Le Portrait de Madame T: Art-thérapie
Se faire tirer le portrait, ce n'est pas simplement fixer une image de soi-même afin de pouvoir la regarder ultérieurement. Ce n'est pas l'image en elle-même qui compte mais ce qu'on projette dessus. Ce n'est pas le résultat brut, mais au contraire, tous les détails, toutes les nuances, qui permettent à l'image de dire davantage qu'une palette de couleurs, un éclairage, un décors. Et c'est ce que nous enseigne la pièce de Ana-Maria Bamberger, Le Portrait de Madame T, où la fameuse Madame T, célèbre actrice de son état, doit se faire tirer le portait par le peintre Marius David, envoyé par un mystérieux client.
Art-Thérapie
D'emblée, il se noue une relation intrigante entre le peintre Marius, et son modèle Madame T. D'un sentiment de crainte initial du modèle devant cette visite inattendue du peintre, va naître une tendre complicité puis peu à peu une grande affection. Catherine Mahieu et Joël Grimaud ont une très belle interaction dans leurs rôles respectifs sur la scène du Guichet Montparnasse. Que ce soit au niveau du rythme ou de l'intensité, ils trouvent toujours de la justesse. Et on croit sincèrement en leur relation, qui nait avant tout par le dialogue. Et le dialogue va nous permettre peu à peu, de comprendre les intrications, les intrigues, les secrets. Et plus la toile avance, plus l'image est claire. Dans ce processus de création artistique, il se crée aussi autre chose de plus indicible mais de tout aussi fort. Bien plus qu'une image, des sentiments, de l'affection.
Une mise en scène sobre et efficace
Catherine Mahieu également menteuse en scène, parvient à créer un environnement assez familier dans lequel on entre aisément. Un mobiliser fonctionnel et sobre. Des costumes qui changent au gré du temps qui passe. Mais surtout, un décors d'appartement qui ressemble étrangement au cabinet d'un psy. Et qui fait que la genèse du portrait, est également un moment de véritable introspection, de recherche sur soi et de résilience. Et dans cette introspection point également la nostalgie, qui force le spectateur à être attentif afin de comprendre toutes les subtilités de l'intrigue, mais aussi, afin d'infuser toutes les émotions.
Un texte tendre et fort
Le texte d'Ana-Maria Bamberger est fort et émouvant. Tantôt drôle, tantôt mélancolique, il nous fait traverser toute une gamme d'émotions. Peut-être est-ce en raison de sa formation médicale, mais ce texte agit comme une cure, où on approfondit notre humanité. En allant dans des directions étonnantes mais qui nous font nous retrouver au final dans un endroit familier. La tendresse de ces deux personnages finit de nous convaincre qu'il existe encore de la beauté dans ce monde, pour peu qu'on fasse l'effort de la voir.
Texte de Ana-Maria Bamberger Mise en scène Catherine Mahieu Avec Joël Grimaud Catherine Mahieu Théâtre le Guichet Montparnasse Du 1er avril au 15 mai 2022. Les vendredis et samedis - 19H Durée : 1H15 Infos et réservation ici |