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Publié par andika

En cette saison d'automne 2023, l'Orchestre Philharmonique de Radio France est prolifique, avec pas moins de trois concerts prévus pour le week-end du 8 au 10 décembre à l'auditorium de la Maison de la Radio. Pour le premier d'entre eux, au jour standard du Philhar', à savoir le vendredi soir, était au programme deux oeuvres d'Elgar. Compositeur britannique peu joué en France, mais immanquable pour qui s'intéresse un peu aux BBC Proms de l'autre côté de la Manche, avec tout d'abord Harmony Music n°2 pour quintette à vent, puis son Concerto pour violoncelle, interprété pour l'occasion par Nicolas Alstaedt. En deuxième partie, la ténébreuse Symphonie n°5 de Tchaikovski. L'Orchestre Philharmonique de Radio France était dirigé pour l'occasion par la chef d'origine australienne, Simone Young.

Simone Young sur le poster officiel du concert du Philhar'

Harmony Music n°2 est une oeuvre de jeunesse d'Edward Ellgar, composée quand il avait 20 ans. Le compositeur produisait ses partitions afin de pouvoir jouer avec ses amis, avec leurs instruments préférentiels. D'où cette formation inhabituelle de quintette avec deux flûtes, un hautbois, une clarinette et un basson. Et les musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Radio France s'en donnent à coeur joie. Magalie Mosnier et Michel Rousseau à la flûte, Jérôme Guichard au hautbois, Victor Bourhis à la clarinette et Julien Hardy au basson, chacun debout, joue ce morceau léger et enjoué avec agilité et plaisir, mettent en valeur ce pupitre de bois merveilleux du Philhar'.

Après une oeuvre de jeunesse d'Elgar, sa dernière grande oeuvre pour orchestre avec son Concerto pour violoncelle de 1919. Crée peu de temps après la fin de la Première guerre mondiale, ce qui explique peut-être sa tonalité sombre de mi mineur. Nicolas Alstaedt arrive sur scène accompagné de Simone Young. Le violoncelliste porte une tenue noire, ample, ne laissant pas deviner sa silhouette. Mais étrangement, dans sa posture se dégage une gravitas assez magnétique. Dès le début du concerto, sur le récitatif du violoncelle noté, dans dans la première partie du premier mouvement Adagio, il captive par sa gravité et son sérieux. Les nuances sont soignées, le son est propre et le vibrato de toute beauté. Dans la partie Moderato, Simone Young accompagne le soliste avec finesse et précision, veillant à lui laisser assez d'espace. L'équilibre des plans sonores est admirable. Le solo à effet de guitare du violoncelliste qui ponctue ce mouvement est fabuleux d'inventivité et de virtuosité de la part de Nicolas Alstaedt, avant que le dialogue avec les vents de l'Allegro ne fasse merveille. Le  lyrisme de l'Adagio qui suit est mis en valeur par la transparence des cordes avant une vaste dernier mouvement, intense et sérieux. La battue de Simone Young n'est jamais prise en défaut. Dans ce mouvement en forme de Rondo, la chef est toujours avec ses musiciens, donne chaque départ, et ne relâche jamais l'intensité. Une interprétation maitrisée et plaisante. En bis, le 2ème mouvement de la Sonate en do majeur de Jean-Baptiste Barrière (1707-1747), compositeur baroque français, joué en duo avec Adrien Bellom, violoncelliste solo du Philhar'.

Après l'entracte, on quitte Elgar pour Tchaikovski avec sa Symphonie n°5. Dix ans après la Symphonie n°4, il est toujours question de fatum en 1888, ce destin tragique inévitable. Symphonie accueillie tièdement par la presse à sa création à Saint-Petersbourg, elle trouvera davantage de succès à Hambourg en 1889, Brahms se déplaçant d'ailleurs pour l'entendre. Dans l'interprétation de Simone Young, on entend d'emblée une grande application, un grand soin amené dans chaque intention pour traduire fidèlement le sens de cette musique qui oscille entre le lugubre et l'énergie. Avec ce thème de la Providence qui revient de façon cyclique dans les quatre mouvements. Tout d'abord comme un petit choral aux bois dans l'introduction, vrombissant aux cuivres dans le deuxième mouvement, en majeur dans le finale. Et à chaque fois, Simone Young dose le son avec méticulosité, et ménage la progression dramatique, comme si on était à l'opéra (qui n'est jamais loin quand on songe à ce compositeur). Le calme de l'Andante (II)  plein de vibrato, contraste avec la valse de l'Allegro moderato (III),véhémente, avec une battue régulière tout en gardant un tension constante, avant un final où le thème principal revient avec force et vigueur. Le son est pur, équilibré, direct. Sans aller trop dans une joie caricaturale ou au contraire un pathos appuyé, Simone Young révèle quelque chose de plus âpre, notamment dans la sonorité ds cuivres. Une interprétation  de haute tenue, pour un Symphonie envoutante.

Concert disponible à l'écoute pendant un mois que le site de Radio France

Programme du concert du 8 décembre 2023 à Radio France
EDWARD ELGAR
Harmony Music no 2
Concerto pour violoncelle en mi mineur, op.85


PIOTR ILYITCH TCHAÏKOVSKI
Symphonie no 5 en mi mineur, op. 64

NICOLAS ALTSTAEDT violoncelle
MAGALI MOSNIER flûte
MICHEL ROUSSEAU flûte
JÉRÔME GUICHARD hautbois
VICTOR BOURHIS clarinette
JULIEN HARDY basson
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
SIMONE YOUNG direction

 

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