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Publié par andika

Après avoir été enthousiasmé par le premier film sorti en début d'année, consacré à D'Atragnan, j'avais enfin lu le roman fleuve d'Alexandre Dumas. Et j'arrivais donc en fin d'année plein d'espoirs et d'attentes pour le second film de ce diptyque, consacré à Milady, interprétée par Eva Green que j'adore. Et quelle n'a pas été ma déception devant ce film au non sens constant.

Je conçois tout à fait qu'une adaptation cinématographique ne suive pas à la lettre un roman, pour des questions pratiques et justement cinématographiques. La littérature n'est pas le cinéma, et parfois, il convient d'opérer des modifications, ou même d'inventer des choses afin de surprendre le spectateur familier de l'oeuvre d'origine.

Mais ici, ces modifications sont faites à la serpe. Dans des anachronismes grossiers afin de coller mollement à l'air du temps.

Ainsi, l'invention d'un mousquetaire noir, Hannibal (Ralph Amoussou), rate le coche. De son introduction bien peu subtile où il fait face à un D'Artagnan (François Civil bien moins convaincant) étonné, le personnage d'Hannibal lui demande s'il ne ressemble pas à un mousquetaire. Dans un passage meta où la réplique s'adresse autant au personnage qu'au public. L'intention de mettre un personnage "issu de la diversité" dans une grosse production française est louable, surtout quand on veut lui donner de l'importance et faire en sorte que les autres personnages le traitent avec déférence, mais il n'est pas pour autant souhaitable de l'insérer dans une oeuvre qui ne l'avait pas prévu. Surtout qu'en terme de représentation, les origines seules de Dumas permettent à ceux qui lui ressemblent de près ou de loin de ressentir une petite fierté. Et en dehors des origines et des couleurs, Les Trois mousquetaires appartiennent déjà au patrimoine de tous les français. Pas besoin d'inventer des personnages de couleur pour faciliter la représentation. A cet égard, le modèle à suivre est plutôt chez Audiard dans Les Olympiades. Le personnage principal masculin est noir, et ça ne détermine rien de l'intrigue. il aurait pu tout aussi bien être blanc que rien n'aurait changé dans l'histoire.

Autres problème, le fait de rendre les personnages incroyablement lisses. Non, D'Artagnan n'est pas fidèle en toutes circonstances envers Constance et il est capable de toutes les perfidies pour posséder Milady (la scène où il la refuse est un non sens absolu). Et enfin, Milady (toujours sublime Eva Green) n'est en aucun cas une victime perpétuelle des hommes, bien au contraire, il est souligné dans le roman l'empire qu'elle exerce sur eux, et la facilité avec laquelle elle leur fait tourner la tête.

Il y avait pourtant matière à broder sur la deuxième partie du roman, tant il ne se passe rien durant le siège de La Rochelle, hormis la scène du pique nique assez drolatique. Ici, on a des séquences d'action qui font un peu tâche, et surtout, des intrigues en coulisse bien peu intéressantes, et une sous exploitation chronique de Richelieu.

Ce deuxième opus est mou, manque de relief, manque de rythme, et nous propose malheureusement des personnages édulcorés et perd toute la dramaturgie du roman de ce fait. Et c'est bien dommage.

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