L'Art de la Fugue par Célimène Daudet à Radio France
Un dimanche après-midi d'automne, était programmé au grand auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique, un concert de la pianiste, Célimène Daudet avec une seule oeuvre au programme: L'Art de la fugue de Bach. Pour unique qu'elle soit, cette oeuvre suffit amplement pour un récital de piano tant elle recèle de profondeur et de mystères. Pas spécifiquement destinée à un seul instrument, elle s'épanouit aussi bien au piano qu'à l'orgue, ou même pour un ensemble. De plus, Bach laissera cette partition inachevée au moment où dans une fugue, il faisait apparaitre sa signature, pour offrir la suite à l'histoire, et à toutes les conjectures possibles.
Contrairement au Clavier bien tempéré, autre corpus où Bach démontre son don pour la composition de fugues, dans l'Art de la fugue, on a un sujet principal unique. On reste constamment en ré mineur. Et pourtant, l'exercice de la fugue est sans cesse renouvelé. On se sent pas de répétition ou de redondance. Et dans son approche, Célimène Daudet commence avec patience et calme dans le premier contrepoint afin d'installer les enjeux, prendre possession du sujet de la fugue, construire sa polyphonie. Pour peu à peu, mettre ici davantage d'accents et de caractère, marquer davantage les rythmes, faire un usage sublime de la pédale ajouter des ornementations. Plus la forme de la musique s'enrichit, plus le jeu de la pianiste s'épanouit. Notamment dans la complexité exquise du Canon alla Decima in Contrapundo alla Terza, ou dans la fragmentation du sujet dans le Contrepoint VII.
Dans cette oeuvre, la musique se métamorphose constamment, on apprécie d'entendre de la part de la pianiste un ensemble cohérent, une unité, avec toutefois des variations selon le caractère de la musique. Le jeu plutôt legato permet de construire un fil rouge tout le long de ce tunnel de musique. Sans toutefois aucun débordement romantique. Au contraire, cette interprétation est le plus souvent dépouillée et garde l'essentiel et fait disparaitre l'accessoire afin de toujours captiver l'auditeur d'un auditorium très bien garni pour un dimanche après-midi de novembre 2023.
Interprétation généreuse et habitée pour cette expérience sensorielle et spirituelle. Malgré la longueur de l'oeuvre, on est étonné quand sa fin arrive au Contrepoint XIV, où le sujet sur le nom de BACH fait son apparition avec majesté. Car oui, on aurait aimé que cette musique continue longtemps, sous les doigts magique de Célimène Daudet.
Concert disponible à l'écoute pendant un mois sur le site de Radio France
JOHANN SEBASTIAN BACH L’Art de la fugue CÉLIMÈNE DAUDET piano |
Magnifique moment aujourd’hui à l’auditorium de la @Maisondelaradio avec la merveilleuse @CelimeneD interprétant de façon exquise, l’Art de la fugue de Bach au piano. pic.twitter.com/YR8qV0JMSH
— Andika (@Nyantho) November 12, 2023
Voici, autant qu'un monument de l'histoire de la musique - mais y a-t-il autre chose chez Johann Sebastian Bach? - un monument de l'esprit.
https://www.maisondelaradioetdelamusique.fr/evenement/recital/bach-lart-de-la-fugue-celimene-daudet