Mirga Gražinytė-Tyla illumine la Philharmonie à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France
Au vu de sa profession, Mirga Gražinytė-Tyla a deux particularités. Premièrement, elle est jeune. Deuxièmement, c'est une femme. Et en 2024, il s'agit encore de deux choses rares pour un chef d'orchestre. Cheffe difficile à manquer sur les internets quand on la voit diriger, tant sa fougue est marquante. Elle a depuis quelques saisons pris ses habitudes à Paris, et pour ce concert du vendredi 26 avril 2024, la voici à la tête de l'Orchestre Philharmonique et du Chœur de Radio France pour un programme alliant Anton Bruckner, Lili Boulanger, et enfin, son propre père Romualdas Gražinis ! Au Psaume 24 de Lili Boulanger répond le Psaume 150 de Bruckner. Et pour compléter la première partie, Sutartine de Romualdas Gražinis, chant à capella. Et enfin, après l'entracte, la Symphonie n°6 de Bruckner.
Au travers des trois premières œuvres, on apprécie toute la palette du Chœur de Radio France, avec tout d'abord le Psaume 24 de Lili Boulanger. Œuvre brève, de moins de cinq minutes et pourtant, l'orchestration agréable avec les fanfares de cuivres marque. Mais surtout, le chant, clair, net et précis du Choeur préparé par Lionel Sow et auquel Mirga Gražinytė-Tyla fait chanter le texte avec une grande clarté dans la diction.
Romualdas Gražinis dans Sutartine, s'inspire d'une mélodie lituanienne qui avait inspiré jadis, Stravinsky pour son Sacre du Printemps. Sutartine vient de sutari qui signifie s'accorder. Et dans ce chant a cappella, les différents pupitres s'accordent bien, dans cette polyphonie rythmée, pleine de syncopes. Les harmonies sont très agréables. On sent en outre Mirga Gražinytė-Tyla très impliquée et dynamique, tout en restant méticuleusement précise. Encore une charmante découverte.
Le Psaume 150 de Bruckner enfin, convoque un vaste effectif orchestral, qui complète admirablement un choeur lancé à pleine puissante, et permet d'entrer dans l'univers du compositeur avant l'entracte.
Mirga Gražinytė-Tyla dirigeant l'Orchestre Philharmonique de Radio France lors de la générale (© Christophe Abramowitz / Radio France)
La Symphonie n°6 de Bruckner est selon son auteur, la plus effrontée. Composée de 1879 à 1881, elle n'a par la suite connu aucune révision. Pourtant, elle a été créé dans une version avec des coupures à titre posthume par Gustav Mahler, en 1899 à Vienne.
L'approche de Mirga Gražinytė-Tyla est subtile dans cette partition qui commence par un Maestoso en 2/2, presque timide. Le rythme caractéristique du mouvement est donné aux violons, pianissimo, qui jouent avec une légèreté que ne renierait pas le Gewandhaus. Mais dès que le thème s'élève aux violoncelles après l'appel des cors, on a une rupture de ton brutale, avec un fortissimo tonitruant. Et tout ce mouvement sera construit sur une balance entre passages apaisés piano, et tutti brutaux, vigoureux. L'équilibre des plans sonores s'apprécie donc davantage dans la nuances piano où le travail de la cheffe se ressent de façon plus perceptible, là où son alacrité dans les tutti peut parfois rendre la chose un peu opaque. Et pourtant, cela laisse aussi la place à des moments de majesté, comme la réexposition du fameux premier thème dans la coda où le phrasé des cordes est admirable. Et ce pupitre continue à s'illustrer dans l'Adagio, où l'on apprécie l'élégante battue de la cheffe. Toujours d'une précision extrême avec sa baguette, mais qui ici communique encore davantage avec sa main gauche. Le vibrato des violoncelle et des contrebasses, accentue le galbe d'un phrasé divin, où l'on savoure la délicatesse de la musique, dans la lenteur. La petite harmonie quant à elle, surtout le hautbois d'Anne-Marie Gay, illumine ce mouvement doux, aux lumières tamisées. Le public ne s'y trompant pas en applaudissant spontanément à l'issu de ce deuxième mouvement. Et quel contraste avec ce Scherzo nerveux. Une fois de plus, les cordes sont légères, avec des coups d'archet très contrôlés. Mais en dehors des cordes, que de nervosité et de sauvagerie, où les bois s'en donnent à cœur joie, dans une pyrotechnie de couleurs. Les cordes graves ici battent la mesure admirablement bien, avec poids, et accentuent l'intensité de l'ensemble. Le trio, en revanche, calme l'atmosphère de façon brève, avec un joli motif aux cors. Le Finale enfin, est joyeux et impressionnant, tout en demeurant équilibré. La cheffe sourit alors avec gourmandise devant la qualité du son de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, notamment celui des puissants trombones dans la coda, qui fait un rappel salvateur au premier thème du premier mouvement. Une interprétation pleine d'énergie et de contrastes, d'une symphonie qu'on aimerait entendre davantage en concert !
Concert disponible à l'écoute pendant un mois sur le site de Radio France
Lili Boulanger Psaume 24 Romualdas Gražinis Sutartine Anton Bruckner Psaume 150 Symphonie n°6 en la majeur Orchestre Philharmonique de Radio France Chœur de Radio France Mirga Gražinytė-Tyla , direction Lionel Sow , chef de chœur Mary Elizabeth Williams , soprano |
⏰ Bien commencer la journée avec Bruckner : @PhilharRF et Mirga Gražinytė-Tyla maintenant disponible en intégralité @ARTEconcertFR #PhilharmonieLive https://t.co/kMzGZez70v pic.twitter.com/LoGQ2oiZxW
— Philharmonie de Paris (@philharmonie) May 2, 2024
Excellent concert du @PhilharRF ce soir à la @philharmonie ! Magnifique Bruckner, Psaume 150 et surtout, une robuste Symphonie n°6. Quelle élégante battue et quelle hardiesse dans la gestion de la masse orchestrale. pic.twitter.com/S9p0Yt06FZ
— Andika (@Nyantho) April 26, 2024
🎶 Bravo @PhilharRF & @ChoeurRF conducted by #MirgaGražinytėTyla with #soprano #MaryElizabethWilliams for this wonderful #concert at @philharmonie de #Paris ! 👏👏👏
— Helene M.A. (@helene_mahln) April 26, 2024
🎼 #LiliBoulanger
🎼 #RomualdasGražinis
🎼 #Bruckner #Symphony6
📷 @helene_mahln - 2024 apr.26#ClassicalMusic pic.twitter.com/lEf1v4Llym
Ce soir, sous la direction de la cheffe lituanienne 🇱🇹 Mirga Gražinytė-Tyla, l'Orchestre philharmonique de Radio France 🇫🇷 met en lumière Bruckner. 👏🏻 pic.twitter.com/qWqvVktcGS
— Andreï VAITOVICH (@andreivaitovich) April 26, 2024
Un Bruckner aérien et rayonnant. Pari tenu et réussi par @PhilharRF et Mirga Grazinyte-Tyla. Bravo 👍👏👏👏 @philharmonie pic.twitter.com/Hs9kpEuas1
— Florian Dintilhac (@flodintilhac) April 26, 2024
Bruckner 6 / Mirga Gražinytė-Tyla
L'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de la cheffe lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla, dans un programme où Bruckner se taille la part du lion.
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-symphonique/26197-bruckner-6-mirga-grazinyte-tyla