Les mille couleurs de l'ONF et de Fatma Saïd dirigés par Cristian Măcelaru dans Brahms et Strauss
Bien que la veille du jeudi 15 octobre 2020, le Président de la république ait annoncé le couvre feu à partir de 21h pour la région parisienne, le concert de l'Orchestre National de France a pu se dérouler comme prévu. La mesure ne prenant effet que le week-end suivant. Enfin, comme prévu selon les adaptations dues à la pandémie de Sars-cov 2, le programme de la brochure ayant été un peu adapté afin d'être raccourci. Ainsi, seulement trois Danses hongroises de Brahms au lieu de quatre et moins d'airs de Wiener Blut de Johann Stauss fils à chanter pour la soprano egyptienne Fatma Saïd. Cependant, la Symphonie n°4 de Brahms a été conservée au programme pour notre plus grand plaisir et enfin, exit Thomas Hengelbrock à la direction et bienvenue à Cristian Măcelaru, le directeur musical du National.
Les Danses hongroises font parties des œuvres les plus connues de Brahms et plus largement du répertoire classique. Il s'agit selon Bartok, de musiques urbaines hongroises, transformées par les tziganes s'étant basés sur des musiques rurales. Ce sont ces musiques urbaines que Brahms a retranscrites pour orchestre. Mais ce sont des musiques à distinguer des musiques rurales initiales qui sont bien différentes, et qui seront étudiées par la suite par d'autres compositeurs. Le chef roumain, Cristian Măcelaru arrive sur scène avec son masque et son nœud papillon, mais ne gardera pas le premier pour diriger. Ce répertoire est in fine originaire d'une région proche de chez lui, et c'est peut-être pour cette raison qu'il l'aborde avec tant d'aisance. La première danse est ainsi très colorée, dansante, rigoureuse rythmiquement tout en gardant un côté élégant et feutré grâce à l'orchestration de Brahms. L'ensemble respire malgré la tension du thème. Dans la Danse n°3, la petite harmonie se distingue tout comme les attaques franches du chef. Enfin, la Danse n°10 emporte par la furie déployée à l'orchestre, toujours aussi énergique (impressionnantes percussions) sous la baguette de son directeur musical. Mais cela ne se fait jamais au détriment de la précision, chaque départ étant donné ! Très belle entrée en matière.
Brahms déplorait de ne pas avoir composé lui-même Le beau Danube bleu de Johann Strauss. Voir ce compositeur viennois succéder à Brahms dans ce programme fait alors sens. Et quoi de mieux que l'authentique sang de vienne (Wiener Blut). Opéra qui a eu du mal à trouver son public à ses débuts mais qui maintenant, représente si bien cette ville. Et c'est ainsi que la soprano Fatma Saïd prend place sur scène pour venir chanter. Bien qu'égyptienne, elle a étudié dans une école en langue allemande dans sa jeunesse. Et cela s'entend dans sa manière de posséder la langue de Goethe, la diction ne souffre d'aucune difficulté au contraire de la projection qui rend la chanteuse difficilement audible au premier balcon (problème qui n'existe probablement pas dans l'enregistrement radio). Mais il est tout de même possible de percevoir un beau timbre qui colle bien à l'histoire que nous raconte le texte. Mais la grande surprise est ce bis absolument délicieux. Un chanson du compositeur libanais Najib Hankash, superbement orchestrée par le timbalier (et compositeur) du National, Didier Benetti, qui a su garder toutes les couleurs de l'orient dans l'orchestre (superbe usage de la harpe).
Enfin, la Symphonie n°4 de Brahms, déjà jouée récemment par le National. On sent une fois de plus un Cristian Măcelaru attaché à la clarté et aux couleurs de son orchestre. Avec une battue précise, et un soin apporté aux contrechants, la musique se déploie naturellement au travers de tierces récurrentes. Notamment dans l'Andante construit sur de très belles dynamiques. Mais cette précision n'est pas dénuée de générosité dans les intentions, ainsi que le montre le troisième mouvement, scherzo assez pétardant et jubilatoire, avec ses attaques franches. Enfin, la passacaille finale est un torrent émotionnel avec des tuttis impressionnants. Une interprétation pleine d'énergie et d'intelligence, mais surtout, pleine de plaisir en ces temps troublés. Et cela tombe bien, avec ces programmes raccourcis, le chef ne manque jamais l'occasion de revenir pour un bis. Ce sera de nouveau une Danse hongroise. Pour un plaisir renouvelé.
Concert disponible à l'écoute pendant un mois sur France Musique
JOHANNES BRAHMS Trois Danses hongroises n°1, 3, 10 JOHANN STRAUSS II Deux airs extraits de l'opérette Wiener Blut : « Es hat den Grafen nichts genützt... Grüß Dich Gott, Du liebes Nesterl » et « Wiener Blut » JOHANNES BRAHMS Symphonie n°4 FATMA SAID soprano ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE CRISTIAN MĂCELARU direction |
Last Night in Paris! @CristiMacelaru led @NationalDeFce in his role as Music Director featuring soprano @FatmaSaid! pic.twitter.com/bRDDpKttlP
— Primo Artists (@PrimoArtists) October 16, 2020
Les mille couleurs du @nationaldefce dirigé par @CristiMacelaru avant la nuit dans Brahms à la @Maisondelaradio La passacaille de la 4ème me faire toujours fondre. Sublime Fatma Saïd dans Wienner Blut de Johann Strauss et surtout dans son bis venu de l’Est 😍 pic.twitter.com/y8nNDcNEXg
— Andika (@Nyantho) October 15, 2020
Brahms, Symphonie n°4 - Jeudi 15 octobre 2020 - 20h00 Maison de la radio - Auditorium
Nous ne sommes pas encore le 31 décembre, mais il n'y a pas de date pour écouter des valses de Strauss et pour parcourir les paysages de l'empire austro-hongrois en compagnie de Brahms. D'autant que
https://www.maisondelaradio.fr/evenement/concert-symphonique/brahms-les-danses-hongroises