Un concert pas comme les autres
Je vais vous conter l’aventure qu’a constituée le concert auquel j’ai assisté le samedi 9 avril 2016. Il est résolument différent de ce que j’ai l’habitude de faire. Point de philharmonie ce soir-là, ni de maison de la radio, encore moins d’opéra. Non, je reviens à mes anciennes habitudes un peu plus pittoresques, comme lorsque j’allais écouter des concerts dans la chapelle de mon lycée ou encore dans une église. En effet, ce concert s’est déroulé sur le campus d’Orsay, et l’orchestre était loin d’être professionnel, il s’agissait de l’orchestre symphonique du campus d’Orsay. Je dois avouer qu’il porte très bien son nom. Je connais cette formation de nom depuis un certain temps, mais depuis que je suis inscrit à l’université Paris Sud, je n’avais jamais pris le temps d’aller l’écouter. Mais un programme Haydn et Beethoven plus tard, je n’avais plus d’excuse pour les éviter. Ils ont su comment me prendre !
Je renifle les concerts désormais, j’essaie de ne jamais manquer une bonne opportunité lorsque j’en ai le temps et celle-ci était immanquable pour moi et j’ai vraiment vécu une soirée inoubliable pour diverses raisons. Pas tant le programme qui comportait le concerto pour orgue n°2 de Haydn et la symphonie Pastorale, que pour les difficultés que j’ai rencontrées pour parvenir jusqu’à la salle de concert qui n’était autre que le grand amphithéâtre de maths.
C’était également un concert pas comme les autres car j’ai réussi à y attirer ma copine. Mais c’est parti en vrilles. Sur le site de l’OSCO ainsi que sur la brochure du concert, ils disent bel et bien de descendre à la station RER le Guichet, ce que nous avons fait. Grave erreur. Se promener dans Orsay un samedi soir, puis sur le plateau, dans le campus, en plein milieu d’un chantier, totalement perdus, avec un GSP qui nous dit qu’on est arrivé alors qu’on est au milieu de nulle part constitue définitivement une des expériences les plus humiliantes de ma vie. Heureusement, je me suis aperçu à un moment où nous étions précisément, et j’ai su comment parvenir jusqu’au bon endroit. Il fallait pour cela descendre du plateau en empruntant un escalier en pleine forêt. Sur le chemin, nous avons croisé un chevreuil qui allait en sens inverse. Je ne plaisante pas… Un chevreuil dans un campus. Toutefois, ma copine ne m’a pas fait de scène et ne m’a pas quitté, je lui en suis très reconnaissant. Et je suis aussi très soulagé que cette aventure se soit déroulée au printemps, moment de l’année où la nuit tombe assez tardivement…
Après cet intermède, parlons maintenant de musique. Comme dit plus haut, le programme était composé de Haydn et Beethoven. Mais il y avait également des œuvres pour piano en première partie, interprétées par Vital Chauve, l’organiste solo qui effectuait donc un petit échauffement que nous avons naturellement manqué. Cette promenade sur le campus nous a fait arriver en retard mais Dieu merci, pas fait manquer le gros du programme. D’ailleurs, il s’agit d’un programme cohérent. Haydn et Beethoven vont ensemble, c’est indéniable. Le premier a été le maître du second et quoi qu’on en pense, l’a influencé bien que Beethoven se soit rapidement émancipé. Leur relation était complexe mais les deux bougres se respectaient. Un très bon ami à moi m’avait même dit lorsque j’étais plus jeune que les deux premières symphonies de Beethoven étaient du pur Haydn ! Manque de pot pour le maître, ce soir-là, c’était la sixième qui était interprétée.
Concerto pour orgue n°2 de Haydn
Quand j’ai lu concerto pour orgue sur le programme, je me suis demandé quelle sorte d’orgue on pouvait mettre dans un amphithéâtre. La réponse, c’est un orgue électrique. Enfin, c’est l’impression que j’ai eue, je ne suis pas allé inspecter l’instrument. Il était tout petit, et derrière l’orchestre, avec les instruments à vents, cuivres, bois. C’est logique d’ailleurs, l’orgue est un instrument à vent. Je me suis souvenu de ce bel orgue que j’avais visité dans la chapelle du lycée Saint-Charles et j’ai regretté que ce ne soit pas celui-ci que j’entende à l’occasion de ce concert.
Quant au concerto de Haydn, je l’ai trouvé anecdotique, l’orchestre était d’ailleurs assez réduit. En tout cas, il avait le mérite de ne pas être trop long et j’ai eu par conséquent l’occasion d’arriver très rapidement à…
Symphonie n°6 « Pastorale » de Beethoven
Ah la Pastorale, j’ai l’impression de toujours l’avoir connue. Mon histoire commence avec le roman éponyme d’André Gide que j’ai lu au lycée. Par la suite, je l’ai écoutée à de nombreuses reprises. Et d’ailleurs, elle cadrait bien avec ma soirée. Il était pour le moins insolite que je me perde en forêt le soir où j’allais écouter cette symphonie qui est en harmonie avec la nature ! Il n’y a pas de hasard ! Cette symphonie comporte 5 mouvements, qui sont chacun accompagnés de petits textes. Ces mouvements portent des noms assez inhabituels, Eveil d’impressions agréables en arrivant à la campagne, Scène au bord du ruisseau, Joyeuse assemblée de paysans, le Tonnerre/Orage, Sentiments joyeux et reconnaissants après l’orage.
Et les instruments vont réellement nous mimer la nature. Le chant des oiseaux avec les flûtes, les bassons et les hautbois. L’orage avec les cordes striées, l’harmonie de la quiétude finale après l’orage. Il y a un grand nombre de solos, beaucoup de pupitres sont mis en valeur.
Encore une fois, en concert, ça change tout. J’avais les larmes aux yeux lors de la scène du ruisseau qui était d’une beauté à couper le souffle. Au contraire, lors de l’orage, je ressentais une tension assez inquiétante, de plus, le chef Martin Barral vivait le truc à fond, n’hésitant pas à faire de grands gestes pour diriger, et même sauter sur son pupitre afin d’atteindre les fortissimos qu’il désirait.
Conclusion
Que c’est bon de changer de cadre, de ne pas s’embourgeoiser, d’aller à la rencontre d’autres choses. L’ambiance était conviviale et même familiale car le public était composé en grande partie des proches des musiciens. Musiciens qui sont amateurs je le rappelle, cet orchestre est composé majoritairement par des enseignants et chercheurs qui travaillent dans le secteur du campus d’Orsay et la qualité de leur son est fascinante. Un grand bravo à eux. De plus, dans cette ambiance légère, j’ai pu me permettre de capter quelques extraits vidéos ainsi que des photos, ainsi, le souvenir de ce concert vraiment pas comme les autres sera d’autant mieux ancré dans ma mémoire.
Orchestre symphonique du campus d'Orsay
L'orchestre donne une dizaine de concerts par an en Ile-de-France et recrute des musiciens amateurs, en particulier cordes, cors et trombone.