Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Publié par andika

L'été se poursuit et les concerts continuent. La canicule est passée, le Tour de France s'achève à Paris en ce dimanche 28 juillet 2019. Mais un événement en particulier a retenu notre attention. Un récital pour piano à l'église protestante unie du Saint-Esprit donné par la pianiste Da-Hee Kim. Mais ce n'est pas que la perspective d'entendre du piano qui nous enchante. C'est aussi la possibilité offerte de découvrir des compositeurs qu'on fréquente rarement, d'explorer le répertoire avec au programme Clementi, connu pour son duel musical avec Mozart. Ajoutons à cela Granados, Lutoslawski. Sans oublier des célébrités que sont Schumann, Ravel et Debussy. Programme riche qui suscite une immense curiosité.

L'église protestante unie du Saint Esprit est un lieu imposant, majestueux. Avec ses bancs bien alignés, sa boiserie magnifique, ce volume conséquent et ordonné qui impressionne. Derrière l'hôtel est affichée la phrase suivante "Gloire à Dieu dans l’Église en Jésus Christ" Mais cette fois-ci, il ne s'agissait pas de Dieu, mais de musique. Et pourtant, la notion de gloire n'était pas si loin. Da-Hee Kim fait alors irruption, toute de noire vêtue et s'installe au piano demi queue disposé dans l'église et se lance dans la Sonate de en si bémol majeur de Clementi. Immédiatement, le thème du premier mouvement noté Allegro con brio pétille dans les mains de la pianiste. Il rappelle immanquablement le thème de l'ouverture de la Flûte enchantée. Et la maîtrise de Da-Hee Kim est effectivement un véritable enchantement. L'Andante qui suit, sur un ton plus grave lui permet faire montre de toute sa rigueur et de son autorité avant de conclure sur un Rondo d'une clarté inaltérable malgré son rythme endiablé. Une fantastique entrée en matière avec une œuvre assez méconnue. L'Étude pour les quartes de Debussy permet de voir à l’œuvre une technique assurée et bien qu'il s'agisse d'une étude, le discours musical y est en tout point captivant. L'Étude n°1 en Do majeur de Lutosławski est une œuvre spectaculaire. La pianiste y est solaire, claire, maniant la tension avec une grande pertinence et articulant son discours avec précision et virtuosité, sans pour autant se perdre dans de effets inutiles. Tant de sobriété couplée à une telle qualité de jeu impressionne. La transition est toute trouvée vers les extraits du Tombeau de Couperin de Ravel. Dans le menuet, la progression dynamique du discours ne laisse place à aucun hasard dans l'interprétation de la musicienne tandis qu'un déluge de note apparaît dans la Toccata. Et pourtant, chaque difficulté est prise ici comme une bagatelle, les mains se croisent constamment et il ne ressort des doigts de la pianiste que la luminosité de cette musique. Arrive maintenant le grand moment avec Schumann et ses Fantasiestücke. Comme cette œuvre est présentée en allemand dans le programme, la pianiste nous tient un petit propos liminaire afin de nous la présenter avant de la jouer. Huit parties, et notamment la 5ème, intitulée In der Nacht (dans la nuit), qui est censée représenter l'histoire d'Héro et Léandre. Héro prêtresse d'Aphrodite et Léandre, son soupirant qui lui rend visite chaque nuit. Un soir, il s’égare et lorsque la mer rejette son corps le lendemain, Héro se suicide. Au cours de ces huit parties, la pianiste nous fait véritablement entrer dans un tunnel qui permet d’être réceptif à ce que la musique raconte. Le jeu n'oublie jamais la narration, en alternant les passages brillants, fantaisistes et espiègles avec davantage de gravité. Une noblesse se dégage de cette musique bien représentative du romantisme, et des émotions inhérentes à ce courant. Après ce moment suspendu, il est déjà temps de conclure avec El Pelele de Granados. Une musique très mélodique avec un thème qui revient constamment métamorphosé, et à chaque retour, la pianiste parvient à mettre l'accent sur un élément intéressant. Une note de joie pour terminer. Mais se quitter sans un bis à ce moment serait vraiment dommage. C'est alors que le public est tout heureux de voir Da-Hee Kim pour donner un petit supplément. Il s'agit d'une fugue de son cru intitulé Come to join us to Sing. Nous pension être venus écouter une pianiste et nous découvrons une compositrice qui s'exprime dans une forme, la fugue, qui décidément, ne sera jamais démodée ! Da-Hee Kim, retenez bien ce nom, c'est une pianiste à suivre !

Programme du Récital du 28 juillet 2019
Muzio Clementi Sonate en Si bémol Majeur op.24 N°2
Claude Debussy Étude pour les quartes
Witold Lutosławski Étude n°1 en Do Majeur
Maurice Ravel Menuet et Toccata (extraits du Tombeau de Couperin)
Robert Schumann Fantasiestücke op. 12
Enrique Granados El Pelele
Da-Hee Kim Piano

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article