Banzzaï: L'émission radiophonique indispensable du jeune urbain en quête de jazz
Ma vie culturelle et bien d'autres choses encore, voici la devise de mon blog. Je vous abreuve depuis des années de critiques cinéma, de comptes rendus de concerts, d'interviews, de mes impressions sur mes lectures, mais aujourd'hui, je vais un peu changer de sujet. Je vais vous parler de radio et plus spécifiquement d'une émission formidable diffusée sur France Musique du lundi au vendredi à 19h, à savoir Banzzaï.
Le média radio toujours d'actualité
En cette période de disette pour les salles de spectacle et le monde de la culture en général, il faut bien se réinventer. La radio semble être un sujet tout indiqué. Bien qu'appartenant à la génération Y, je suis un fidèle auditeur de la radio que j'écoute encore quotidiennement. Encore mieux, on voit aujourd'hui tout le potentiel du son avec l'irruption comme des champignons de podcasts natifs. Rien de tel dans les transports, ou pour un footing, ou même au boulot. On peut s'informer, se distraire, se détendre grâce au son.
Mais mon histoire avec la radio commence à l'enfance lorsque ma mère m'accompagnait le matin à l'école en voiture. Je me régalais des imitations de Laurent Gerra dans la matinale d'Europe 1 (station que j'ai depuis plus ou moins abandonnée.)
En grandissant, on s'émancipe des goût parentaux et on découvre ses propres émissions favorites. Difool sur Skyrock pour faire l'éducation, On refait le match sur RTL pour le dingue de foot que je suis, et puis bien entendu, les matinales pour bien émerger au réveil. D'abord RTL pour retrouver le transfuge Laurent Gerra, avant d'opter pour celle de France Inter tant nos enseignants nous disent que celle-ci est indispensable si on veut devenir maître du monde.
Mais je m'éloigne du sujet. Nous parlons de France Musique ici. Bien qu'un peu mélomane depuis l'adolescence, je suis venu à cette station surtout grâce à internet et sa présence sur les réseaux sociaux. D'abord grâce à la Tribune des critiques de disques. Mais rapidement, mon attention s'est portée sur une autre émission, orientée sur le jazz : Banzzaï
De la difficulté de naviguer dans le jazz pour un novice
Depuis l'irruption de Hugh Laurie, aka Dr House, dans le monde du blues de la Nouvelle Orléans avec son album Let Them Talk de 2011,
j'ai eu envie d'en savoir plus sur la musique américaine, jazz, blues, funk... Mais je ne savais pas par où commencer. Après avoir écouté les standards présent sur l'album du chanteur anglais (Saint James Infirmary, Tipitina...), avoir assisté à son concert à Paris, je me suis trouvé un peu pris au dépourvu. Mais j'avais des pistes. Dr John (fantastique sur Afeter you've gone) était présent en invité sur l'album, et pendant la production, Hugh Laurie avait été en contact avec le légendaire Allen Toussaint, dont il était fan absolu. J'ai donc commencé à écouter un peu ces artistes mais y aller en novice, devant une telle somme de musique, ça demandait une dévotion presque monacale que je n'avais pas. Bien entendu, je connaissais déjà de nom les artistes présents sur chaque compilation jazz qui se respecte, avec en tête Miles Davis, Oscar Peterson, Michel Petruciani, mais rien qui ne constitue une culture en soi même si je savais ce qu'étaient Kind of Blue ou Take five. Hugh Laurie a récidivé avec l'excellent album Didn't it Rain en 2013 et à la suite de celui-ci, je me suis un peu désintéressé du genre.
Banzzai : La découverte
Mais un dimanche matin de l'an 2015, dans la morosité de ma chambre d'étudiant, j'ai allumé la radio après probablement un samedi soir bien arrosé, et je suis tombé sur un son de trompette familier. Un thème qui résonnait dans ma tête depuis des années. Le fameux Bird's Lament de Moondog écrit en l'honneur de Charlie Parker. Le temps d'émerger et d'entendre la voix de la productrice, Nathalie Piolé, je suis retourné à mes activité d'un dimanche solidaire en résidence universitaire.
