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Publié par andika

Événement ! L'Orchestre National de France s'est produit à Paris le vendredi 10 janvier 2020, au Théâtre des Champs Élysées, avant de partir en tournée du côté de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Slovaquie, avec la violoniste Julia Fischer. Dirigé par son directeur musical Emmanuel Krivine dans un programme mêlant Debussy, Bartók et Moussorgski. Et ce concert épargné par la grève qui touche actuellement Radio France en valait vraiment la peine. Notamment pour les mots du chef à la fin, qui exhortait les responsables politiques en charge de la culture en France d'ouvrir le dictionnaire afin de consulter la définition de ce mot ! Rappelant ainsi que la logique comptable ne pouvait pas s'appliquer froidement à la culture, tant les investissements consentis sont rentables au vu de ce que la dite culture apporte aux humains.

Poster concert ONF 10/01/2020

Le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy est une œuvre à la popularité jamais démentie. Qui ne connait pas ce début suave à la flûte ? Il est inutile de rappeler que ce répertoire est une seconde nature pour les musiciens de l'Orchestre National de France. Composé entre 1892 et 1894, il s'inspire d'un poème écrit par Mallarmé. Ce dernier apprécia tellement cette musique qu'il adressa quatre vers de son cru à Debussy en guise de remerciements. « Sylvain d’haleine première / Si la flûte a réussi / Ouïs toute la lumière / Qu’y soufflera Debussy. » Emmanuel Krivine propose une interprétation pleine de charme, mettant en valeur la clarté de son orchestre. La poésie s'échappe des harpes et des bois qui sont chacun, très colorés. Qu'il est bon d'entendre un orchestre français dans de la musique française. Saluons également le magnifique solo de Sarah Nemtanu, 1er violon solo du National.

Et en parlant de violon, voici qu’apparaît maintenant sur la scène Julia Fischer. Habillée d'une combinaison noire, et portant des chaussures argentées, elle emplit immédiatement la scène de sa présence. Là où le Concerto pour violon n°1 de Bartók était une œuvre longtemps confinée au tiroir et fruit d'un amour déçu, le Concerto n°2 au contraire est issu d'une commande. De proportions larges, durant près de 40 minutes, cette œuvre met le soliste à rude épreuve. Mais Julia Fischer semble s’accommoder de tout cela avec beaucoup d'aisance et de sobriété. On oublie rapidement sa tenue sombre pour être irradié par son son glorieux, ses coups d'archet précis, son vibrato naturel. Dans le dialogue qui s'engage avec l'orchestre, le rythme et la tension dramatique ne sont jamais mis de côté. La cadence de la soliste dans le I, noté Allegro ma non troppo, est une modèle de technique et de grâce avec de superbes glissandos. L'Andante tranquillo en II est un moment de douceur où on apprécie le legato de la soliste ainsi que les cordes de l'orchestres qui excellent dans les notes en pizzicato. Enfin, l'Allegro motlo  reprend dans l'agitation, l'énergie et l'échange intense entre les très belles cordes du National, et le magnifique violon de Julia Fischer. La soliste revient pour un bis avec une superbe Sarabande en ré mineur de Bach, véritable cantilène à faire fondre.

A la suite de l'entracte, voici maintenant venu le temps des Tableaux d'une exposition de Moussorgski, dans l'orchestration réalisée par Maurice Ravel. D'abord destinée au piano, le passage de cette œuvre à l'orchestre se fait le plus naturellement du monde tant le thème de la fameuse Promenade est évocateur. Tout au long de l’ouvrage, le chef fera preuve d'un enthousiasme jamais démenti et d'une énergie communicative. Les cuivres sont saillants, les subtilités de l'orchestration de Ravel nous sont montrées avec vigueur, avec des cordes majestueuses, une petite harmonie caquetante (superbe hautbois solo), et même des instruments inhabituels comme ce fabuleux saxophone dans le Vecchio castello. On appréciera surtout le plaisir du tutti final dans la Grande Marche de Kiev, extrait très populaire faisant toujours son effet. En bis, dans la perspective de la tournée en Allemagne, l'orchestre a donné la Barcarolle des contes d'Hoffmann d'Offenbach. Une réminiscence du concert du nouvel an qui avait été annulé. Espérons donc de nombreux concerts à l’auditorium de Radio France à l'avenir !

Programme du concert de l'ONF au TCE le 10 janvier 2020
Claude Debussy
Prélude à l’après-midi d’un faune

Béla Bartók
Concerto pour violon et orchestre n°2

Modeste Moussorgski / Maurice Ravel
Les Tableaux d’une exposition

Julia Fischer violon
Orchestre National de France
Emmanuel Krivine
 direction

 

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