Coup de chance: Le film français de Woody Allen
Quel plaisir de retrouver le cinéma de Woody Allen à Paris avec Coup de chance, probablement son ultime opus. Mais cette fois-ci, il ne s'agit pas du Paris fantasmé de carte postale, à la vision américaine du décevant Midnight in Paris (2011). Non, cette fois-ci, le casting est 100% français, et il ne s'agit plus du regard fantasmé d'un américain sur la ville, mais au contraire, d'un marivaudage bien de chez nous ! Et comme dans Match Point (2005), la chance (ou le hasard), est le sujet.
Le hasard, les coïncidences, étonnent. Il n'y a pas forcément de sens à certains événements qui arrivent, ils arrivent voilà tout, et il ne faut pas spécialement s'attarder sur les circonstances de la survenue de telle ou telle chose. Ne pas s'appesantir sur la probabilité de la réalisation de telle péripétie mais au contraire la vivre pleinement, car la vie est courte.
Ainsi, Woody Allen distille ça et là que la vie est une suite de hasards. Hasard de naître déjà, comme chaque humain est le vainqueur d'une course âpre de spermatozoïdes. Chance de gagner au loto. Ou plus prosaïquement, le hasard merveilleux de croiser une ancienne camarade de classe, dont on était amoureux, Avenue Montaigne à Paris, juste devant le Théâtre des Champs-Élysées. Et c'est exactement ce qui arrive à Alain (Niels Schneider un peu monotone), écrivain, citoyen du monde. Il croise son béguin du lycée, la sublime Fanny Moreau, épouse Fournier (magnifique Lou de Laâge, qui joue le trouble à merveille).
De cette rencontre improbable va naître des réflexions philosophiques que le réalisateur affectionne. Qu'est ce que l'amour ? Quel est le sens de la vie ? Comment le hasard peut-il bouleverser autant de choses. Parce que oui, Fanny est mariée à Jean. Homme richissime, charmant et follement amoureux d'elle (excellent Melvil Poupaud, parfait dans le rôle du mari borderline). Et pour ne rien gâcher, il adore sa belle mère (parfaite Valérie Lemercier en mère protectrice, pleine d'humour et de perspicacité).
Dans sa description de la bourgeoisie parisienne, qui vit confortablement, passe ses week-end à la campagne, et ne parle que d'argent, Woody Allen frappe étonnamment juste. L'ensemble manque parfois un peu d'humour, mais on a plaisir à suivre ces personnages. Sachant pertinemment que l'histoire ne peut que dégénérer. Et lorsqu'elle dégénère, on n'est pas du tout déçu de l'imagination du scénariste, qui semblait avoir tout prévu. Visuellement, la ville de Paris est bien mise en valeur, mais surtout, on apprécie la photographie de la campagne avec de sublimes couleurs automnales. Aussi, en matière de mise en scène, les travelings dans certaines prises de vues sont très agréables, et mention spéciale à une scène où Jean est au téléphone, en contre jour, et apparait sombre à l'écran, pile au moment où il complote.
Woody Allen semble avoir parfaitement compris comment faire un film français. En montrant des gens riches et surtout leurs travers. Mais ici, il s'échine surtout à montrer que le hasard peut parfois bien faire les choses. Ce qui n'est pas désagréable.
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Fanny et Jean ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jou...
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=306013.html