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Publié par andika

Le grand jour est arrivé ! Après plus de six mois de restrictions diverses, de frustrations, il est de nouveau possible d'aller au concert depuis le 19 mai 2021. Sans tarder, l'Orchestre National de France a profité de ce vent de liberté pour investir la Philharmonie de Paris le jeudi 20 mai 2021 dans un programme 100% français mêlant le Concerto pour piano n°2 de Camille Saint-Saëns à la Symphonie en ré de César Franck. A cette occasion, le nouveau directeur de la phalange parisienne, Cristian Măcelaru, faisait ses grands débuts dans la salle Pierre Boulez, le National n'y venant que rarement. Ce qui n'est pas le cas du pianiste toulousain Bertrand Chamayou qui est lui un habitué de la Grande salle, et qui ce soir était le soliste dans le concerto.

 

Le Concerto pour piano n°2, en sol mineur de Saint-Saëns a été composé en dix sept jours seulement, au printemps de 1868 en vu d'un concert avec le chef (et pianiste) Anton Rubinstein. La condition de la tenue de ce concert était la composition d'une partition inédite du compositeur qu'il interprèterait lui même au piano. Défi relevé par Saint-Saëns, également pianiste virtuose de son état. La partition étant devenu par la suite le plus célèbre des concertos pour piano du compositeur. Et pour un concert de reprise, cette œuvre est parfaitement appropriée. Pas de mouvement lent, de la virtuosité au piano, des couleurs à l'orchestre et surtout beaucoup de plaisir. Notamment dans le premier mouvement, Andante sostenutoBertrand Chamayou impressionne dès la première cadence par la clarté de son jeu. Le National, dirigé par Cristian Măcelaru, lorsqu'il répond au soliste par un puissant accord de sol mineur semble très en forme, avant que le thème ne soit introduit par le hautbois. Ce qui est notable dans l'écriture de ce mouvement, c'est le grand déploiement de virtuosité au piano que Bertrand Chamayou empoigne parfaitement. Octaves impeccables, arpègements et traits chromatiques d'une grande clarté. Le deuxième mouvement, noté Allegro scherzando, fait office de scherzo. La mesure à 6/8 amène un rythme ternaire dansant que le soliste maintient de bout en bout tandis que les deux thèmes se répondent. Le dialogue avec l'orchestre étant réglé au cordeau. Le troisième mouvement noté Presto, rappelle parfois la tarentelle. Un orchestre dynamique à pleine puissance et un pianiste toujours aussi virtuose, cette fois-ci, dans des trilles vertigineux. Malheureusement, pas de bis, l'ombre du couvre-feu planant et obligeant tout le monde à ne pas trop s'attarder dehors le soir !

La Symphonie en ré de César Franck est composée entre 1887 et 1888, époque foisonnante de la musique française où s'affirme la patte nationale dans le genre, notamment avec des partitions comme la Symphonie avec orgue de Saint-Saens de 1885, ou la Symphonie en sol mineur de Lalo en 1886. Plutôt mal reçue à sa création, la Symphonie en ré de Franck a fini par s'imposer dans le répertoire. Divisée en trois mouvements, elle est de forme cyclique, avec des thèmes qui traversent les mouvements successifs au gré des modulations incessantes des développements. Le mouvement initial, noté Lento - Allegro non troppo, s'ouvre par une introduction lente bâtie sur un thème à 4/4, sombrement interrogateur avec les cordes graves. Le son du national est riche, les attaques sont généreuses et énergiques et on se délecte des tuttis avec un pupitre de cuivres en grande forme. Les différents thèmes de ce premier mouvement sont excellement mis en valeur, et lorsqu'il reviennent dans une tonalité différente, le chef parvient toujours à faire ressentir l'originalité de la modulation présentée. Le deuxième mouvement noté Allegretto, fait office selon son auteur, d'Andante et de Scherzo, permettant alors de reconstituer la forme classique de la symphonie. C'est le moment des solistes, notamment avec ce thème du cor anglais et bien entendu cette pulsation donnée par les accords de la harpe. Laurent Decker au cor anglais et Emilie Gastaud à la harpe assurent leur partie avec une grande fiabilité. Le troisième mouvement, Allegro non troppo, enfin, récapitule l'œuvre en reprenant les thèmes des deux premiers mouvements. Mais nul sentiment de redondance, au contraire, un renouvellement continuel et une énergie à l'orchestre toujours plus grande et vivifiante. Des couleurs ravissantes et un grand sens de la théâtralité dans le retour des thèmes familiers, chantés avec grand plaisir. Cristian Măcelaru à la tête de son orchestre tire ici tout le potentiel de cette symphonie, avec une bonne humeur contagieuse.

Et l'Ouverture du Carnaval romain de Berlioz en bis n'a pas gâché la bonne impression laissée par cette soirée. Qu'il est bon d'être de retour à la Philharmonie. Qu'il est bon de retrouver l'Orchestre National de France avec son chef à l'appétit infini pour notre répertoire français. Si la crise sanitaire prend vraiment fin, tous les éléments sont réunis pour que la relation entre l'orchestre et son directeur musical soit fructueuse et continue dans la joie et la bonne humeur. Ce qui, dans ce contexte représente un événement, deviendra alors le quotidien brillant du National pour la saison 2021/2022.

Concert disponible à l'écoute sur le site de France Musique pendant un mois

Programme du concert du 20/05/21 à la Philharmonie
CAMILLE SAINT-SAËNS
Concerto pour piano et orchestre n°2

CÉSAR FRANCK
Symphonie en ré mineur 

BERTRAND CHAMAYOU piano
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU 
direction

 

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A
Robert?
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