A propos de la 7ème de Chostakovitch
Souvent sur ce blog, j'écris d'une façon un peu distante. Je me mets dans les souliers d'un critique, j'emploie la troisième personne et j'écris des papiers passe partout. Pour parler de ce concert du 11 mai dernier, je vais employer une autre démarche. Plus personnelle. Il est assez rare que j'attende deux mois pour relater un concert auquel j'ai assisté. Et comme cela fait près de deux mois, ma réaction n'est pas du tout à chaud et par conséquent, je me permets d'écrire différemment.
Je me souviens que ce jour-là, j'étais assez fatigué. Et qu'arrivé au soir, je ne suis pas totalement entré dans le concert. Et pourtant, je l'attendais ce concert. La saison précédente, la 7ème de Chostakovitch avait été programmée à l'Orchestre de Paris, mais Klaus Mälelä souffrant, avait dû annuler. Il avait été remplacé par Daniel Harding et la symphonie de Chostakovitch avait été enlevée du programme. J'avais réussi à obtenir le remboursement de mon billet. Je jetai mon dévolu sur un autre concert de la même saison qui proposait cette symphonie. L'Orchestre de Munich avec Valery Gergiev à la direction. Mais le chef ossète maintenant sous sanctions internationales du fait de sa proximité jamais cachée avec Vladimir Poutine, a dû annuler sa venue. Il a été remplacé par Daniele Gatti, qui a également enlevé la 7ème du programme pour jouer à la place la 5ème ! Cette fois-ci, je n'ai pas annulé ma venue. C'était un vrai cas de force majeur, et j'aurais trouvé indécent de demander un remboursement au vu des circonstances. Et puis, j'avais toujours du Chostakovitch, ainsi qu'une symphonie de Mozart en bonus que je rêvais d'entendre au concert. Cependant, cette récurrence à manquer la 7ème de Chostakovitch était étonnante. Il s'agissait bien entendu de coïncidences, mais quand même, je me sentais un peu maudit.
J'ai commencé à sérieusement écouter la musique de Chostakovitch il y a quelques années déjà, j'ai même lu une biographie écrite par le polonais Krzysztof Meyer, et pour faire bonne mesure, j'ai lu sa correspondance avec son ami Glikman. Et j'avais enfin concrétisé mon désir d'entendre sa 7ème à la Philharmonie en novembre 2017. J'avais été fasciné par cette œuvre, composée dans la rigueur du siège de Leningrad entre 1941 et 1942, son caractère épique, cri de ralliement face à l'Allemagne Nazie. Je trouvais cette œuvre mythique. Même si j'entendais déjà les réserves musicologiques à son encontre. Tantôt les longueurs, tantôt le peu d'intérêt de son écriture. Toutes ces critiques glissaient sur moi, jusqu'à ce fameux funeste concert de mai 2023.
Le premier mouvement commence sur cette grande phrase épique en do majeur. Le début est grandiloquent et enthousiaste. Klaus Mälelä semblait avoir beaucoup d'énergie à revendre, mais rapidement, j'ai été troublé parce que je ne voyais pas bien le musicien qui jouait de la caisse claire. Et en plus de ne pas le voir, au niveau sonore, il était discret. La progression dynamique était étrange et moi, je n'y étais pas. Le deuxième mouvement m'a bien plus touché, notamment le solo de haut bois. Mais tellement de longueurs. J'ai rarement trouvé le temps aussi long. J'entrais dans un tunnel à chaque fois entre deux passages que j'aimais bien. Malgré la dramaturgie du troisième mouvement, et la vélocité du final, qui déployait une énergie impressionnante, moi, je n'étais pas galvanisé.
Toutefois, dans la première partie, j'avais trouvé Beatrice Rana excellente dans la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov. Son jeu est espiègle et enjoué. Très clair dans les aigus et plein de couleurs. J'étais heureux d'enfin l'entendre après des années à la manquer.
La critique a globalement apprécié ce concert de l'Orchestre de Paris, mais moi, je dois vous avouer que je suis passé totalement à côté au vu des circonstances. Donc voilà, étant assez occupé, j'ai parfois du mal à tout mener de front. Progresser aux échecs, lire, écrire, jouer de la musique et j'en passe (notamment travailler pour gagner ma vie) ! Et c'est ainsi peux également aussi passer un peu à côté d'un concert, pour lequel j'avais pourtant de grandes attentes.
Serge Rachmaninoff Rhapsodie sur un thème de Paganini Dmitri Chostakovitch Symphonie n° 7 « Leningrad » Orchestre de Paris Klaus Mäkelä , direction Beatrice Rana , piano |
Symphonie n°7 de Chostakovitch où j’ai pu apprécier mes moments préférés en salle. Mais loin de mon enthousiasme juvénile de 2017, ce soir j’ai entendu pourquoi tant de monde pointait les limites de cette partition. On pourrait en couper le quart. Mais vraiment… pic.twitter.com/MmSRqBLgCj
— Andika (@Nyantho) May 11, 2023
Enfin j’entends @BeatriceRana en concert et je n’ai pas été déçu du voyage ! Quelle puissance et quelle virtuosité dans cette Rhapsodie sur un thème de Pganini de Rachmaninov ! @klausmakela transpire l’élégance et la précision à la tête de @OrchestreParis ! pic.twitter.com/eOr5gSlBDF
— Andika (@Nyantho) May 11, 2023
Orchestre de Paris / Klaus Mäkelä
Grisante et poignante soirée russe avec la Rhapsodie de Rachmaninoff confiée aux doigts incandescents de Beatrice Rana, et le monument de force, de tragédie et d'ambiguïté que constitue, chez ...
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-symphonique/23874-orchestre-de-paris-klaus-makela