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Publié par andika

Andrés Orozco-Estrada a remplacé au pied levé Mikko Franck à la Philharmonie de Paris le vendredi 20 mai dernier à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, dans un programme appétissant. Tout d'abord, la création française du Concerto pour violoncelle du célèbre compositeur de musique de film américain, Danny Elfman, présent dans la salle. Et pour honorer cette commande du Philhar', le soliste au violoncelle était Gautier Capuçon, inspirateur du compositeur. En deuxième partie, après l'entracte, la célèbre Symphonie n°5 de Gustav Mahler.

Poster officiel du concert

Danny Elfman, bien que né au 20ème siècle, croit toujours en la tonalité et en la mélodie dans la musique. Et à l'écoute des différentes bandes originales qu'il a composées, en passant de Batman à Spiderman, d'Edward aux mains d'argent à Desperate Housewives, on se rend compte qu'il dit vrai, et qu'il produit des thèmes marquants et plaisants. Dans son Concerto pour violoncelle, la structure choisie s'inspire de celle du Concerto pour violon n°1 de Chostakovitch qui le fascine. Le premier mouvement commence avec un glissando mystérieux aux cordes, dans le registre grave. On sent poindre déjà la finesse de l'orchestration, les cuivres sont sobres, le fondu obtenu par le chef est limpide avant que Gautier Capuçon n'intervienne en soliste. Ce dernier a un jeu chantant, mélodieux. Son son dense et précis est animé d'un phrasé fluide, lui qui suit la partition sur sa tablette. Le soliste reprend le glissando initial avant qu'un dialogue passionnant ne s'instaure entre lui et l'orchestre. Le deuxième mouvement est tendu. Le rythme syncopé agite l'atmosphère et le dialogue entre le soliste et l'orchestre se fait plus intense. Le chef Orozco-Estrada demeure extrêmement rigoureux sur la mesure, donnant de nombreux départs, prenant soin à la précision et la netteté des attaques, et montrant enfin une parfaite maîtrise de cette partition inédite. Le troisième mouvement donne l'impression d'être un Adagio. La mélodie des cordes pianissimo emplit l'atmosphère, et rappelle l'Adagietto de la cinquième de Mahler dans la mesure où les cordes y sont également les seules à intervenir. Avant qu'ici, les cuivres n'entrent de façon majestueuse et subtile pour aboutir à une libération, et déboucher sur un finale allegro, enjoué, et virtuose, surtout du côté du soliste, qui est phénoménal de bout en bout, au service de cette partition qui mérite de tourner dans les salles de concert.

La Symphonie n°5 de Mahler a été composée durant les étés 1901 et 1902, puis dédiée à Alma, la femme que le compositeur venait d'épouser. Créée par la suite en 1904, revissée jusqu'en 1909, elle est par la suite passée à la postérité grâce à son usage dans le film Mort à Venise. Dans le premier mouvement qui est une marche funèbre, Andrés Orozco-Estrada instaure une ambiance lourde. Le phrasé est expressif, les attaques agressives et méchantes, les couleurs de l'Orchestre Philharmonique de Radio France interpellent l'oreille. La fanfare des quatre trompettes effraie. Mais dans cette ambiance dure, l'équilibre des plans sonores impressionne. L'acidité des timbres est renforcée par un pupitre de cordes intense. La seule accalmie intervient à la fin du mouvement, lorsqu'un des thème du deuxième mouvement est esquissé. Ce deuxième mouvement noté Tourmenté et agité, commence de manière tonitruante. Le chef obtient encore un richesse de couleurs tout en employant un ton colérique et orageux. Sans jamais pourtant perdre en précision. L'ambiance s'éclaircit dans le troisième mouvement noté Scherzo. Le chef danse sur son pupitre, en dirigeant ces ländler et ces valses joyeuses. Ralentissement habilement le tempo lors du trio. Le cor solo brille et sert de socle à tout l'orchestre lors de ce mouvement festif. Le fameux Adagietto est un moment de félicité. Le douceur des cordes du Philhar' réchauffe la grande salle de la philharmonie. Un océan de beauté se déploie. Le Rondo final renoue quant à lui avec l'ambiance festive et lumineuse du scherzo. Les couleurs de la petite harmonie sont très plaisantes, et enfin, le chef met bien en relief les quelques passages fugués. Une interprétation joyeuse, rude, riche, jamais relâchée, bien au contraire, l'intensité est constante et les idées nombreuses. Andrés Orozco-Estrada a remplacé Mikko Franck avec personnalité et caractère dans deux œuvres exigeantes, parvenant ainsi, à faire briller de mille feux, l'Orchestre Philharmonique de Radio France.

Concert disponible à l'écoute sur France Musique

Programme du concert du 20 mai 2021 à la Philharmonie
DANNY ELFMAN
Concerto pour violoncelle (commande de Radio France/Orchestre symphonique de San Francisco/ Konzerthaus de Vienne, création française)

GUSTAV MAHLER
Symphonie n° 5

GAUTIER CAPUÇON violoncelle
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
ANDRÉS OROZCO-ESTRADA
 direction
 

 

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