Cependant quelque temps plus tard, j'allais passer moi même à l'antenne de France Musique. J'allais également m'intéresser de plus en plus à la grille. J'avais lu une interview de Marc Voinchet, directeur de la station, affirmant qu'une de ses premières décisions une fois arrivé, a été de sortir Banzzaï du dimanche matin et de le mettre en quotidienne, le soir à 19h. Et ça a mis un projecteur sur ce programme, me souvenant que, un dimanche matin, j'avais bien apprécié cette émission. Et par la magie des podcasts, j'ai pu m'envoyer beaucoup de Banzzaï à haute dose dans une période de temps réduite, histoire de rattraper mon retard. Un nouveau monde s'est ouvert à moi. Ma conversation a été définitive au moment où j'ai commencé à bosser à Radio France en 2018. C'est rapidement devenu mon compagnon de route pour mes trajets vers le boulot le matin.
Banzzai: Le paradis de l'éclectisme
Voici que dans une playlist d'une heure, on mélange le mainstream, l'obscur, le connu, l'improbable. Mais on mélange surtout les genres pour faire des alliages exquis et d'un éclectisme rare. L'envie de danser n'est jamais bien loin, et on ne voit pas le temps passer. On jongle entre le jazz traditionnel, le funk, l'afro beat, le fusion, avec même parfois des petites irruptions de musique classique ! Et chaque jour l'expérience est renouvelée, chaque jour on a de l'originalité et de la nouveauté. Et en plus de la musique, on a le plaisir d'entendre les histoires racontées par Nathalie Piolé au sujet des morceaux qu'elle passe, des annonces de concerts (quand il y en avait encore). C'est ainsi que des lieux comme le New Morning, le Baiser salé, le Sunset, le Duc des Lombards, deviennent des noms familiers pour l'auditeur. Mais encore mieux que les concerts annoncés, l'écoute quotidienne de l'émission permet enfin de se constituer une solide culture. Charles Mingus, Cannonball Adderley, Dizzy Gillespie, Herbie Hancock, John Coltrane, Billie Holiday, Anita O'Day deviennent des compagnons de route fidèles. Et on étoffe ainsi ses connaissances chaque jour, d'autant plus que toutes les références sont disponibles sur le site de l'émission.
Mais en plus de se constituer une solide culture, on va plus loin. Beaucoup d'incursions dans des contrées lointaines, en Afrique, à Cuba, dans les caraïbe, au Venezuela. On peut aussi bien entendre du funk norvégien que du funk égyptien dans des alliages qui sonnent toujours bien. Banzzaï, c'est la découverte perpétuelle ! Avec la complicité de Nathalie Piolé, on a un plaisir quotidien sans cesse renouvelée, et une complice musicale irremplaçable qui nous parle dans l'oreille pour nous faire découvrir des merveilles. Et ainsi faire danser les gens en soirée en leur faisant croire qu'on a très bon goût (même si je crédite toujours qui de droit).
Je diffuse en soirée des sons entendus dans #Banzzai et les gens dansent ! C’est un putain d’achievement ! 😂
— Andika (@Nyantho) August 11, 2018
Conclusion
Voici un compagnon fidèle depuis des années dont je ne me lasse pas. Même si je n'ai plus le privilège d'aller rendre visite à Nathalie de temps en temps dans le studio comme j'ai pu le faire une ou deux fois jadis, elle m'accompagne encore tous les jours car il est juste devenu inenvisageable pour moi de ne pas écouter Banzzaï !
Ma playlist sur Qobuz des découvertes que je dois à Banzzai: ici
Banzzaï : podcast et replay sur France Musique
Banzzaï : l'émission de radio en replay sur France Musique, les thèmes, les invités, les titres et les œuvres musicales. Abonnez-vous au podcast !
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