnes trans, notamment une personne XXY, qui livre un témoignage intéressant. Sur cet aspect, le livre est une réussite et permet d'apprendre de nombreuses choses. Principalement le concept de l'autogynéphilie, mot qu'on n'entend pas tous les jours. Il s'agit de l'état d'une personne née avec une biologie mâle qui souhaite devenir une femme en étant motivée par l'excitation que le corps d'une femme lui procure en tant qu'homme. Et cet état ne peut pas être écarté lorsqu'on aborde le sujet de la transsexualité.
Cependant, les renseignements donnés sur les hommes autogynéphiles sont aussi la plus grande faiblesse du livre, qui se vautre dans un style assez grossier, et un registre de langage qui ne sied pas toujours à la littérature. Le personnage de Robert qui veut devenir Catherine, caricature grossière de l'autogynéphile, est une provocation inutile, qui donnera d'infinies munitions aux détracteurs de cet ouvrage. Robert est le fil rouge du livre, pour illustrer la pensée profonde des auteures. Même si on est au pays de Rabelais et que l'outrance parfois sert à démontrer une thèse, ici, elle intervient comme un élément perturbateur, récurrent, dans un livre qui par ailleurs demeure d'assez bonne tenue, même si le langage familier fait légion.
Enfin, à force de vouloir allez à contre courant, les auteures du livre citent certaines personnes à qui on ne peut donner aucun crédit, comme par exemple le podcasteur américain Alex Jones, condamné en justice pour avoir diffamé des familles de victimes d'une fusillade de masse d'enfants dans une école élémentaire aux Etats-Unis. De plus, l'inénarrable hyper docteur, essayiste et complotiste français, Idriss Aberkane est cité, de quoi gâcher la crédibilité d'un ouvrage qui, pour un peu utile qu'il soit, demeure inutilement provocateur.
Toutefois, rien ne justifie de l'interdire, d'empêcher les gens de le lire ou de les stigmatiser. Et les personnes qui cachent ces livres dans les librairies ne s'honorent pas. Transmania est un coup de pied dans la fourmilière, et parfois, il faut en passer par là pour se faire entendre, dans un monde qui ne tourne pas tout à fait rond.
Auteurs :
Dora Moutot, Marguerite SternGenres : Essai, Politique & économieDate de publication (France) : 11 avril 2024Langue d'origine : FrançaisParution France : 11 avril 2024
Éditeur :
MAGNUSISBN : 9782384220403 |