Psychose (1960): Dissociation
On ne présente plus Psychose d'Alfred Hitchcock mais pourtant, pour quelqu'un de ma génération, il n'est pas inhabituel de ne jamais avoir vu ce film. Cependant, la série UGC culte était l'occasion de le découvrir sur grand écran le jeudi 19 mai dernier.
Si on devait retenir un thème du film Psychose, c'est celui de la dissociation. Pas le double, mais bien la dissociation. Le double et son autre sont en tout point identiques. La dissociation en revanche, voit deux personnalités distinctes, s'exprimer au sein d'un même individu. Et chaque personnage de ce film est frappé, dans une certaine mesure, par cette affection. Marion Crane tout d'abord (magnifique Judith Leigh) employée modèle au bureau mais qui n'hésite pas à se muer en voleuse. De plus, jeune femme bien sous tous rapports, elle vit une relation extra maritale assez mal vue à l'époque. Son amant Sam, homme apparemment respectable d'un côté, mais qui de l'autre se complait dans sa relation clandestine avec Marion. Norman Bates (mythique Anthony Perkins), concierge affable d'un motel d'un côté, et homme clairement inquiétant et peu sur de lui de l'autre. Et le film lui même est sujet à cette même dissociation, lui qui commence comme une grande course poursuite paranoïaque autour des 40000$ dérobés, pour s'achever en thriller d'épouvante, où on ne sait pas d'où vient le danger.
La mise en scène est à cet égard exemplaire. La grammaire inventée par Hitchcock dans sa narration a posé les jalons pour le cinéma de ses successeurs. Des plans toujours équivoques, qui ne laissent aucun détail en route et gardent le spectateur en alerte. Un noir et blanc léché qui atténue un peu le choc de l'image mais permet aussi, une belle immersion.
Enfin, la partition de Bernard Hermann est un modèle qui illustre les scènes à la perfection, musique intense, stridente, tendue, marquante, avec des cordes vraiment effrayantes. Psychose est un film qui marque et dont on ne peut que se souvenir tant il approche de la perfection.