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Publié par andika

La musique française est vraiment mise à l'honneur cette saison au sein des formations musicales de Radio France. Et le programme du concert  de l'Orchestre Philharmonique de Radio France du vendredi 1er octobre le prouve une fois de plus. Sous la direction de son directeur musical Mikko Franck, il proposait d'entendre la création d'Ouverture Philharmonique d'Eric Montalbetti, puis Prélude à l'Après-midi d'un faune de Claude Debussy et enfin, l'opérette l'Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel. Adèle Charvet étant initialement prévue dans le rôle titre, cette dernière souffrante, a été remplacée par la soprano française Clara Guillon.

Eric Montalbetti : Ouverture philharmonique (création mondiale / Orchestre philharmonique de Radio France)

Eric Montalbetti est un intime de l'Orchestre Philharmonique de Radio France. Il y a en effet exercé la fonction de directeur artistique de 1996 à 2014. Et c'est une personne que l'on croise encore souvent à la Maison de la Radio et de la Musique. Parallèlement à son travail auprès de l'orchestre, il avait également une activité intense de compositeur. Mais il s'agissait d'un compositeur in petto. Ce n'est qu'en 2015 que ce dernier a commencé à rendre publique ses premières œuvres. La musique s'épanouissant mieux en public que dans un tiroir ! Ouverture philharmonique correspond à une commande du Philhar' et de l'Orchestre de Cologne. Composée en 2020, pendant la pandémie, le compositeur a tenu à lui donner une teinte positive. Davantage que dans son idée initiale. Et cette œuvre est positive dans sa manière de valoriser l'orchestre. Avec une introduction faisant intervenir progressivement tous les pupitres vers une première culmination. Les cordes, très sollicitées, tiennent les notes sur plusieurs mesures avant d'avancer dans l'harmonie avec de superbes portamentos. Les textures de l'orchestre sont mises en valeur, notamment avec des bois richement dotés. Certaines dissonances interpellent l'oreille de l'auditeur, tandis que cette admirable musique envoute la grande salle de la Philharmonie. Une très belle entrée en matière.  

Debussy : Prélude à l'après-midi d'un faune (Orchestre Philharmonique de Radio France / Mikko Franck)

Le Prélude à l'Après-midi d'un faune est un oeuvre incontournable du répertoire d'un orchestre français. Composé entre 1892 et 1894, il s'inspire d'un poème écrit par Mallarmé. Ce dernier apprécia tellement cette musique qu'il adressa quatre vers de son cru à Debussy en guise de remerciements. « Sylvain d’haleine première / Si la flûte a réussi / Ouïs toute la lumière / Qu’y soufflera Debussy. »  Dès les premières notes, le son cristallin et clair de la flûte de Magali Mosnier nous indique que cette partition est à la maison. Le premier thème brille par sa pureté, bientôt repris par le hautbois d'Hélène Devilleneuve. Mikko Franck conserve les équilibres de l'orchestre dans un tourbillon de couleurs jamais interrompu. Des cordes denses et consistantes, un ensemble cohérent, pour une figure imposée dont on ne se lassera jamais.

Ravel : L'Enfant et les Sortilèges (Jodie Devos / Clara Guillon / Chloé Briot...)

Nous nous réjouissions de retrouver Adèle Charvet sur la scène de la Grande Salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, cependant, malgré son absence, écouter l'Enfant et les Sortilèges de Maurice Ravel est toujours un plaisir. Fantaisie lyrique en deux parties, sur un livret de Colette, composée entre 1920 et 1925, cette partition est née dans des circonstances douloureuses. Ravel était encore au front près de Verdun en 1917 lorsque lui fut envoyé le livret de Colette. Livret écrit par l'auteur, en moins de huit jours, en songeant à sa jeune fille. Car comme son nom l'indique, l'Enfant et les sortilèges est une fantaisie ayant pour thème l'enfance, des meubles qui s'animent et enfin l'amour maternel. Amour maternel qui manqua tellement à Ravel au moment où il composa cette musique, sa mère devant décéder en 1916. A travers cette partition, le compositeur a peut-être trouvé un moyen de renouer avec sa mère disparue. Riche en divers styles, allant du rag time à la polka. Chant en onomatopées et autres joyeuseté, cette musique respire la vie et surtout, sert la scène à tout instant. L'histoire est simple, l'enfant ne veut pas travailler et chahute, au désarroi de sa mère qui vient lui donner son goûter, lorsque tout d'un coup, les meubles et les objets s'animent. L'enfant, turbulent, irrévérencieux, méchant, mais aussi plein d'énergie est interprété par une Chloé Briot qui n'hésite jamais à allier le geste à la parole (notamment en tirant la langue). Une diction excellente, un medium des plus adaptés au rôle et surtout, une présence de tous les instants. Le reste de la distribution interprète quant à elle plusieurs rôle, et il est plaisant de constater à quel point leurs voix changent selon le rôle chanté. En plus de la voix, l'attitude également est transfigurée. Chloé Méchain n'est pas la même entre la maman et la tasse chinoise. La voix profonde de Régis Mengus n'est pas du tout employée de la même façon entre le chat miaulant et l'horloge un peu détraquée. Jodie Devos est le feu dans ses puissantes vocalises, mais retrouve toute sa douceur en princesse. Sans oublier bien entendu Clara Guillon, Anaïl Morel, Antoine Normand et Paul Gay dans leurs rôles respectifs. Enfin, l'Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par Mikko Franck, accompagne ses chanteurs fidèlement et avec délectation, dans cette orchestration très originale de Ravel. On constate alors à quel point cet orchestre est aussi rompu à la fausse et que Mikko Franck dirige également souvent à l'opéra. L'Enfant et les Sortilège est une moment de bonheur, de pur plaisir et de légèreté

Programme du concert du vendredi 1er octobre 2021 à la Philharmonie
ERIC MONTALBETTI
Ouverture philharmonique (commande de Radio France, création mondiale)

CLAUDE DEBUSSY
Prélude à L'Après-midi d'un faune

MAURICE RAVEL
L'Enfant et les sortilèges

JODIE DEVOS soprano : le feu, la princesse, le rossignol
CLARA GUILLON soprano : la chauve-souris, la chouette, une pastourelle
CHLOÉ BRIOT mezzo-soprano : l'enfant
ANAÏK MOREL mezzo-soprano : la bergère, la chatte, l'écureuil, un pâtre
ÉLODIE MÉCHAIN contralto : maman, la tasse chinoise, la libellule
ANTOINE NORMAND ténor : la théière, le petit vieillard, la rainette
RÉGIS MENGUS baryton  : le chat, l'horloge comtoise
PAUL GAY basse : le fauteuil, l'arbre

MAÎTRISE DE RADIO FRANCE
SOFI JEANNIN
 chef de chœur
CHŒUR DE RADIO FRANCE
MARTINA BATIČ
 chef de chœur
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
MIKKO FRANCK
 direction

 

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