Résurrection et Réconciliation: Le grand retour de Semyon Bychkov à la tête de l'Orchestre de Paris dans la 2ème de Mahler
Vingt-trois. C'est le nombre d'années qui se sont écoulées entre le départ de Semyon Bychkov de son poste de directeur musical de l'Orchestre de Paris en 1998 et son retour à la tête de la phalange ce mercredi 22 Septembre 2021. Enfin serions nous tentés de dire. Il avait déjà raté le coche lors de la saison anniversaire des cinquante ans de l'Orchestre de Paris où tous les anciens directeurs musicaux étaient pourtant revenus. Mais en réalité, il s'agit ici d'une affiche que nous n'espérions plus tant l'inimitié entre ce chef, et cet orchestre, est sue et connue de tous. Ce dernier confirmant d'ailleurs la chose avec pudeur et humilité récemment encore au micro de France Musique. Mais dans la vie, tout est possible. Il existe toujours une chance de renouer le fil entre personnes de bonnes volontés, et quoi de mieux que la Symphonie n°2 "Résurrection"de Mahler, pour voir renaître cette relation entre un chef unanimement reconnu et ce si bel Orchestre de Paris ? L'opportunité de convoquer également le Chœur de l'Orchestre de Paris à ces grandes retrouvailles ainsi que la soprano Hanna-Elisabeth Müller et l'alto Christa Mayer dans la Grande Salle Pierre Boulez de la Philharmonie.
Tout a déjà été dit et écrit au sujet de la Symphonie n°2 de Mahler. Elle encombre les programmes des orchestres et des salles de concert depuis des décennies. Nous nous souvenons même de la précédente exécution de l'Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding en 2017. Et pourtant, on y revient constamment. Elle était au programme du premier concert de Bychkov à la tête de cet orchestre. Elle était aussi au programme de son dernier concert avec l'Orchestre de Paris et elle est maintenant le grand enjeux de leurs retrouvailles.
Le trémolo des cordes au début de la Totenfeier ne trompe pas. Nulle trace de dissensions ici, tout le monde va dans la même direction. Du caractère dans les intentions, de la précision dans les attaques et les phrasés, un pupitre de violoncelle exemplaire dans cette immense fresque faite de réminiscences de la mort, où le héros de la Symphonie Titan est porté en terre. Cette marche funèbre ouvre le concert avec alacrité. Mais comme Mahler le préconise, une longue pause jalonne la fin du premier mouvement, afin que chacun puisse reprendre ses esprits, et basculer dans la suite de cette symphonie, destinée à nous transporter dans des contrées lointaines. Peut-être la raison pour laquelle le chef abandonne sa baguette le temps de cet Andante enlevé, fait de légèreté et de douceur. Un pupitre de cordes bien lié avec beaucoup de vibrato et une cohésion remarquable dans les coups d'archet. La battue régulière imprimée à ce Ländler paisible permet d'atteindre une osmose et une unité où, le chef, en tant que facilitateur, pointe la direction et laisse jouer ses musiciens. Le Scherzo en revanche fait naître le malaise par ses dissonances, ses couleurs âpres où la petite harmonie est très prononcée, notamment la petite clarinette et le hautbois, dans une danse macabre jubilatoire. Dans Urlicht, l'alto Christa Mayer fait montre de son timbre chaud et néanmoins sombre avec des graves assurés et une intonation en allemand tout à fait saisissante. Les paroles sont chantées avec autant de clarté que si elles avaient été parlées, et enfin, sa projection impressionne dans le Grande Salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. Tout cela agrémenté du magnifique hautbois d'Alexandre Gattet, pour une des pages les plus belles de cette partition. Le Finale enfin est le lieu de toute la science de la direction de Bychkov. De l'orchestre de coulisses qui répond à celui présent sur la scène de façon claire. Mais surtout, dans la construction. Les choix de tempi, les crescendos savamment dosés. Le effets et intonations placés aux bons endroits. Le phrasé toujours précis. La délicieuse soprano, Hanna-Elisabeth Müller, qui assure ses interventions avec conviction et sert l'ensemble. Et enfin, ce chœur, qui sait chanter toutes les nuances. Lorsqu'il entre dans un premier temps assis, sur un pianissimo irréel, avant de culminer plein poumons (Bereite dich !) dans un fortissimo libérateur, debout. Un final subtilement amené, correctement dosé. A mille lieues de la grandiloquence et au contraire, au centre de la justesse. La Symphonie n°2, "Résurrection" de Gustav Mahler n'a pas encore commencé à nous lasser.
