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Publié par andika

En avant propos de mon article, voici ce qu’écrit Peter Shaffer à propos du film dont il est scénariste et plus généralement de la pièce de théâtre qu’'il a écrite.

Ce n’'est pas une biographie de Wolfgang Amadeus Mozart. En brodant cette histoire autour de Mozart et de son rival Antonio Salieri, je n’'ai pas fait violence à la vérité historique de l’'homme Mozart, et encore moins de celle du musicien. Le film est, plus encore que la pièce, une célébration de la musique de Mozart. J’'ai rencontré Milos Forman à la première d’'Amadeus, au National Theatre de Londres, en novembre 1979. Il déclara sur le champ son désir d’adapter cette pièce, et, pendant deux ans, se tint fidèlement, passionnément à cette résolution. Ce fut une étonnante aventure. Dès le départ, nous étions convenus de ne pas traiter de l’'histoire « objective » de Mozart. Certes, nous avons intégré beaucoup d’éléments réels, méconnus et véridiques de la vie de Mozart. Mais nous nous sommes également octroyé la liberté traditionnelle du conteur d'’histoires d’'embellir notre récit d’'ornements fictifs et, surtout, d’'inventer des dénouements inattendus, propres à captiver le public. J’'avais tenu à symboliser le passage des Lumières au romantisme noir par l'’intervention du Messager Masqué. Dans le film, cette transition me semble plus efficacement suggérée par les interventions récurrentes de personnages masqués (qui soulignent aussi l’'intérêt de Mozart pour le thème de la mascarade, dont il tira d’admirables effets dans Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Cosi Fan Tutte). Ce qui me réjouit le plus dans cette résolution est que nous avons réussi une scène très efficace, cinématographiquement parlant, alors qu’'elle traite du sujet le moins photogénique qui soit : la musique. Le tournage en Tchécoslovaquie fut une expérience éprouvante, mais indispensable. Prague offre le décor le plus baroque et rococo d'’Europe. La guerre et les promoteurs ne l’ont pas altérée : on peut pointer la caméra en tous sens et ne cadrer que des maisons construites avant la mort de Mozart et chaque acteur, petit ou grand semblait parfaitement à l’'aise sous sa perruque. A contempler la foule des figurants écoutant Don Giovanni sur les lieux même de sa création, nous avons eu le sentiment miraculeux d’avoir ressuscité une époque.

AMADEUS : Une fantaisie basée sur des faits. Par Peter Shaffer

Après cette belle introduction, c’est donc à mon tour de prendre la parole pour parler de ce film fabuleux. Maintenant que nous avons balayé les réserves qui pourraient être émises sur les erreurs historiques, je voudrais commencer mon propos en disant que c’'est un film qui change une vie. En tous cas il a changé la mienne. Je me souviens bien de la première foi que j’ai vu Amadeus, c’était à l’'automne 2002, à Audierne en Bretagne, au cinéma,sur grand écran (ce qui soit dit en passant est une chance pour un film sorti de puis plus de vingt ans !) et sans ça, je ne me serais pas mis à jouer du piano ou encore à apprécier la musique classique, sans ce film Mozart serait presque un complet inconnu pour moi. Amadeus, même si l’intrigue est basée sur des faits complètements fictifs permet néanmoins d’appréhender la personnalité de Mozart et même de le découvrir, et à défaut de découvrir véritablement qui il est, on découvre la toute puissance de sa musique. En effet dans ce film, on brasse la musique de Mozart de son Requiem, à sa symphonie n°25 en passant par son concerto pour piano n°20. Des pièces maitresses dont les airs sont connus de tous, mais qu’il est bon d’avoir cette musique comme bande originale d’un film. Et d’ailleurs plus que Salieri, plus que Mozart, le vrai personnage principal de ce film n’est autre que la musique. La thèse de Salieri dans ce film est que Mozart ne compose rien d’autre que la musique de Dieu dont il serait l’instrument sur terre. En effet la précocité de Mozart ainsi que sont immense virtuosité peuvent amener à se demander si cette musique n’est pas surnaturelle (pour en avoir le coeœur net je vous invite à écouter le célèbre Andante du concerto pour piano n°21). Je ne sais pas si c’est avéré, mais en tout ce film a eu l’'effet d’'un appel pour moi et a éveillé ma curiosité. Sans Amadeus je serais un autre homme aujourd’hui’'hui j’en suis persuadé. Ce film a changé ma vie car il m'’a permis de voir ce qu’était le génie à l’'état brut. En effet personne ne conteste que Mozart était un génie, c’est aussi un très bon personnage de film, car bien que romancé, ce film permet de découvrir de nombreuses anecdotes sur Mozart comme par exemple le fait qu’aucune de ses partitions n’étaient raturées, ou qu'’il appréciait jouer au billard, ou encore qu ’il avait vu un présage de mort dans la commande de son requiem, la fausse commune, mais surtout, on découvre son goût de la liberté, et les prémices de ce qu'’est un musicien indépendant. En tant que personnage de film, le Mozart qui nous est dépeint est très attachant car victime de l’'histoire, mais qui ne craquerait pas devant cette folie douce et ce rire inimitable ? Malgré cela, il lui reste des moments de sérieux et de pur grâce comme dans la scène culte de la composition du requiem. Mozart est plus qu'’un homme dans ce film et dans notre imaginaire, car on ne compte plus ses exploits, mais surtout parce qu'’il est éternel de par sa musique qui continue à être jouée dans le monde entier. Et s'il fallait bien retenir une chose de ce personnages, c'’est bien sa musique qui n’'est rien d’autre qu’'exquise et qui éveille nos sens. En conclusion Amadeus ça veut dire aimé des Dieux, Mozart s’était surnommé ainsi en étant conscient de son don et à écouter sa musique comment le démentir ? Ce film issu d’'une pièce de théâtre est une célébration de sa musique et une expérience unique. Il fait passer par toutes les émotions en près de trois heures, on en ressort transformé, et si ça n’'est pas le cas, je peux vous affirmer que ce film ne vous laissera pas indifférent. Parfois la fiction est le meilleur moyen d'’honorer un personnage historique, ce film en est la preuve.

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