Weilerstein et l'Orchestre Philharmonique de Radio France: Une danse moderne
C'est toujours un plaisir de retrouver des artistes découverts lors de concerts réussis. Tel a été le cas avec Joshua Weilerstein découvert en 2016 au festival de Saint-Denis, et Emanuel Ax, découvert en 2014 à Pleyel.
L'Orchestre Philharmonique de Radio France pour son concert du vendredi 23 mars 2018 avait un programme résolument moderne, avec des œuvres allant du 20ème au 21ème siècle. Dirigé pour l'occasion par le jeune chef américain Joshua Weilerstein, en commençant tout d'abord par On the Town, Three Dance Episodes de Leonard Bernstein, puis le concerto pour piano de HK Gruber en création française, avec Emanuel Ax au piano, à qui l’œuvre est dédiée. Après l'entracte, place à La Création du monde de Darius Milhaud et enfin l'Oiseau de feu d'Igor Stravinsky !
En cette période de célébration du centenaire de la naissance de Bernstein, entre une Mass et un Kaddish, la musique proposée cette fois-ci est purement profane, diablement jazzy et surtout très dansante. Le chef ne s'y trompant pas, dirigeant avec l'ensemble de son corps et n'hésitant pas à se déhancher. Le jeu le l'orchestre suivant le jeu du corps, on entend des attaques franches, des cuivres rutilants (surtout les trombones) dans le premier épisode intitulé The Great Lover Displays Himself. Le Pas de deux suivant est beaucoup plus calme, la parole est ici à la trompette et les cordes sont en forme, surtout dans l'élan d'un immense crescendo du plus bel effet. A souligner un merveilleux solo de hautbois. Enfin, le troisième épisode, noté Times Square : 1944 est le plus jazzy. L'usage de la petite clarinette donne une couleur particulière, assez espiègle, et les percussions, notamment la batterie, permettent à l'ensemble d'être très dansant tandis que les cuivres continuent d'impressionner. Grand sens du spectacle et de la danse, de la part du chef et de l'orchestre, pour bien commencer la soirée.
Changement de ton avec le concerto pour piano de Gruber. Une création est toujours un moment particulier car par définition, le public est amené à découvrir l’œuvre. Même si elle avait déjà été créée à l'étranger (2014), elle n'était pas encore parvenue jusqu'à nos oreilles. Mais pourquoi une création est si importante ? Car le commentaires qu'elle va susciter seront attachés à l’œuvre si elle parvient à la postérité. Et que dire de ce concerto pour piano ? Citer le programme ?
Il s’agit d’un mouvement unique, d’une seule coulée, où le piano dialogue avec l’orchestre dans l’esprit du free jazz : de grandes bouffées d’improvisation s’insèrent dans des séquences traitées sous forme de variations.
Esprit d'improvisation, de free jazz et pourtant, le pianiste Emanuel Ax arrive avec sa partition.Et par la suite, du jazz, on n'en aura qu'une idée très évasive, éloignée. Cela commence avec un son très nasal aux cuivres et par la suite, ça continue péniblement. Une partition interminable où malgré les efforts du chef, de l'orchestre et du soliste, l'intérêt a tendance à baisser. On trouve le temps très long et le fin arrive comme une libération. Heureusement, le retour d'Emanuel Ax pour le bis permet enfin de l'entendre dans une musique enfin intéressante.
Après l'entracte, une autre création, mais celle du monde que l'on doit à Milhaud. Inspirée d'un mythe africain, matinée d'influences de musiques américaines, cette musique est pimpante ! L’orchestration est riquiqui, on dénombre davantage d'instruments à vent que de cordes. Qui dit petit orchestre dit rôle prépondérant des solistes, c'est ainsi qu'on apprécie un saxophone solo phénoménal, une clarinette solo merveilleuse, un piano qui accompagne bien. L'ensemble ressemble à un bon gros bœuf, et c'est très plaisant. On a droit à des rythmes syncopés, à une belle pulsation. Le thème de six notes entre dans le crâne, l'énergie du chef se répercute à l'orchestre et même si la formation est petite, ça n'en est pas moins intense, marquant, une belle réussite.
