Le concert d'après
Il y a un avant et un après Vendredi 13 Novembre 2015. Il s’est passé tellement de choses depuis mon dernier billet de blog. Ces attentats m’ont vraiment marqué sachant que j’étais sur Paris lorsqu’ils se sont déroulés…
J’avais prévu de vous parler d’un cycle de trois concerts Beethoven/Bartok qui devaient se dérouler à la maison de la radio. Avec mon abonnement, j’avais pris des places pour les trois et je me réjouissais d’y aller mais malheureusement, le concert du samedi 14 Novembre 2015 a été annulé, du coup j’ai manqué la symphonie n°3 de Beethoven appelée aussi héroïque mais moi je préfère dire Eroica. Toutefois, l’orchestre national de France a joué le deuxième mouvement de l’Eroica (qui est une marche funèbre), en hommage aux victimes des attentats le lundi suivant.
Marche funèbre
Alors, ce concert en lui-même a été emprunt d’émotion. L’accès à la maison de la radio a été encore davantage sécurisé, on entre maintenant par l’arrière après avoir fait le tour du bâtiment et une fois à l’intérieur, on marche énormément. Avant que la musique ne débute, une personne a fait un discours d’hommage et a remercié le public d’être venu. Une chose m’a frappé, c’était une loge totalement vide à ma droite et ce, pour des raisons de sécurité. Mon voisin me faisant judicieusement remarquer qu’à partir de cette loge, il était loisible à une personne armée d’arroser toute la salle… Joyeux n’est-ce pas ? Enfin bon, je ne pensais à rien de tel de toute façon.
Trois œuvres étaient au programme, tout d’abord l’ouverture Léonore III de Beethoven, le premier concerto pour violon de Bartok et enfin la cinquième symphonie de Beethoven. J’étais d’ailleurs content de retrouver l’orchestre national de France dirigé par Daniele Gatti qu’on a l’habitude de voir au concert du 14 juillet, et pour une fois, le premier violon était une femme ! EGALITE !
Leonore III
Léonore, quel joli nom ! Cette ouverture en jette. C’est l’ouverture du seul et unique opéra de Beethoven plus connu sous le nom de Fidelio. Mais même si il n’a composé qu’un seul opéra, son ouverture existe en plusieurs versions, ce Léonore III étant la plus impressionnante. Alors pourquoi Léonore, parce que Léonore c’est Fidelio. En gros, c’est l’histoire d’une femme qui se travestit en homme pour sauver son amoureux qui est emprisonné. A un moment donné, le nom de Léonore était précisé dans le titre de l’Opéra puis il a disparu, ce qui ne manque pas de provoquer quelques petites confusions. Toutefois, maintenant, je suis au courant du délire et j’ai appris un truc. Musicalement, cette ouverture est extra, elle se suffit à elle-même, elle est en trois mouvements, c’est une vraie petite symphonie. A un moment donné, les cordes étaient vraiment mises à rude épreuve. C’était assez vif, parfois brutal, une belle découverte. Comme quoi, j’ai beau être un fanatique de Beethoven depuis l’adolescence, j’en découvre encore.
Concerto pour violon n°1 de Bartok
Bartok, je le connais peu. J’avais déjà entendu une seule œuvre de lui en concert, c’était son fameux concerto pour orchestre, c’était il y a quatre ans, sous la pyramide du Louvre et c’est le légendaire Pierre Boulez qui dirigeait. Il avait fait des concerts gratuits à l’époque. Pour tout vous dire, j’avais trouvé ça bizarre et je n’avais pas persévéré dans ce compositeur.
Et bien, je trouve toujours la musique de Bartok bizarre mais j’ai vraiment aimé cette fois-ci pour le coup ! En fait tout tient au début, on a la soliste qui commence seul au violon, puis elle est rejointe par le premier violon, puis une autre et encore un autre avant de laisser place au tutti. Cette introduction est géniale et instaure une ambiance particulière. La soliste était Janine Jansen, je ne la connaissais absolument pas. Je garderai le souvenir de ses cheveux qui ondulaient lorsqu’elle jouait et des cordes pétées de son archet à un moment du morceau, c’est que c’était intense tout de même. Elle ne s'est pas faite trop prier pour le rappel et elle est revenue nous jouer un duo qu'elle a interprété avec le premier violon. Elle nous a dit le nom de l’œuvre mais nous n'avons rien compris, mais bon, de nationalité néerlandaise, je lui pardonne son français.
Une chose insolite que j’ai apprise sur cette œuvre, c’est qu’à la base, Bartok l’avait dédiée à sa copine mais qu’entre temps ils ont rompu, du coup il a rangé son concerto et il n’a été trouvé et publié qu’après sa mort. C’est d’ailleurs le moment de souligner à quel point les programmes des concerts sont bien rédigés et qu’ils apprennent vraiment des choses intéressantes qui me permettent d’ailleurs de nourrir mes écrits.
Symphonie n°5 de Beethoven
Bon, c’est tellement mainstream ce son. Tellement connu que le chef, dirigeait les yeux fermés sans partition. Qui ne connait pas la 5ème ? Ces quatre notes qui se répètent inlassablement. Cette sorte de brutalité qui semble frapper à la porte, d’aucun disaient que c’est le destin qui frappait et d’ailleurs, elle porte parfois le surnom de destin cette symphonie. J’imagine aisément le choc que ça doit être de se manger le début de cette symphonie lorsqu’on ne sait pas de quoi il s’agit. Et bien même lorsqu’on l’a écoutée des millions de fois comme moi, on est étonné d’entendre cette musique pour de vrai. C’était véritablement une première. Même si je suis un grand fanatique de Beethoven (je radote), j'ai si peu entendu de lui en concert (mes potes qui jouent ses sonates pour piano, ça ne compte pas), simplement le Coriolan ainsi que sa première symphonie, il y a longtemps, à la chapelle du lycée (j'en avais déjà parlé il me semble). On n’a jamais entendu la musique avant de l’entendre en concert, c’est une leçon que je ne cesse d’apprendre à chaque fois que je vais écouter des œuvres que j’adore. D’une part, au niveau du nombre de décibels, c’est beaucoup moins impressionnant que ce à quoi je m’attendais au début. Tout de suite, la musique devient beaucoup plus subtile, on comprend l’équilibre qu’il y a, la construction derrière tout ça, et c’est assez jouissif. D’autre part, on peut pleinement profiter de certains instruments. Bien entendu, les cordes sont toujours dominantes mais à l’écouter en concert, j’ai remarqué que c’était définitivement la symphonie du cor, de la clarinette, du hautbois et du basson. Ah ces cuivres, ils sont fabuleux ! Je n’ai qu’un seul grief contre le chef, c’est le tempo beaucoup trop rapide du quatrième mouvement mais à part cela, c’était parfait.
Conclusion
La culture est plus forte que tout. La culture est la plus belle chose appartenant à l’homme, sa valeur est inestimable et ce n’est pas une bande d’assassins qui nous en privera. Bien entendu, il y a de la peur, bien entendu il faut être vigilent mais il ne faut en aucun cas renoncer à la culture. C’est un moyen efficace pour s’élever, s’échapper des pesanteurs de son quotidien, casser sa routine, rêver, prendre du plaisir. Alors voilà, vivons, cultivons nous et ne leur faisons pas le cadeau de renoncer.
Ce concert sera diffusé le jeudi 3 décembre à 20h sur France musique, également disponible à l'écoute sur francemusique.fr
PS: Je suis certain d'avoir aperçu Mathieu Gallet, PDG de radio France dans le public, je ne savais pas où caser ça donc je l'écris ici mdr.