Der Hauptmann: L'usurpateur, parfaitement malsain
Encore un film en langue allemande qui parvient de ce côté du Rhin et encore une réussite ! L'histoire est celle d'une jeune caporal allemand, pris en chasse par des frères d'armes à l'arrière du front, à deux semaines de la capitulation du régime nazi. Dans sa fuite, le jeune Herold trouve l'uniforme d'un capitaine de l'armée de l'air et c'est là que commence son mensonge.
Il se fait passer pour un capitaine envoyé spécialement à l'arrière du front par Hitler. Il est étonnant tout d'abord de constater qu'un régime tel que l'Allemagne nazie répondait encore à des règles, même en plein écroulement. Le malaise vient justement de ce que ces règles existent alors qu'on sait pertinemment à quel point le régime est criminel. En effet, les déserteurs rattrapés ne peuvent pas être exécutés sans somation dans le camp, ils dépendent de la justice.
Avoir un usurpateur pour héros qui au moindre faux pas peut être confondu rend l'ambiance malsaine. Le contexte de la guerre existe et pourtant l'arrière semble calme. Il s'y passe une action qui ne ressemble pas à la guerre. Pillages, vols, viols, exactions alors qu'au loin, des soldats meurent pour défendre ce qui reste à défendre. Ainsi, plusieurs fois, une image est au premier plan et il se passe tout autre chose à l'arrière plan, pour bien souligner cette idée que l'action se passe à l'arrière.
Plus le jeune usurpateur avance, plus il gagne en assurance. Rapidement épaulé par d'autres soldats, ils en viennent à commettre des atrocités innommables qui ont pour effet de déliter rapidement la santé mentale de tous cs protagonistes. En effet, les exécutions sommaires deviennent de plus en plus atroces. Ainsi, la présence d'une scène d'orgie n'est pas étonnante, et rappellera le film La Chute (2005). Il faut bien faire passer le traumatisme. Le noir et blanc renforce la froideur d l'ensemble, avec une photographie sèche. Une sorte de voyage en enfer où l'absurde se confronte à la violence brute. Ainsi, la séquence du générique final est salvatrice. La troupe de choc du capitaine se retrouve des les rues allemandes mais en 2017, et elle continue ses exactions. Le décalage ainsi créé permet de renforcer l'effet glaçant de ce film.