Dialogue tonitruant entre Boris Berezovsky et l'Orchestre Philharmonique de Radio France
Concerto pour piano n°1 de Liszt
Rencontrer une idole de jeunesse n'est pas une expérience anodine. C'est ce qui est arrivé à l'auteur de ces lignes le vendredi 13 avril 2018 à la maison de la radio. En effet, pour cette soirée, l'Orchestre Philharmonique de Radio France avait mis les petits plats dans les grands en invitant l'immense pianiste russe, Boris Beresovsky. Dirigé pour l'occasion par le jeune chef allemand, Costantin Trinks dans un programme résolument vivifiant. D'un côté, le Concerto pour piano n°1 et la Danse macabre de Franz Liszt, sommets de la virtuosité pianistique, et de l'autre, la trop peu jouée Symphonie n°1 de Hans Rott.
Beresovsky, c'est la fougue, la force, le souvenir d'un récital visionné en DVD où il cassait une corde. Une exubérance dans le concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski, une présence physique imposante. C'est que le monsieur doit bien peser son quintal, immense par la taille et aussi par le talent. Rien de moins que la foudre tombe de ses mains dans le début du concerto de Liszt, où il domine sans difficulté l'orchestre, il déploie une puissance incroyable tout en conservant une clarté sans faille. Il est capable de la plus grande brutalité comme de la plus extrême douceur. De son côté, l'orchestre pétille dans ce thème diabolique, instaurant un dialogue basé sur l'écoute mutuelle, une vraie symbiose dans l'allegro maestoso initial. L'ambiance est plus recueillie dans le quasi adagio, on peut profiter du phrasé exemplaire du pianiste, dans une ambiance assez intimiste. Avant de retourner à quelque chose de bien plus rapide, brillant, espiègle, virtuose, et tonitruant sur la fin, à souligner les aigus de rêve du pianiste, articulés de manière si nette.
La Totentanz continue dans cette optique de virtuosité, en l'étant même davantage. Un pianiste toujours aussi terrifique dans ce thème et variation méphistophélique qui happe par sa force brute, tant à l'orchestre qu'au piano. Après une ovation tout ce qu'il y a de plus soviétique, pianiste et orchestres offrent en bis le final du concerto, de quoi satisfaire les retardataires qui avaient manqué ces pages mémorables.
Après l'entracte, changement d'ambiance. Plus de piano, juste l'orchestre dans la quelque peu méconnue symphonie n°1 de Hans Rott. En effet, il n'est pas anodin qu'une partition attende plus d'un siècle pour être créée. Bien qu'achevée en 1880, la première exécution de cette symphonie date de 1989 ! Cela sans doute en raison de la cabale de Brahms à son encontre et surtout, la mort précoce du compositeur dans un asile.
Et pourtant, il ne s'agit pas ici d'une musique folle. Bien au contraire, elle est admirablement bien charpentée, construite, orchestrée. Elle rappelle Wagner, Bruckner et Mahler mais trace son propre sillon. Le chef, Constantin Trinks s'échine justement à suivre ce chemin en veillant à bien mettre en valeur cette construction, la lisibilité des phrases construites sur de très nombreuses mesures, crescendos allant dans une progression précise, alliage des timbres, précision des attaques, équilibre des pupitres, un grand soin est apporté à tous ces éléments. La tension et l'attention ne retombant jamais. Ainsi, l'Allegro Breve initial rappelait le style d'une ouverture wagnerienne, construit sur un grand crescendo des cordes avant de laisser les cuivres se déchaîner à pleine puissance, tandis que le mouvement lent en II dilatait le temps dans le style de Bruckner avant d'en arriver à un scherzo frénétique, tranchant avec un déchaînement de cordes, dont les archets s'abimaient. Le III convoquait aussi la danse avec des mesures à trois temps et une pointe d'humour. On ne peut savoir qui influence qui entre Mahler et Rott ici. A souligner ici la précision des attaques et l'engagement total de l'orchestre dans ces pages d'une folle intensité. Le IV quant à lui offre un final en clair obscure basé sur une orchestration magnifique ou les contrebasses fusionnent avec le contrebasson et les cuivres, qui eux, se déchaînent (en reprenant notamment le thème du I aux cors). Cet alliage de timbre offre des vibrations impressionnante où la musique pénètre le corps de l'auditeur. L’ouïe n'est pas le seul sens convoqué lorsqu'on s’immerge dans cette musique, loin de là. Une fantastique découverte, encore une belle soirée passée en compagnie du Philhar.
