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Publié par andika

Nous avions quitté les concerts à Radio France, la liberté d'aller et de venir, et le monde d'avant le confinement, lors d'une soirée d'hiver, en mars 2020. C'était avec le Chœur de Radio France et sa directrice musicale, Martina Batič. Et depuis l'été, contrairement aux autres formations maison, ils n'avaient toujours pas fait leur retour ensemble. Ce fut chose faite en ce samedi 26 septembre 2020 à l'auditorium de la maison de la radio pour le lancement de leur nouvelle saison. La série de concerts intitulée Chorus Line, onze dates pour explorer le répertoire a capella. Le premier rendez-vous s'est fait autour des Six Lieder pour chœur mixte opus 86 de Max Bruch. Puis il a été l'occasion  de se souvenir que 2020 est toujours l'année Beethoven malgré tout, avec son magnifique Chant élégiaque opus 118 pour chœur et quatuor à cordes. Enfin, de la musique française avec Figure humaine, cantate pour double chœur mixte a cappella de Francis Poulenc.

Poster Chorus Line 1, Martina Batic

Pour ses Six lieders, Bruch se tourne vers des poèmes de sa propres filles et des mélodies traditionnelles irlandaises traduites en allemand. Le Chœur de Radio France chante ces textes avec beaucoup de rigueur dans la diction en allemand, avec une patte sonore qui, même si elle demeure un peu dense et sombre, permet de bien entendre les belles harmonies de cette musique (Kleine Maria. Legende), ainsi que de la clarté de la ligne mélodique. Enfin, rien de mieux que le voix pour illustrer la polyphonie, surtout lorsque les attaques sont aussi bien préparées par la cheffe (Deutscher Frühling, Im Moselta). Très belle entrée en matière.

Le Chant élégiaque de Beethoven a été dédié à la femme décédée d'un de ses mécène, pour commémorer le troisième anniversaire de sa disparition. Le quatuor à corde joue seul au début, en appuyant sur le vibrato pour bien souligner l'aspect émotionnel de l’œuvre avant de se fondre derrière le chœur, qui chante de manière puissante et équilibré, avec encore un bel effort de prononciation en allemand.

Figure Humaine de Poulenc a été composé pendant l'occupation, pour la resistance en augure de la libération et de la victoire future. Le thème de la liberté revenant de façon récurrente dans l’œuvre d'Eluard, Poulenc a donc puisé dans plusieurs de ses textes afin de composer sa redoutable partition, pour deux chœurs, répartis en six voix distinctes. En cette période troublée, le texte prend un écho particulier avec dès le début les vers suivants: "De tous les printemps du monde, Celui-ci est le plus laid." Le chœur est ici dans le confort en français, confort qui peut parfois faire un peu perdre en rigueur et témoigner d'un trop grand enthousiasme dans l'intensité, dans la mesure où il n'y a aucun orchestre à couvrir a cappella. Mais quelle énergie, et que de convictions dans les onomatopées de En chantant les servantes s’élancent ou la fugue du début de La menace sous le ciel rouge (un feu sans tâche). La cantate se referme sur un crescendo construit rigoureusement par Martina Batič , sur le poème Liberté, pendant vingt et un quatrains. La libération finale sur un accord glorieux de mi mineur est malheureusement troublée par une contre note chantée par deux sopranos qui éclipse totalement le reste mais qui ne laisse pas indifférent.

Néanmoins, quelle joie de retrouver le Choeur de Radio France après autant de temps, dans un si beau répertoire, avec de si beaux textes. Et finalement, un programme ramassé, d'une heure comme celui-ci, commence à devenir la norme à cette époque de pandémine.

Programe Chorus Line 1 Samedi 26 septembre 2020
FRANCIS POULENC
Figure humaine

MAX BRUCH
Six Lieder opus 86

LUDWIG VAN BEETHOVEN
Chant élégiaque *

CHŒUR DE RADIO FRANCE
MUSICIENS DE L'ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE * :
Virginie Buscail
violon 1 
Sophie Pradel violon 2 
Marc Desmons alto 
Karine Jean-Baptiste violoncelle 
MARTINA BATIČ direction

 

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