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Publié par andika

En cette fin d'année 2023, l'ultime pièce de de Molière, est revisitée en Ile de France. Par la Comédie française au Théâtre des Champs Elysées, mais aussi récemment, par la Compagnie Cyclone qu'on suit ici maintenant depuis près de trois ans. Et pour ce spectacle, elle était de retour à Levallois, après une mémorable pièce au sujet d'Olympe de Gouge. Philippe Penguy, à la mise en scène, et également acteur, dans le rôle d'Argan, revisite la pièce avec vigueur, originalité et enthousiasme.

 

Devant cette proposition du Malade imaginaire, on est immédiatement conquis. Tout d'abord par la facture assez classique et sobre de la mise en scène, qui représente principalement la chambre d'Argan, où il trône au milieu, sur son fauteuil, portant sa robe de chambre et son légendaire bonnet. Philippe Penguy tient ce rôle de façon très solide et convaincante, avec le dosage parfait d'autorité  envers sa fille et sa servante, et de soumission envers les médecins. Les costumes ne sont pas en décalage avec l'époque de rédaction de la pièce, à savoir le 17ème siècle. Et pourtant, malgré cette approche visuelle somme toute assez classique, on ne peut s'empêcher de voir des aspects assez modernes. Ou plutôt, on se dit que beaucoup de choses ne changent pas au cour de temps.

Ainsi, le rapport au pouvoir est le point central du parti pris du metteur en scène. Le pouvoir d'Argan sur sa fille Angélique, qu'il veut marier à un médecin. Le pouvoir des médecins sur Aargan, hypocondriaque devant l'éternel qui ne peut se passer de ses clystères. 

Mais c'est aussi les conventions sociales qui demeurent les mêmes. L'idée du mariage comme étape obligée. Mais aussi l'idée de trouver un bon parti plutôt qu'un personne qu'on aime. Et même si le métier de médecin est mal vu dans la pièce, on peut dire encore aujourd'hui que cela peut encore motiver quelques unions. 

En outre, on constate également que des comédiens jouent plusieurs rôles. Et ils parviennent à incarner les différents personnage avec grand talent, avec un jeu de corps et de posture assez remarquable. Notamment Aurélien Saget qui interprète un Cléante très attachant, un Thomas Diafoirus semi débile et pervers , un notaire à la botte de Béline, et enfin un Monsieur Purgon tyrannique. Utiliser un seul acteur oblige d'ailleurs à certaines adaptations de la pièce qui se font de façon très naturelles.

La mise en scène de Philippe Penguy très efficace, permet de comprendre les situations très vite, sans avoir besoin des dialogues. Les alliances, les désirs de chacun. Le rythme est soutenu, et les moments de comédie ne manquent jamais de provoquer le rire. Mais également, les moments un peu plus calmes, où l'émotion doit venir. Ainsi Agnès Valntin en Toinette ne manque jamais d'être la voix de la raison pour Angélique, superbe Camille Tavitian, qui charrie toute la dramaturgie de la pièce (amours contrariés, ses tourments mais surtout, la scène (Acte 3, scène 20) où elle pense son père mort. On sait que c'est pour de faux et pourtant, on a envie de pleurer avec elle.) 

Enfin, assez étrangement, cette satire de la médecine résonne de façon étrangement actuelle. Après la pandémie de Covid 19, nous avons tous vu à la télévision des scènes qui n'auraient pas fait tâche dans cette pièce !

Une pièce ainsi qui ne vieillit pas, surtout quand elle est reprise avec autant d'enthousiasme et d'originalité.

Le Malade imaginaire de Molière, représentation du 14/12/2023 à Levallois
Mise en scène: Philippe Penguy. Distribution : Agnès Valentin, Auélien Saget, Camille Tavitian, Philippe Penguy, Claude Gisbert, Emilie Jourdan,.

 

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