Les Olympiades: 13ème arrondissement mon amour
Les Olympiades est le nouveau film de Jacques Audiard et comme son nom l'indique, il se déroule dans le quartier des Olympiades, situé dans le 13ème arrondissement de Paris. Arrondissement populaire, encore à peu près accessible au niveau immobilier comparé à d'autres endroits de la capitale. Quartier cosmopolite, avec le centre Tolbiac de Paris I, la Bibliothèque François Mitterrand, l'Inalco. Pas loin non plus de la Porte de Choisy et du quartier chinois. L'avenue de France et ses commerces dans une architecture relativement moderne. Quartier jeune, vivant, vivifiant, limitrophe d'Ivry sur Seine et du Val de Marne qui se situe en amont de la Seine. Comme vous l'aurez compris, il s'agit d'un quartier cher à l'auteur de ces lignes, lui qui a grandi à proximité.
Mais de quoi ça parle Les Olympiades ? C'est l'histoire de trois trentenaires un peu paumés dans leurs vies respectives. A notre époque, le schéma classique du mariage, du pavillon avec jardin, un chien et deux enfants, a un peu vécu. Et même s'il existe encore, ce n'est plus forcément la norme à trente ans. Cedric Klapisch dans Deux Moi avait déjà offert une version de ce que signifiait avoir cet âge de nos jours. Jacques Audiard, accompagné par Céline Sciamma et Léa Mysius en livre une autre pleine de charme, d'amour, de chair, de substance et de bienveillance. Nos trentenaires se cherchent, se trouvent mais ont un peu du mal à s'engager. Emilie, diplômée de sciences po occupe pourtant un petit boulot de conseillère clientèle dans une boite impersonnelle, tout en résidant dans l'appartement laissé vacant par sa grand-mère placée en EPHAD. Elle rencontre Camille qui devient son colocataire. Il est grand, il est beau, intelligent, éloquent. Professeur de lettres au lycée Fernand Léger d'Ivry sur Seine, l'emplacement de l'appartement d'Emilie est parfait pour lui afin d'aller à son boulot. Un peu désabusé par l'éducation nationale, il souhaite pourtant passer son agrégation de lettres modernes. Enfin, Nora, montée à Paris depuis Bordeaux, est en reprise d'études à la facilité de droit de Paris 1, au centre Tolbiac.
Soulignons d'abord la munificence de ce casting avec des comédiens investis dans leurs personnages. Tout d'abord Lucie Zhang en Emilie décomplexée et complexe. Petite chipie immature et parfois insupportable par son égoïsme, mais aussi tellement drôle et attachante. Et belle. Makita Samba en Camille au charme irrésistible, avec un charisme, et une présence qui ne laissent absolument pas indifférent. De sorte que ce personnage chope tout ce qui bouge à l'écran dans ce film. Comme quoi, il ne faut pas forcément être Louis Garrel pour jouer ce genre de rôle. Caster un acteur noir ici, dans le rôle d'un homme bien inséré professionnellement, plutôt classé dans la bourgeoisie et qui a tout pour lui, sans pour autant être une star, un sportif ou un dealer, est un choix excellent qui renforce l'impact de ce film. Les Olympiades, c'est très cosmopolite et ne ressemble pas aux 7ème ou au 8ème arrondissement. Enfin, Noémie Merlant, égale à elle-même en Nora. Fragile, vulnérable, ayant peu confiance en elle mais ayant également une force intérieure lui permettant de surmonter ses failles.
L'écriture de ces personnages permet de nous les rendre adorables. Même lorsqu'il y a des tensions ou des désaccords, il ne s'agit que de choses de la vie. Personne n'est méchant, personne n'est parfait mais tout le monde est vrai. Camille en annonçant clairement qu'il ne souhaite pas s'engager. Emilie en posant ses conditions. Nora en s'émancipant au final. Les relations se nouent et se dénouent comme des fils fragiles, là où l'amour, le vrai, lui, se construit lentement sur des bases solides. Et lorsque le "Je t'aime" fatidique arrive enfin dans le film, c'est par le truchement d'un appareil banal, mais ô combien symbolique dans cette scène finale, qui lui vaudra d'ailleurs un lent zoom avant que l'écran ne devienne noir.
Côté réalisation, le choix fort du noir et blanc est une trouvaille qui permet de s'immerger efficacement dans le film. Le décor urbain connu devient alors le terrain de jeu du metteur en scène où il peut déployer son cinéma, avec une caméra dynamique qui prête attention à certains détails. Une main qu'on essaye de prendre, un plaisir qu'on décèle sur le visage. Les scènes d'ébats sont ainsi intimistes, bien que explicites, elles n'ont rien de vulgaire et présentent à chaque fois des enjeux dramatiques qui permettent de voir ce que ressentent les personnages.
Les Olympiades, c'est un film bien écrit et bien réalisé, qui donne surtout envie d'aimer et d'être aimé. Et bien entendu, dans le 13ème arrondissement de Paris.
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021Paris 13e, quartier des Olympiades. Emilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin de Amber. Troi...
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