Totentanz
Berezovsky fait ce qu'il veut, même dans Liszt avec le Concerto 1 puis la Totentanz, avec le @PhilharRF dirigé par Constantin Trinks pic.twitter.com/Dv3cTI09mS
— Vincent Guillemin (@vtguillemin) 13 avril 2018
Constantin Trinks plutôt que de se servir du @PhilharRF lui demande des sons qu'il ne sait pas faire et le compacte voire le durcit dans une Symphonie de Rott qu'il avait jouée bien mieux à Salzburg trois ans plus tôt. Déçu 😔 pic.twitter.com/uptdxokjCy
— Vincent Guillemin (@vtguillemin) 13 avril 2018
#ConcertSurSol #93
— Carnets sur sol (@carnetsol) 13 avril 2018
La Symphonie en mi,opus magnum de Hans Rott (avec son merveilleux Quatuor):
∆ premier mouvement aux mélodies wagnériennes (heaume inclus !),
∆ adagio brucknérien errant,
∆ scherzo pillé par Mahler,
∆ final à variations brahmsien démesuré.
Jouissif partout. pic.twitter.com/qBoK6s7HdL
Première Symphonie de Hans Rott (1858-84) - " Ce que la musique a perdu avec lui est incommensurable. (...) Il est si proche de ce qui m'est le plus personnel que lui et moi apparaissons comme deux fruits du même arbre." Gustav Mahler pic.twitter.com/x1ZKa5Nkjh
— Benjamin Randow (@benjaminrandow) 13 avril 2018
Ce soir à la @Maisondelaradio : Concerto n°1 et Totentanz de Liszt et Symphonie n°1 de Rott par B. Berezovsky, @ctrinks et @PhilharRF pic.twitter.com/BZkfKPaOvA
— Laupéra (@LVissidarte) 13 avril 2018
Concert Franz Liszt / Hans Rott à la @Maisondelaradio par B. Berezovsky, @ctrinks et @PhilharRF pic.twitter.com/oyYKvJYpez
— Laupéra (@LVissidarte) 16 avril 2018
Boris Berezovsky, puissant soliste dans le 1er concerto de Liszt vendredi puis chambriste généreux dimanche dans le quintette de Dvorak avec les musiciens du @PhilharRF @francemusique 😊 pic.twitter.com/8oW0QW3fjz
— Jean-Marc Bador (@jmbador) 15 avril 2018
Boris Berezovsky joue #Liszt avec le @PhilharRF et @ctrinks à @radiofrance pic.twitter.com/k8Zb3jA89t
— PhilharRF (@PhilharRF) 13 avril 2018
Terrifiant Boris Berezovsky dans ce concerto pour piano n•1 de Liszt ! pic.twitter.com/7hHrojghN5
— Andika (@Nyantho) 13 avril 2018
Danse macabre de la terreur de Boris Berezovsky et du @PhilharRF ! On en sort sonné, le piano est définitivement un instrument percussif ! Le voir en vrai est une expérience incroyable ! pic.twitter.com/HxfWYyp16x
— Andika (@Nyantho) 13 avril 2018
Très belle découverte cette symphonie n•1 de Hans Rott, on sent toute la fougue et la jeunesse de ce compositeur qui est aux confluences de Bruckner, Wagner et Mahler. Très grand @PhilharRF dirigé de main de maître par @ctrinks ! pic.twitter.com/KcpHlQ9uUi
— Andika (@Nyantho) 13 avril 2018
Symphonie n°1 de Hans Rott
Ébloui par la musique de Wagner, encouragé par Bruckner, peu compris par Brahms, Hans Rott est mort à vingt-cinq ans. " Ce que la musique a perdu avec lui est incommensurable : son génie s'envo...
http://www.maisondelaradio.fr/evenement/concert-symphonique/liszt-danse-macabre