Enfin, le fameux oiseau de feu, l'événement de la soirée. Une fois de plus, c'est la suite de 1919 qui est donnée, à savoir une version un peu courte pour celles et ceux qui aiment cette œuvre. On y retrouve encore beaucoup de danse, les nuances sont très belles, maitrisées avec des pianos assez sidérants. Cela permet de créer des dynamiques et des contrastes impressionnants lorsque les accords du tutti sont fortissimos, avec une grosse caisse qui claque bien. L'ensemble est dans le genre brutal, triomphal dans le final où le chef communique encore beaucoup d'énergie. Une vraie claque pour une très belle soirée de musique. Un répertoire résolument moderne et dansant maitrisé par ce jeune chef, définitvement moderne justement.
Weilerstein, frère de sa soeur et fils de son père... voyons voir en vrai et sans a priori!
— Vincent Guillemin (@vtguillemin) 23 mars 2018
J'avoue tout de même être surtout là pour le Concerto de HK Gruber et @EmanuelAx ! pic.twitter.com/dyOCmYnjPU
Joshua Weilerstein vivace dans Bernstein en ouverture, puis en accord avec @EmanuelAx pour le Concerto post romantique aux accords jazzies de HK Gruber (dont j'avais tout de même préféré le Cto pour trompette). @PhilharRF aux accents états-uniens!! 🎺🎶 pic.twitter.com/M3QSL9FxDj
— Vincent Guillemin (@vtguillemin) 23 mars 2018
Belle découverte que ce Joshua Weilerstein, mais si dans Milhaud l'instant se suffit au tout, cela pêche un peu dans L'Oiseau de Feu (suite de 1919) ensuite, malgré un superbe @PhilharRF (1er basson!!) pic.twitter.com/fQRxkVssHK
— Vincent Guillemin (@vtguillemin) 23 mars 2018
Bernstein une fois de plus honoré avec cette belle interprétation de On the Town par le @PhilharRF ! Ça fait plaisir de retrouver Joshua Weilerstein 2 ans après le festival de daint Denis :) pic.twitter.com/NNIe7nKCGr
— Andika (@Nyantho) 23 mars 2018
Le concerto pour piano de HK Gruber était spécial. Heureusement Emmanuel Ax a fait un très beau bis. Je l’avais adoré dans le concerto n•2 de Brahms il y a 4 ans à Pleyel. pic.twitter.com/iSO0NNKuBC
— Andika (@Nyantho) 23 mars 2018
Orchestration riquiqui où les vents étaient en surnombre par rapport aux cordes. Ce thème qui part du saxophone et qui est repris inlassablement, 6 petites notes enchanteresses. Une belle découverte. Milhaud je connaissais de nom mais je n’avais jamais écouté.
— Andika (@Nyantho) 23 mars 2018
Un oiseau 🦅 de feu du genre brutal, triomphal pour finir ! Excellent concert. J’aime beaucoup ce chef, @joshweilerstein ! Et le @PhilharRF plus besoin de préciser à quel point je l’aime ! pic.twitter.com/N2QY4kXlYP
— Andika (@Nyantho) 23 mars 2018
L'Oiseau de feu, version de 1919. Composé par Stravinsky. La 1ere version est de 1909 et Stravinsky a alors 27 ans pic.twitter.com/7ErApOwMKf
— br (@BernardDim) 24 mars 2018
Joshua Weilerstein et l’Orchestre Philharmonique de Radio-France @ Maison de la Radio https://t.co/1eVHTdhvxl
— Laurent (@parisbroadway) 23 mars 2018
Une création d'HK Gruber avec @EmanuelAx, la création du monde de Milhaud et l'oiseau de feu de Stravinsky... Bravo à @joshweilerstein. Un programme typique du @PhilharRF devant un auditorium plein à craquer 😊 A retrouver sur @francemusique pic.twitter.com/yzmFnqbcrA
— Jean-Marc Bador (@jmbador) 24 mars 2018
Joshua Weilerstein dirige l'une des plus brillantes comédies musicales de Bernstein et L'Oiseau de feu de Stravinsky
http://www.maisondelaradio.fr/evenement/concert-symphonique/loiseau-de-feu