La gravité de Pablo Heras-Casado à la tête de l'Orchestre de Paris dans Lutoslawski et Berlioz
Le programme de l'Orchestre de Paris pour les concerts des 20 et 21 février 2019* à la philharmonie était emprunt de gravité. Sous la direction du chef espagnol Pablo Heras-Casado, la phalange parisienne a donné successivement et sans interruption, tout d'abord la Musique funèbre de Witold Lutoslawski, puis le Requiem, op. 5, Grande Messe des Morts d'Hector Berlioz. Ils étaient accompagnés du fidèle Choeur de l'Orchestre de Paris dans le requiem, renforcé pour l'occasion par le fabuleux Choeur Orfeon Donostiarra. L'Orchestre de Paris étant quant à lui renforcé par par l'Orchestre du conservatoire de Paris.
La Musique funèbre de Lutoslawski répond à une commande du chef de l'orchestre de Cracovie en 1954. Il s'agissait de commémorer les dix années de la mort du compositeur Béla Bartok. Même si l’œuvre rend hommage à Bartok, elle n'en adopte pas le style. Divisée en quatre parties qui s'enchaînent sans interruption, cette musique est emprunte de gravité. Le compositeur parvient à trouver une grande expressivité en utilisant la technique du sérialisme avec son orchestre exclusivement composé de cordes. L'énergie du Prologue se diffuse à travers toutes les cordes au fur et à mesure de leurs entrées successives dans un crescendo sublime. On sent le chef très actif et attentif à chaque départ. Grande solennité également lorsque seul l'effectif d'un quatuor à cordes joue sur scène et enfin, lors de l’épilogue qui s'achève sur un fantastique solo de violoncelle d'Eric Picard. Tandis que le son du violoncelle se meurt, les altos se mettent en action mais pour débuter le requiem de Berlioz. Composé pour une commande de l'Etat. Composé et créé en 1837, il requiert un large effectif orchestral et choral. Divisé en dix parties, ce requiem alterne entre une tonitruance impressionnante et un recueillement profond, emprunt de gravité.
La gravité, voici ce qui caractérise cette interprétation qui ne dépareille pas avec l’œuvre précédemment jouée. Les chœurs chantent le latin avec une prononciation à la française où les u restent des u. Dès l'Introït, le chant commence doucement dans une nuance piano parfaitement interprétée. La polyphonie entre les différentes voix fonctionne très bien, le chant étant d'une grande clarté, notamment dans la diction. Ces qualités se retrouvent également dans le Quaerens me chanté totalement a capela, où les sopranos s'illustrent dans des phrases déchirantes Sed tu bonus fac benigne, Ne perenni cremer igne (Mais toi, qui es bon, fais par ta miséricorde Que je ne brûle pas dans le feu éternel. Toi, qui as pardonné à Marie-Madeleine). L'Offertorium est également un grand moment. Le dynamisme de la battue n'empêche en aucun cas le recueillement et l'émotion. Enfin, cette gravité s'exprime à merveille dans le Sanctus avec l'aide du ténor canadien, Frédéric Antoun. Placé au premier balcon, loin de la scène, sa voix n'en est que mieux projetée dans l'ensemble de la grande salle de la philharmonie. Le chant est clair, le timbre coloré, chaleureux sur chaque intervention. Mais cela n'empêche en aucun cas une grande solennité, dans le dialogue avec le chœur. Gloire à toi ténor !
Mais ce Requiem n'est pas que recueillement et gravité. Il s'agit aussi de terreur et de grandiloquence ! Comme par exemple dans la puissance du Kyrie, l'inquiétant crescendo du Dies Irae, où aux voix de sopranos répondent des cordes basses. Et surtout ce Tuba mirum où les cuivres situés aux quatre coins de la salle crachent littéralement le feu. (De notre position du deuxième balcon, juste devant les cuivres, il était difficile d'entendre le chant pendant cette partie). Enfin, le Lacrymosa avec des cordes bien mordantes et une belle cohésion des chœurs et de l'orchestre.
Durant ce requiem, Pablo Heras-Casado est resté soucieux des équilibres des nuances et des contrastes. Mais il est aussi resté soucieux du texte. Comme par exemple le Rex Tremendae vif tout le long, à l'aide d'accélérations qui permettaient d'être Poco animato comme noté sur la partition. Il en ressort une interprétation lumineuse, recueillie. L'aspect outrancier de Berlioz étant relégué ici au second plan. Pas de tremblement ici, pas de stupeur, juste de la gravité dans l'émotion.
*Compte rendu du concert du 21 février
Ébloui par la foudroyante interprétation du Requiem de #Berlioz ce soir par @OrchestreParis @CnsmdParis @ch_OrchParis. Orchestre transcendé, chœur inégalable, @herascasado démiurge au-dessus des nuages. Une autre sphère. pic.twitter.com/O92oM1T4a0
— Olivier Lalane (@OlivierLalane) 21 février 2019
Alors ce requiem de Berlioz, bien meilleur qu’à la générale de mardi ! Des moments intenses, des moments de recueillement. Interprétation honnête de Casado à la tête de @OrchestreParis à la @philharmonie ! #Berlioz150 pic.twitter.com/Eoni33M4xp
— Andika 🇫🇷⭐️⭐️ (@Nyantho) 21 février 2019
Extraordinaire moment ! Intense, sublime. Orchestre merveilleux qui (essaie) de s'accrocher à un Heras Casado extrêmement inspiré.
