Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Publié par andika

Qui n'a jamais vécu une amour de jeunesse qui n'a pas été concrétisé ? Qui ne conserve pas dans son cœur, une personne particulière, qui le fait vibrer à la simple évocation de son nom ? Qui n'a aucun regret dans sa vie ? Qui n'a jamais eu la sensation de manquer une opportunité qui aurait pu être belle ? La nouvelle pièce d'Ana-Maria Bamberger, intitulée Une nuit entière, fait résonner ces émotions qui nous sont à chacun, très familières. Avec justesse et sensibilité, elle noues livre deux personnages attachants. Marisa, actrice à succès abandonnée par son metteur en scène de mari. Et Victor, médecin qui vient à son chevet pendant qu'elle vit une mauvaise période, et qui s'avère être une vieille connaissance.

Des comédiens investis

Ce qui fonctionne d'emblée dans cette pièce, c'est l'alchimie entre les comédiens et leur manière de jouer leurs rôles respectifs. Tout d'abord Codrina Pricopoaia, qui joue plusieurs registres à la perfection. En premier lieu, la diva tombée de son piédestal, un peu perdue et pathétique dans un narcissisme qui dissimule mal son trouble et ses pensées sombres suite à sa crise conjugale. Mais quand Victor arrive, elle reprend vie. Et on voit apparaitre la star qu'elle est réellement, pleine de sensualité et de charme. Et surtout, pleine de désir et de confiance face à cet amour de jeunesse qui refait surface dans sa vie au moment où elle touchait le fond. De son côté, Geoffroy Vernin interprète un Victor hypersensible, emphatique et à l'écoute. Sa blessure à la jambe représente bien sa blessure au cœur. Non seulement à cause de la nostalgie qui l'étreint, mais aussi à cause de son travail exercé dans des conditions difficiles et sa vie sentimentale particulière. Toutes ces facettes du personnage sont criantes de vérité. 

Une histoire en trois actes

La structure de la pièce d'Ana-Maria Bamberger est très intéressante. On repère facilement trois actes différents qui correspondent chacun à une scène se déroulant dans un endroit différent. La première scène, dans la chambre de Marisa, est le point de départ, jusqu'à la révélation que les deux protagonistes ont un passé commun. Le thème du passé commun qui refait surface semble être récurrent chez cette auteure, qui en fait des usages variés. Ici, c'est le vrai point de départ de l'intrigue. Dans la deuxième scène, à l'hôtel en Suisse, on traite davantage du désir et de ses limites. Enfin, au théâtre, dans la dernière scène, ce sont les sentiments qui comptent. Et l'impossibilité de concrétisation, malgré l'envie. Tout cela est juste et touchant tant on peut s'identifier facilement aux personnages.

La médecine et le théâtre comme remèdes

En outre d'être dramaturge, Ana-Maria Bamberger est également médecin. Et l'opposition entre le théâtre et la médecine s'exprime bien dans cette pièce. Ces deux arts, chacun à leur manière, aident à soigner et à guérir. Là où Victor a essayé d'aider Marisa avec la médecine au début, on voit que le théâtre prend le relai, à travers d'un nouveau projet. Mais la science et l'art ne s'opposent pas. Pour preuve, Victor avec sa béquille rappelle un peu le Dr House (allusion faite lors d'un dialogue), et ce personnage bien que médecin, n'est pas insensible à l'art. Et il y recourt souvent lors de ses moment de solitude et de mélancolie (et dans le passé, Victor caressait justement le rêve d'une carrière d'acteur). Marisa emploie le même procédé. Et l'art est l'élément de résolution de cette pièce, avec une mise en abîme intéressante. La meilleure idée de mise en scène de Codrina Pricopoaia est assurément cette séquence finale. Pendant toute la pièce, l'écran présent sur scène diffuse des images de films d'amours connus, allant de Titanic à Roméo + Juliette. Mais à la fin, l'écran montre les images filmées par Elhem Raw sur la scène. Et se termine par un gros plan sur Marisa. Qui permet de scruter l'âme mais également de l'apaiser, en utilisant la tristesse pour en faire une oeuvre d'art. 

Ana-Maria Bamberger signe une pièce poignante, juste, qui nous rappelle à quel point c'est beau d'aimer. Mais aussi à quel point c'est parfois difficile.

Les vendredis et samedis - 19h
Les Dimanches - 15h

Au théâtre du Guichet Montparnasse, Paris 14ème, du 17 mars au 7 mai 2023.

Une nuit entière de Ana-Maria Bamberger

Distribution

Mise en scène 

Codrina Pricopoaia

Avec

Geoffroy Vernin

Codrina Pricopoaia

Elhem Raw

Vidéo : Elhem Raw

Visuel : @Juby

Photo Affiche : Smoke Eyes Studio

Photo : David Twist

Communication : Caroline Ferquin

Attachée de presse : Dominique Llhotte

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article