Titane: Monstrueux
Un bon ami à moi employait souvent l'adjectif monstrueux pour qualifier quelque chose d'extraordinaire, aux proportions remarquables, surtout dans le domaine des arts. Mais cet adjectif a également une autre acception qui décrit presque totalement l'inverse, à savoir quelque chose d'excessivement laid. Et le film Titane de Julia Ducournau , lauréate de la Palme d'or 2021, correspond définitivement à la seconde acception que nous venons de donner. Dans son discours d'acceptation du prix, la réalisatrice soulignait que son travail portait sur la figure du monstre et qu'elle souhaitait que ce thème soit plus largement diffusé. Malheureusement, le média qui véhicule le thème n'a pas à l'incarner de lui-même.
La figure du monstre est un classique du cinéma, et d'ailleurs, on lui doit quelques films excellent. De tête, Rosemary's Baby de Roman Polanski, ou encore Elephant Man de David Lynch. Et à regarder Titane, on peut se dire qu'il s'agit ici de quelques pistes pour les sources d'inspiration. Sauf que contrairement à ces deux devanciers, Titane émeut peu, effraie peu et surtout, ne raconte rien.
On suit les aventures d'Alexia (intense et sensuelle Agathe Rousselle, notamment dans l'usage de son corps) jeune danseuse qui semble beaucoup apprécier les automobiles. On la trouve tout d'abord dans l'enfance sur la banquette arrière de la voiture de son père, médecin de profession. Elle chahute, elle est insupportable et tout naturellement un accident se produit ce qui lui vaudra une plaque en titane sur le crane, voilà pour le titre.
Pour la monstruosité, hormis la cicatrice qui rend son visage un peu disgracieux, on se rend compte rapidement que l'on a affaire à une tueuse en série qui commence une cavale. Et malheureusement, la réalisatrice ne nous épargnera rien de la violence de ce parcours meurtrier. La violence ne soutient aucun propos, n'a aucun but narratif, n'apporte rien au scénario. Elle est le plus souvent gratuite et n'a que peu de conséquences. Elle ne s'appuie pas sur de l'humour. Presque aucun affect ne ressort.
Et pourtant, bien que la violence soit laide, l'esthétisme de ce film et la direction artistique sont à ranger du côté des points forts. Le travail sur la photographie, les couleurs, l'étalonnage et les filtres est tout simplement remarquable. La manière dont sont éclairés les personnages participe totalement à la narration. Et à ce titre, observer le personnage Vincent (Vincent Lindon au top de sa forme) est un enchantement. au travers des teintes rouges, bleues, oranges, roses, on trouve un peu de beauté dans ce monde de brute.
Mais cela ne sauve pas un scénario assez faible et une mise en scène qui montre les choses trop crument au lieu de les suggérer. Polanski nous rappelle bien qu'on ne voit jamais le bébé de Rosemary mais que si on croit l'avoir vu à la fin du film, c'est qu'il a bien fait son travail. Julia Ducournau elle, montre tout, jusqu'à l'excès. De sorte que la monstruosité disséquée perd de sa force et de ses effets. Alors pour ne pas parler de palme d'or médiocre pour cette année 2021, nous pouvons affirmer ici qu'il s'agit ici d'une palme d'or monstrueuse.
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