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Publié par andika

Il y a bien longtemps que nous n'étions pas partis écouter l'Orchestre National d'Ile de France. La dernière fois remonte à l'année 2011 et l'ONDIF était d'ailleurs venu nous visiter dans notre banlieue afin de nous faire découvrir tous les charmes de la symphonie n°40 de Mozart en compagnie de Jean-François Zygel. Tout autre cadre cette fois-ci le dimanche 20 mai 2018, il s'agissait en effet de la Philharmonie de Paris avec au programme Mémoriale de Pierre Boulez et rien de moins que le Requiem de Giuseppe Verdi, dirigés par le directeur musical, Enrique Mazzola.

Ces deux œuvres se font écho en ce qu'elles sont écrites chacune en hommage à un homme disparu. Mémoriale est en hommage au flutiste de l'Ensemble intercontemporain Lawrence Beauregard, décédé en 1985, tandis que le requiem est dédié à l'écrivain Alessandro Manzonni.

Ainsi, l’œuvre de Boulez met en avant la flûte qui dialogue avec six cordes et deux cors. Le rôle de soliste est dévolu à la flûte solo de l'ONdIF, Hélène Giraud, qui avait la particularité de lire la partition sur un smartphone accroché à son bras. Beaucoup de virtuosité ici, notamment par l'usage récurrent de la trille à la flûte, beaucoup de trémolos aux cordes. A souligner une flûte qui se projette bien dans la grande salle et qui brille de mille feux dans une infinie clarté, une belle entrée en matière.

Beaucoup plus de monde pour le requiem de Verdi. Le genre d’œuvre qui impressionne, surtout la première fois qu'on la vit dans la salle. Un opéra sous des habits ecclésiastiques selon Hans Von Bülow. En effet, en plus de l'orchestre, il y a le Chœur de l'orchestre de Paris et enfin, pas moins de quatre solistes, la soprano Karine Babajanyan, la mezzo Sanja Radišic, le ténor Alexei Tatarintsev et enfin, la basse Nikolay Didenko. Outillé comme cela, le chef italien Enrique Mazzola avait de quoi soulever la salle, et c'était bien son intention. En bon transalpin, il connaît son Verdi et sait où placer les accents, gérer les tempi, diriger les voix. Cela donne une sequencia héroïque, pleine de théâtralité et de recueillement, saluée par des applaudissements. Même si l'exécution pouvait parfois manquer quelque peu d'équilibre ou de maîtrise, l'intention était toujours la bonne. Que ce soit ce tempo effréné, empreint de nervosité dans le Dies Irae qui donnait des impressions de fin du monde, la montée en tension du Tuba mirum avec ces trompettes placées en haut du gradin des chœurs, un Rex tremendae joué très, très fort, mêlant profondeur et terreur. Avec toujours, une prépondérance du chœur par rapport à l'orchestre. Mais ce n'est pas un mal, tant le chœur est un protagoniste indispensable de cette partition.

Les parties plus intimistes étaient quant à elles la plupart du temps dévolues aux solistes. Un ténor brillant dès le Kyrie, une basse solidement ancrée, profonde, avec un timbre si adapté et qui a vraiment culminé dans le Confutatis, une mezzo un peu timide, avec toutefois une diction irréprochable, on regrettera sa relative réserve malgré la beauté de son timbre et son admirable médium, mais il faut souligner son excellent Lacrimosa. Enfin, la soprano, personnage principal du fameux Libera Me , a été constante dans son côté spectaculaire, d'une part en assurant brillamment ses parties solos, notamment a capella (Libera Me) mais aussi en mariant admirablement sa voix à celles de ses camarades, ainsi un magnifique duo entre la mezzo et la soprano dans le Quid sum misere.

Enfin, il faut garder le meilleur pour conclure. Le Chœur de l'Orchestre de Paris, préparé par Lionel Sow. Il a été d'une qualité extraordinaire, le moment le plus éloquent étant bien entendu la périlleuse fugue du Sanctus absorbée sans difficulté. Chaque ligne musicale, chaque voix était délectable et appréciable, un équilibre saisissant, une maîtrise parfaite. Qu'il s'agisse de la diction, des nuances, du contraste, une vrai bonheur.

Une interprétation honnête, sincère et pleine de bonnes intentions, et en définitive, c'est tout ce qui compte.

 

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