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Publié par andika

James Gray revient cette année au cinéma avec un film très personnel qu'on jurerait autobiographique, et qui embrasse ses thèmes de prédilection. A savoir la famille, les conflits qui peuvent naitre en son sein, et parfois, l'envie de s'en éloigner pour certains. Et une fois de plus ici, la cellule familiale est juive, et l'étau de la communauté sur notre protagoniste s'en ressent. Cela dénote tout de même avec Ad Astra, son opus précédent.

Le protagoniste est le jeune Paul (épatant Banks Repeta), garçon étourdi, rêveur, qui a pour ambition de devenir artiste peintre, et qui ne se complait pas dans les règles de bienséance. Il préfère divaguer plutôt que de s'appliquer une discipline personnelle qui lui permettrait d'être conforme à ce que sa famille attend de lui. En effet, il ne cherche pas à plaire à sa famille, mais au contraire, à être cool parmi les jeunes. Ainsi, il va à l'école publique du quartier alors que son frère fréquente une institution privée stricte, où l'influence de Fred Trump est importante. Il se lie d'amitié avec le seul noir de sa classe alors que l'arrivée de d'afro américains dans son école du Queens semble déplaire à certains membres de sa famille. A eux deux, ils chahutent, partent à l'aventure, font les quatre cent coups.

Mais même si on veut rêver, s'affranchir des règles du monde, rester dans sa bulle et ne pas se conformer, la réalité nous rattrape. Et c'est ce que s'applique à nous montrer James Gray dans sa mise en scène. Ainsi, une scène dans le métro (sale) de New-York est un vigoureux retour sur Terre. Ou quand nos deux écoliers rêvent de NASA et que deux jeunes hommes qui les écoutent dans la rame leur font bien comprendre qu'ils divaguent, avec un ton assez vigoureux. La mort rôde également et avec elle, le passage obligé à l'âge adulte pour celui qui est endeuillé. Enfin, la liberté dont aimerait jouir Paul, se confronte aux idées plus terre à terre et conservatrices de son père Irving (intense Jeremy Strong), qui a sa manière propre de faire passer les messages. Et même sa mère finira par en avoir assez de ses illusions (Anne Hathaway parfaite en mère juive). Car les rêves d'un adolescent dépendent bien souvent de l'argent de ses parents.

L'envie de fuite de la cellule familiale quand la réalité devient insupportable, bien que compréhensible, est naturellement vaine. Et bien davantage encore non souhaitable. Et à force de se laisser guider par son imagination, la réalité frappe Paul de plus en plus durement. Et c'est ici que James Gray retrouve toute la mélancolie de Two Lovers, où Joaquin Phoenix voulait fuir les choix de sa famille pour un amour impossible. La fuite se transformant en cuisant échec, et la famille devenant un refuge confortable et somme toute pas si désagréable. Ici, l'exercice est renouvelé mais la leçon est plus profonde. Le carcan familial ici, n'est pas fait pour entraver mais au contraire, pour protéger les enfants d'un monde qui peut s'avérer très hostile aux doux rêveurs. Surtout lorsqu'ils sont issus de communautés qui peuvent connaitre la discrimination. Un film poignant qui parlera à l'intime de chacun de nous.

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