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Publié par andika

En ces temps de pandémie, un des moyens de combattre le mal causé par le virus est de distendre le lien social, diminuer les interactions afin d’entraver les chaînes de contamination. Qu’il est étonnant alors de voir ce Danemark dépeint par Thomas Vinterberg où, justement, le lien social vient à la rescousse de ses personnages.

Une petite ville, une bande de quatre amis, professeurs de lycée désabusés, coincés dans la monotonie du quotidien, de la routine de la vie familiale, de la redondance des mêmes cours sans cesse rabâchés aux différentes générations d’élèves qui se succèdent. L’atonie est partout, la morosité est ambiante et fait un contraste saisissant avec la scène d’ouverture, montrant une beuverie de lycéens totalement décomplexés.

Ce contraste est un thème récurrent du film. Contraste entre la vie parfaite en apparence de ces professeurs, éduqués, mariés à de superbes femmes, pères de beaux enfants. Mais de l’autre côté, des hommes prisonniers de leurs vies, qui ont tout simplement oublié comment en profiter. Cela est bien caractérisé par le personnage de Martin, interprété par un Mads Mikkelsen géant. Et ce contraste, cette dichotomie, en plus d’être un thème de l’histoire, va devenir aussi un enjeu visuel constant. Ainsi, le contrejour est utilisé de façon récurrente à l’écran. Cette lumière qui vient vers l'objectif mais qui montre le sujet de façon sombre. La photographie, bien que chaude et colorée, montre souvent des personnages habillés de couleurs foncées. Enfin, la même scène peut faire rire et pleurer en même temps (notamment lorsqu’il s’agit d’ébriété publique). A ce titre, la scène finale est un modèle, avec d’un côté les enseignants tout de noir vêtus, et les lycéens fraîchement bacheliers, habillés en blanc, comme des matelots, pour une fête douce-amère.

Et le prétexte à tout cela est une hypothèse selon laquelle il manquerait 0,5g d’alcool par litre de sang à chaque être humain. Nos joyeux drilles testant alors ce postulat de façon scientifique en buvant continuellement. Les effets semblent être bénéfiques au début avant de complètement dégénérer. Chose prévisible mais toutefois intéressante. Car le rapport de la société à l’alcool est ambivalent. Et ce film le démontre bien. On sait que c’est mal de trop boire mais on ne peut pas s’en empêcher. Il est difficile de faire la fête sans alcool. Pire, de nombreux leaders, artistes, génies, étaient des alcooliques notoires et ont marqué l’histoire. De sorte qu’il est difficile de se faire une raison radicale au sujet de la boisson, rien n’est tout noir ou tout blanc. Tout est en nuances. Comme la vie de nos quatre professeurs. Du célibataire endurci et solitaire, aux hommes mariés. Leur détresse aussi, montre plusieurs niveaux. Car en effet, comme pour l’alcoolisme, la dépression se joue à plusieurs degrés.

Ainsi, loin d’être un anxiolytique, l’alcool est surtout un facilitateur de lien social. Lien social essentiel pour ne pas ressentir la solitude ou la tristesse. Lien social absolument pas assujetti au niveau d’éthanol dans le sang. Que vous ayez l’alcool joyeux ou l’alcool triste, n’oubliez jamais que vous avez de la famille, des amis, des personnes qui vous aiment.

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