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Publié par andika

Un concert, c'est évidement des musiciens. Mais un concert, c'est aussi et surtout un programme. Et en terme de programme, il nous aura rarement été donné la possibilité d'en entendre un aussi rafraichissant, audacieux, novateur que celui proposé par le Duo Aïnos le jeudi 30 janvier 2020 à la Salle Colonne dans le 13ème arrondissement de Paris. Le tandem composé de Da-Min Kim au violon et de sa sœur Da-Hee Kim au piano, a débuté par la Sonate pour violon et piano n°2 de Grieg. Avant que la pianiste ne revienne seule en scène pour la Sonate pour piano n°1 de Ginastera. Puis la Sonate pour piano et violon n°4 de Nicolas Bacri et enfin, la Sonate pour violon et piano de César Franck.

La sonate pour violon et piano de Grieg, célèbre compositeur norvégien, est une belle œuvre de musique de chambre. Dans son premier mouvement, le violon de Da-Min Kim chante avec beaucoup de précision et d'expressivité, avec un vibrato très agréable dans cette partie notée Allegro vivace d'essence assez romantique. Dans le deuxième mouvement, le thème passe paisiblement du piano de Da-Hee Kim au violon de son frère, en bonne intelligence. Les proportions de cet Allegretto tranquillo en font une petite aventure avant le final, Allegro animato, qui donne la part belle aux rythmes, emplis de contretemps. On y apprécie particulièrement l'habileté et la clarté de la pianiste dans les aigus du piano et les fantastiques arpèges. Une solide entrée en matière.

Alberto Ginastera est un compositeur argentin du 20ème siècle dont la musique est souvent dansante mais toujours écrite de la façon la plus rigoureuse. C'est un des représentants majeurs de la musique latino américaine. Sa Sonate pour piano n°1 met la technique du pianiste à rude épreuve. Dans son premier mouvement, noté Allegro marcato, Da-Hee Kim manie les rythmes et les alternances de registres aigus et grave avec beaucoup de maîtrise. Une technique infaillible, un équilibre constamment préservé pour rendre ce mouvement dansant et très sophistiqué en même temps. Le deuxième mouvement est encore plus ardu avec les mains qui se croisent sans cesse. Ce Presto misterioso est définitivement sombre, mais pourtant, une richesse de couleurs sort des mains de la pianiste avant de se reposer dans l'Adagio en III qui est assez contemplatif. Le final en revanche est endiablé. De la lave sort de l'instrument et la pianiste dégage un sentiment de puissance qui emporte tout sur son passage, sans jamais pour autant nuire à la clarté de son discours musical. Une œuvre à défendre absolument, et surtout avec ce genre d'interprétation d'une rigueur et d'une musicalité à faire se pâmer !

A la suite de l'entracte, Nicolas Bacri apparaît sur la scène pour nous parler de son œuvre. Il s'agit d'une commande afin de rendre hommage à Johannes Brahms. Mais Bacri ne cite jamais aucune composition de Brahms dans sa sonate, sauf l'accord final en la majeur qui célèbre l’esprit de Brahms. Ce compositeur selon les mots de Bacri allie "un équilibre parfait entre vocalité et instrumentalité." La Sonate pour violon et piano n°4 de Nicolas Bacri est en un mouvement et fait dialoguer deux thèmes, le premier descendant et le second ascendant. Le discours est mature et prend une certaine distance avec le romantisme, ce qu'on apprécie ici, c'est la fusion de ces deux thèmes qui se réinventent sans cesse. Et dans ce mouvement, une nouvelle chose se crée et permet une exploration plus profonde et plus intime de la musique. Cela permet également de penser à Brahms différemment. Une très belle incursion dans la musique contemporaine.

Enfin, la Sonate pour violon et piano de César Franck laisse une fois encore d'entendre le talent des interprètes mais dans un registre différent, avec beaucoup de légèreté, de couleurs. Des rythmes enivrants du deuxième mouvement au final léger avec un thème revenant sans cesse de façon renouvelée.

Un concert de très haute tenue à la salle Colonne avec un programme à râvir les mélomanes. Ceux qui aiment la bonne musique tout d'abord mais surtout ceux qui sont curieux.

 

Programme du concert du 30 janvier 2020 à la Salle Colonne

E.Grieg Sonate pour violon et piano N°2 op. 13  en sol mineur (1867) N. Bacri Sonate pour violon et piano N° 4 op. 148, « in memoriam Johannes Brahms » (2018) A. Ginastera Sonate pour piano N° 1 op. 22 (1952) C. Franck Sonate pour violon et piano(1886)

Da-Min KIM (Violon)

Da-Hee KIM (Piano)

 

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