Nightmare Alley: Pas dupe
Nightmare Alley est un film qui a bonne presse mais qui ne reçoit pas le succès qu'il mérite selon ses admirateurs. Il est vrai qu'on le doit au réalisateur mexicain multi-récompensé, Guillermo Del Toro. Quatre ans après le merveilleux conte poétique qu'était La Forme de l'eau, il revient ici avec un long métrage plus sombre où le thème du monstre sera de nouveau évoqué. Mais le monstre ici est avant tout humain, ainsi, nulle trace de fantastique dans Nightmare Alley. La laideur se montre crue, de façon directe.
Et c'est peut-être le ton trop direct qui dessert le film. Stan, interprété par un sombre Bradley Cooper, ne laisse planer aucun mystère au spectateur. On le découvre nu, ses motivations ne sont pas dissimulées et son destin ne fait aucun doute. De la scène d'ouverture montrant un événement assez peu équivoque et très grave, à sa destinée dans le monde des forains, puis la gloire en ville avec son spectacle de mentaliste, tout son itinéraire est balisé.
Le monde de la fête foraine est celui de l'illusion, de l'amusement et de la légèreté. On y fuit les problèmes de son quotidien et on y fabrique des souvenirs doux. Pourtant, dans ce monde réside aussi des choses moins reluisantes. C'est ce que ce film explore avec maladresse. La galerie des personnages est assez intéressante, les comédiens sont tous excellents (Willem Defoe, Toni Colette, Rooney Mara), mais cette première partie n'est qu'une longue introduction pour le vrai corps du film. A savoir la confrontation entre Stan, et la psychiatre Lillith Ritter (Cate Blanchett parfaite en femme fatale).
Jamais le film ne cherche à semer le doute chez le spectateur. Jamais il ne cherche à le piéger ni à lui faire croire des choses surnaturelles, contrairement au traitement qu'il réserve aux personnages. Ce qui a pour conséquence qu'on passe son temps à voir des idiots se faire berner, au lieu de ressentir nous-même ce qui pourrait nous passer par la tête, dans la même situation. Le film souffre du fait que son spectateur n'est jamais dupe de rien. Alors que le terrain était fertile pour le doute et l’ambiguïté. L'exemple du Prestige de Christopher Nolan est à cet égard une référence. Ou si l'on préfère le vrai film noir, comment ne pas penser à Chinatown de Polanski.
Se priver du fantastique permet de disséquer l'hubris du protagoniste avec précision, mais cela perd le spectateur en route tant il devient étranger à toute émotion. L'ambiance n'est pas assez malsaine au fond, ce qui est bien dommage. Cependant, la réalisation est de grande qualité, et les comédiens sont tous excellents. De sorte que si Nightmare Alley n'a pas forcément beaucoup de succès en salle, c'est peut-être parce qu'il n'est pas si bon que cela.
Alors qu'il traverse une mauvaise passe, le charismatique Stanton Carlisle débarque dans une foire itinérante et parvient à s'attirer les bonnes grâces d'une voyante, Zeena et de son mari Pete,...
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