Le retour de Bychkov que nous n'attendions plus a moins été un événement musical qu'une histoire de rédemption et de réconciliation. Peu de musiciens de son époque à la tête de l'orchestre sont encore présents aujourd'hui, de sorte qu'une relation saine pour l'avenir est possible. Il serait dommage de se passer d'un si bon chef aussi francophile. Enfin, à Berlin, l'histoire du retour de Celibidache quarante ans après son départ des Berliner Philharmoniker est encore vivace. A Paris, nous parlerons encore longtemps du retour de Semyon Bychkov à la tête de l'Orchestre de Paris. Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé en ovationnant longuement et chaleureusement Semyon Bychkov.
Gustav Mahler
Symphonie n° 2 "Résurrection"
Orchestre de Paris
Choeur de l'Orchestre de Paris
Semyon Bychkov, direction
Hanna-Elisabeth Müller, soprano
Christa Mayer, mezzo-soprano
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Il est de retour ! Résurrection dans la réconciliation entre Semyon Bychkov et @OrchestreParis ! Ce chef est un facilitateur. Tout pour la cohésion et la cohérence. Il laisse jouer mais montre la voie. Des nuances toujours aussi belles dans le @ch_OrchParis 10 minutes d’ovation ! pic.twitter.com/62qyVx9rww
— Andika 💉💉 (@Nyantho) September 22, 2021
Une #Résurrection de #Mahler par #Bychkov et l’@OrchestreParis dont le finale transpire Parsifal.
— Vincent Guillemin (@vtguillemin) September 22, 2021
Étirée dans la longueur avec des mouvements médians contenus, magnifique par les crescendo et dans la douceur du chant, avec une superbe Hanna-Elisabeth #Müller 🌈 pic.twitter.com/lS5rpO7XGg
#ConcertSurSol #12
— Carnets sur sol (@carnetsol) September 22, 2021
Il Bychkov riconosciuto, ossia la Resurrezione.
On ne pensait pas revoir cette affiche un jour après les mots qui ont été dits !
Toujours les piani ineffables du @ch_OrchParis, mais plutôt le son-de-rentrée de l'Orchestre de Paris, pas très ardent ce soir. pic.twitter.com/SSJlQ8H19G
Deuxième symphonie de Mahler, orchestre et chœur de Paris excellents, Semyon Bychkov très bien, Christa Mayer absolument parfaite, mais @sophiecabanes et @GLesur sublimissimes ! pic.twitter.com/mNPCbiI4DZ
— Benjamin Randow (@benjaminrandow) September 22, 2021
Ma génération va enfin pouvoir dire :"J'ai vu de mes propres yeux Semyon Bychkov diriger l'@OrchestreParis !". @philharmonie pic.twitter.com/z39uf7IGP2
— Florian Dintilhac (@flodintilhac) September 22, 2021
Ce soir, @OrchestreParis retrouvait Semyon Bychkov #Mahler Symphonie 2. Manque tension&émotion cause tempi trop lents, judicieux dans le crescendo du 5e mouvement entier. Choeur&orchestre au top. Bois, cuivres, harpes, percussion, contrebasses impressionnants pic.twitter.com/FuHYaQBS5e
— Bruno Serrou (@Cirmeau) September 22, 2021
Thanks to the very kind offices of a friend I met Bychkov backstage and told him it felt like the symphony tonight somehow conveyed and helped process the pain of the last 18 months pic.twitter.com/fsPcy9CebA
— Josh Spero (@joshspero) September 22, 2021
Avec le grand mahlérien Semyon Bychkov revenant à la tête de l'Orchestre de Paris, qu'il a dirigé de 1989 à 1998, la Symphonie " Résurrection " déroule sa méditation sur la finitude et sur ...
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-symphonique/22613-mahler-2