Les Chants de l'Ailleurs à la Cité internationale des arts
Le Cercle premier a lancé sa saison le 16 septembre avec un concert piano/voix mettant en vedette la pianiste Laurianne Corneille et la soprano Odile Heimburger, dans un programme qui sort des sentiers battus. En effet, dans une démarche résolument audacieuse, étaient mises en valeur des compositrices et de la musique contemporaine pendant que les grandes salles parisiennes proposaient rien que du très habituel. Il est rare en effet de voir cohabiter au concert des noms tels que ceux de Pauline Viardot, Louise Farrenc ou encore Ilse Weber.
Que de fraicheur et de nouveauté dans ce programme qui promet le voyage. Et même si la soirée commence avec des thèmes familiers de Mazurkas Chopin, c'est pour mieux les redécouvrir avec les arrangements de Pauline Viardot et des textes de Louis Pomey, merveilleusement mis en musique par la compositrice. "Adieu l'amour, la dignité, pour qui n'a pas la liberté" chante Odile Heimburger dans le premier poème, l'Oiselet, accompagnée fidèlement au piano par Laurianne Corneille, avant de sortir de l'élégie pour entrer dans le rythme dansant du deuxième poème, intitulé La fête. La mesure à trois temps du troisième poème Aime-moi nous obsède autant que le texte, avant que toute la puissance de la soprano colorature soit déployée dans la Danse, la quatrième et dernier poème présenté. De beaux textes, une musique confortable et des interprètes investies. Quelle belle entrée en matière.
Après les mazurkas, place aux mélodies de Pauline Viardot où il s'agit cette fois-ci de mettre en musique Pouchkine, avec beaucoup d'intensité dans les nuances, notamment des fortissimos qui emportent tout.
Laurianne Corneille revient par la suite seule sur scène afin de jouer les Airs russes variés de Louise Farrenc. Un interprétation du grande expressivité et rigueur pour des pages exigeantes, notamment au niveau du rythme. On apprécie particulièrement un passage fugué où la pianiste démontre une vraie science de la polyphonie.
Nuit Mystique de Karol Beffa (présent au concert) sur des textes de Saint Jean de la Croix dans une version pour piano et soprano sont des pièces à connaitre. Qu'il est bon d'entendre la musique de notre temps, avec une première pièce intitulée Un Pstorcio solo pastoral et habité avec les graves du piano rappelant des cloches. Del Verbio divino est furtif là où Sin arrimo y con arrimo présente une lente et belle progression harmonique. Enfin, Oh Ilama de amor viva est une pièce longue, méditative qui rappelle parfois Schubert.
Après la piano solo, la soprano solo pour des air à cappella d'Isle Webber, chanté dans la langue tchèque, avant une dernière œuvre dont le titre dit tout. Vocalises amoureuse pour soprano éperdue d'Isabelle Aboulker où la coloratura fait preuve de toute son agilité.
Que de découvertes et de plaisirs variés dans ce concert de rentrée, au programme dont on n'a pas fini de repenser au divers charmes.
Pauline Viardot/ Frédéric Chopin: Mazurkas, textes de Louis Pomey Pauline Viardot: Mélodies Louise Farrence: Airs russes variés Karol Beffa: Nuit mystique Isle Weber: Wiegala, Ukolébavka Isabelle Aboulker: Vocalise amoureuse pour soprano éperdue Odile Heilburger: Soprano Laurianne Corneille: Piano |