Les films du confinement [Partie 5]
Enfin vu Munich. Pour une raison que je ne m’explique pas aujourd’hui, j’avais passé mon tour lors de sa sortie au cinéma en 2006. Pour ma défense, j’étais à l’internat et par conséquent, je pouvais peu aller au cinéma, hormis le week-end. Mais pourtant, j’avais entendu parler de ce film, pourtant, j’étais très intéressé par le thème. Et de façon plus générale, je prête toujours attention aux films de Steven Spielberg. Il s’agit donc de l’histoire d’une opération du Mossad pour venger la mort des athlètes israéliens lors de la prise d’otage du groupe terroriste septembre noir lors des JO de Munich de 1972. Et quel film. Déjà, on a un vrai metteur en scène, qui ne se contente pas de nous montrer des images mais qui est lui même actif pendant les scènes. Il installe une ambiance, le doute, l’anxiété, la peur, la paranoïa. Spielberg ne filme jamais les choses de façon passive. Souvent dans le cadre, il faut faire attention à ce qui se passe à l’arrière plan. Et pourquoi se soucier de ce qui vient de derrière ? Parce que le danger est partout. Surtout dans un monde où on est entouré d’ennemis. Et c’est exactement le cas de l’État d’Israël. Cela montre aussi que l’escalade de la violence ne mène à rien, si ce n’est à la perte de la notion de paix. De paix intérieur pour nos personnages qui ont de plus en plus peur. Mais plus regrettable aussi, de la paix avec ses voisins. Et comment vivre sereinement si il est impossible d’avoir des amis à proximité ? Si on devait retenir une chose de ce film, c’est bien que la violence ne résout rien.
Vu Une Merveilleuse Histoire du temps (The theory of everything) de James Marsch. Biopic au sujet du célèbre physicien Stephen Hawking. Mais le film est adapté de l’ouvrage de son ex femme, Jane. Et là où on peut avoir d’habitude une fade biographie qui revient sur les épisodes principaux de la vie du personnage principal, ici, nous avons une histoire d’amour, complexe, tragique, douloureuse, mais tellement belle. Tout commence lors de la rencontre entre Stephen et Jane. Le point fort du film, c’est de filmer cela comme un conte de fée au début. Une photographie très lumineuse, un esthétisme très travaillé, des plans colorés, chaleureux. Notamment cette scène du premier baiser sur un pont, avec des lampes qui éclairent le tout en étant disposées comme des guirlandes, puis cette caméra qui recule afin de dévoiler un plan tout bonnement féerique. Mais déjà, on voit la déchéance physique de Stephen Hawking, atteint d’une maladie neurologique provoquant la dégénérescence de ses muscles. On passe alors brutalement du conte de fée au combat. On ne lui donne que deux années à vivres. Le rêve devient cauchemar. Entrecoupé de souvenirs heureux, notamment les naissances des enfants, fêtes en tout genre où nous avons droit à une photographie un peu sépia, rappelant des films amateurs faits en famille. Puis devant l’aggravation de l’état de santé de notre cher docteur, nous voici dans un ménage à trois avec l’irruption de Jonathan. Prof de musique mais aussi amant ? Ce dévoilement de l’intimité de cette famille particulière a un côté gênant mais au final, il est infiniment touchant. Et puis, il faut se rappeler que le livre est basé sur le livre de Jane, donc qu’elle a elle même décidé de dévoiler les particularités de son ménage. Mais point de morale ici, juste des personnes qui s’aiment et qui essaient de faire au mieux. Il en ressort une véritable leçon d’espoir. Sachant tout ce qu’est parvenu à accomplir Hawking au final malgré la maladie. De très belles émotions.
Une merveilleuse histoire du temps
1963, en Angleterre, Stephen, brillant étudiant en Cosmologie à l'Université de Cambridge, entend bien donner une réponse simple et efficace au mystère de la création de l'univers. De nouveau...
Vu Hunger, de Steve McQueen. J’étais déjà fan de son cinéma. J’avais vu en salle Shame et 12 years a slave. Il a don pour montrer avec de belles images des choses infiniment laides. Hunger est son premier film et pourtant, la maîtrise de la mise en scène ne le laisse pas penser. On suit le parcours de prisonniers politiques issus de l’IRA en Irlande du Nord au début des années 1980, notamment le martyr Bobby Sands interprété par un magistral Michael Fassbender. Hunger, c’est un naturalisme froid, dans la façon de montrer un combat radical et violent. Ce sont des personnages durs. Le regard inflexible des prisonniers, qui traduit leur volonté. Les poings endoloris et saignants des gardiens de prison qui mènent un combat quotidien face aux prisonniers contestataires. Ces murs de cellules maculés de merde sur chaque centimètre carré. La crasse des matelas, la pisse qui se déverse par la porte, ces hommes hirsutes aux cheveux longs et aux barbes sales qui font la grève de l’hygiène afin de faire valoir leur revendications. A savoir, le statut de prisonnier politique, le droit de porter leurs vêtements civils en détention. La majorité du message du film passe par l’image. Les images parlent fort, percutent, font mal à l’estomac. Mais la scène de dialogue entre le prêtre interprété par Liam Cunningham (que les fans de Games of Thrones connaissent bien), et le personnage de Bobby, expose tout le message politique du film. La comparaison entre la course à pied et l’abnégation qu’il faut pour poursuivre la cause de la réunification de l’Irlande. Cette aspiration à la liberté qui vaut tous les sacrifices. Le refus viscéral de toute compromission. En un mot, la radicalité. La transformation physique de Michael Fassebender pour les séquences de grève de la faim est tout bonnement effrayante. McQueen ne nous épargne absolument rien. La dégradation physique d’un homme pulvérisé par la faim en deux mois. Mais paradoxalement, cette violence n’est pas ce qui effraie le plus. Non, le pire, c’est bien la voix du premier ministre de l’époque, Margaret Thatcher, qui reste inflexible et se lave les mains de la mort de ces suppliciés. L’utilisation de vraies archives de ses discours est glaçante et ancre ce que l’on voit à l’image dans la réalité. Un vrai film coup de poing.