— Grégoire (@Gregounet_) 21 février 2019
Pas décroché un seul instant c'était grandiose ! pic.twitter.com/MeLrWxJr5O
Requiem, de monsieur Berlioz. Soirée sacrée. pic.twitter.com/6JC3LNLOcn
— GrégoireA (@allmightygreg) 21 février 2019
À la @philharmonie, en attendant le Requiem d’Hector Berlioz dirigé par @herascasado. pic.twitter.com/sgfYyMxi12
— Léo Barruol (@LBarruol) 21 février 2019
Encore du gros œuvre sonore ce soir avec le Requiem de Berlioz ! Ça fait plaisir ! @philharmonie @OrchestreParis pic.twitter.com/S7H8PlEAco
— Sarah Brun (@Adora63) 21 février 2019
Bravo aux formidables chanteurs de @ch_OrchParis et @orfeonDonostiar ainsi qu’aux musiciens de l’@OrchestreParis et du @CnsmdParis pour ce Requiem de Berlioz où ils sont allés aux limites d’eux-mêmes sous la direction de @herascasado pic.twitter.com/Gckiy59HuV
— Frederique Reibell (@FredReibell) 21 février 2019
Les artistes basques sont là #OrfeónDonostiarra #Berlioz #Requiem @herascasado @OrchestreParis @ch_OrchParis @CnsmdParis pic.twitter.com/2E2Lct8wzM
— Gilles Lesur (@GLesur) 21 février 2019
Requiem de Berlioz! Ce soir encore à la @philharmonie et à voir, revoir en streaming sur @ARTEconcertFR 👉 https://t.co/GeRl2ifmyu
— Pablo Heras-Casado (@herascasado) 21 février 2019
▬
Berlioz's Requiem! Tonight again at the Philharmonie de Paris or on demand on ARTE: 👉 https://t.co/GeRl2ifmyu @OrchestreParis pic.twitter.com/wGgIddHdd6
• Lutosławski, Musique funèbre & Berlioz, Grande Messe des morts
— Adalbéron Palatnīk (@adalberon_pala) 21 février 2019
[Pablo Heras-Casado, Orchestre de Paris, Orchestre du Conservatoire de Paris, Choeur de l'Orchestre de Paris, Choeur Orfeon Donostiarra — Frédéric Antoun]@philharmonie pic.twitter.com/MssFuHvfBW
Très beau Requiem de Berlioz hier soir à la @philharmonie , merci à l'orchestre de @OrchestreParis et à celui du conservatoire, aux choeurs d'une grande subtilité, merci au maestro @herascasado qui a montré un Berlioz tout à la fois héroïque et sensible, au splendide ténor Antoun pic.twitter.com/haakeE1ylb
— ADAM HELENE (@ADAMHelene) 21 février 2019
Monumental requiem de Berlioz à la @philharmonie dirigé par P.Heras Casado avec @OrchestreParis et celui du @CnsmdParis ! pic.twitter.com/x4dDbGyyEz
— sandra lagumina (@LaguminaS) 21 février 2019
Si je devais mourir un jour, je demande aux orchestres de Paris (et son chœur) et du Conservatoire national de Musique d'interpréter une aussi belle Grande Messe des Morts que celle de ce soir, qui est en même temps célébration de la mort, de la résurrection et de la vie. pic.twitter.com/jjcRKH0rXi
— Benjamin Randow (@benjaminrandow) 21 février 2019
Mais quel époustouflant, sensationnel Requiem ce soir !!! @herascasado transcende les 120 musiciens de l’@OrchestreParis et du @CnsmdParis et les 190 choristes de l’OP et de l’#OrfeónDonostiarra !
— Guillaume Giraudon (@Guiguiii94) 21 février 2019
LE CONCERT DE LA SAISON DE LA SAISON à la @philharmonie !!!
Berlioz au Panthéon !!! pic.twitter.com/KhGopO3NcG
Œuvre étrange que ce Requiem de Berlioz, d’un caractère souvent à rebours du texte : le Requiem d’ouverture est plus une injonction impatiente qu’une prière, Dies Irae et Rex Tremendae paisibles, Lacrimosa guilleret... pic.twitter.com/cPWaib2a4O
— Freak McLyric (@FreakMcLyric) 21 février 2019
Jeune ouvreuse lisant @monachollet pendant le requiem de Berlioz ce soir 💙 pic.twitter.com/P1Tqb9wiqv
— Camille (@camillepajot) 21 février 2019
Ce soir @philharmonie @OrchestreParis @herascasado pic.twitter.com/JrH7NLGpRs
— Selen 🎵 (@SelensClassical) 21 février 2019
À la @philharmonie pour une soirée bien vivante au cours de laquelle la Grande Messe des Morts d'Hector Berlioz sera interprétée par l'Orchestre et le Chœur de Paris, ainsi que le Conservatoire national supérieur de Musique de Paris sous la direction de Pablo Heras-Casado. pic.twitter.com/sIdTiCzdCK
— Benjamin Randow (@benjaminrandow) 21 février 2019
Programme du concert
La délicate déploration de Lutoslawski prélude au colossal Requiem de Berlioz, partition de tous les superlatifs qui requiert un effectif hors norme unissant deux orchestres et chœurs placés s...
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-vocal/19215-berlioz-requiem