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Publié par andika

En cette période estivale, on quitte la saison régulière pour basculer dans le monde des festivals. Moins de concerts à Paris, la concurrence de la coupe du monde de football et voici que je mets deux semaines à pondre le compte rendu d'un concert qui s'est tenu le jeudi 14 juin 2018 à la Philharmonie de Paris. Chose rare selon mes propres standards, qui se justifie par quelques chamboulements récents qui sont intervenus dans mon quotidien. Mais je répare aujourd'hui ce manquement, chers lecteurs avec, ce concert de l'Orchestre de Paris de Paris qui était dirigé pour l'occasion par la cheffe d’orchestre Karina Canellakis. Alors la fraîcheur convoquée en titre de ce texte ne se résume pas au sexe de la musicienne ou même à sa jeunesse. Non, il s'agit de la fraicheur du programme et de l'interprétation pour les débuts de cette cheffe avec l'Orchestre de Paris dans une relation qui a toutes les chances de s'avérer fructueuse. Avec tout d'abord la Fantaisie symphonique d'après  La femme sans ombre  (1946) de Richard Strauss, puis le Concerto pour violon n°2 (1933) de Karol Szymanowski, avec la violoniste Nicola Benedetti en soliste, et enfin les Danses symphoniques (1941) de Serge Rachmaninov.

Fraicheur de Strauss tout d'abord, brillant chef d'orchestre, et non moins brillant compositeur d'opéras qui tire ici la sève de la Femme sans ombre pour donner une œuvre symphonique très intéressante, qui permet de voguer à travers les thèmes de l'opéra en version un peu accélérée. On sent l'arrière plan de l'opéra et des effets dramatiques dans l'utilisation de certains timbres, notamment un début aux cuivres puis une reprise du thème plus classique aux cordes. L'orchestre est très coloré, le légato est très beau, le son est chatoyant, la direction de Canellakis très avisée.

Changement d'ambiance avec Szymanowski et son Concerto pour violon n°2. Compositeur moins joué et moins connu (par moi, qui ne le connaissais absolument pas avant) que son prédécesseur. Et pourtant, sa musique mérité à être connue ! Tout d'abord une merveilleuse orchestration, notamment avec l'usage de la caisse claire et du piano. Tout cela est très moderne et on sent une grande subtilité dans les choix du compositeurs, notamment par l'usage du col lengo aux cordes qui deviennent alors de véritables percussions. Au niveau de l'interprétation, la cheffe insuffle beaucoup de rythme tout en maintenant les équilibres, Nicola Benedetti est quant à elle très sonore avec son violon. Son son est ample, vibré, mélodieux, clair. Elle offre beaucoup de couleurs dans sa cadence, dans un ton assez impressionniste, avec beaucoup de virtuosité. Enfin, il y a même des passages quasi chambristes, notamment un beau duo entre le violon solo et le hautbois d'Alexandre Gattet. Le bis quant à lui était inspiré du poète écossais Robert Burns, tout comme Nicola Benedetti qui est définitivement une violoniste à suivre.

Après l'entracte, le main event. Déjà les deuxième Danses symphoniques de ma saison après le concert de l'ONF fin 2017. Ultime composition de Rachmaninov, dédiée au chef Ormandy et son orchestre de Philadelphie, elle est d'une modernité et d'un impact saisissants. Le Non allegro commence avec une petite harmonie qui s'en donne à cœur joie. Paavo Jarvi, l'ancien directeur musical de l'orchestre disait que le pupitre des bois de l'orchestre était rempli de stars, et une soirée comme cela ne peut que lui donner raison. Mais le reste de l'orchestre ne déparait pas, avec une phrasé très net modelé par la cheffe, des cordes souples, précises, ciselées, avec un thème qui revient toujours plus fort. Le deuxième thème est joué quant à lui avec beaucoup de pathos, que ce soit au hautbois, à la clarinette, au saxophone ou à la flûte. Tout cela procure des frissons. L'Andante sur le tempo de la valse quant à lui étonne. Le rythme n'est pas l'élément le plus important dans la lecture de Canellakis. La pulsation est très rapide mais permet d'aérer le son son, d'offrir du contraste, du rebond, de la flexibilité. Ainsi, un vent de fraicheur traverse l'orchestre, comme si on ouvrait les portes et le fenêtres et qu'on se délectait de toutes ses saveurs, à savoir, les sons. Ainsi, on prend plaisir à entendre grincer le hautbois, le cor anglais ou encore le violon solo dans leurs parties respectives. Enfin, le finale alternant deux thèmes dont celui du Dies Iriae était bien guerrier et a permis de terminer la soirée sur une note très intense et un véritable vent de fraîcheur. Que de belles découvertes, une sacrée chef, un sacré compositeur. Et d'un autre côté, une belle redécouverte également avec ces Danses symphoniques dont on ne se lasse pas.

 

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