Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Publié par andika

Vous connaissez tous cette émission de télé réalité, avec l’inénarrable chef britannique Gordon Ramsay en pompier de service dans des restaurants en perdition. Nous avons même une version française de ce programme culte, Cauchemar en cuisine, avec le non moins télégénique Philippe Etchebest.

Le film The Chef (Boiling Point en VO à savoir point d’ébullition, insolite de traduire un titre en anglais par un autre titre en anglais), de Philip Barantini est une fiction illustrant parfaitement le principe de cette émission. Mais pas de sauvetage ici, pas de montage avantageux. Non, simplement une soirée, un long plan séquence, créant ainsi une véritable unité de lieu, de temps et d'action, comme au théâtre.

Le plan séquence est tout sauf un gadget dans la mise en scène de ce film. Il permet de s'immerger immédiatement dans l'action. Et chaque image montrée par la caméra portée est d'une troublante authenticité, bien que le caractère fictionnel de la chose ne soit jamais remis en question. L'expérience du réalisateur dans le monde de la restauration ne surprend pas.

Nous suivons les aventures d'Andy (excellent Stephen Graham à l'accent inimitable), le plus gros soir de l'année, le vendredi avant Noël (Magic Friday), au Royaume-Uni. Tout commence mal avec une inspection des services de l'hygiène. Avec sa seconde de mauvaise humeur qui réclame depuis des mois une augmentation (excellente Vinette Robinson). Le plongeur je m'en foutiste qui arrive en retard, l'apprentie française qui se lave les mains pas au bon endroit et enfin, une manager qui a accepté beaucoup trop de réservations.

On découvre ainsi un monde toujours sur la corde raide. Les tensions entre la salle et la cuisine, entre les cuisiniers, les clients désagréables, les nouveaux influenceurs, les critiques culinaires, les collègues pas toujours bien attentionnés. Tout est source de stress pour un chef cuisinier et il est difficile de ne pas se sentir dépassé. Au moindre écart, à la moindre insatisfaction d'un client, tout peut s'écrouler à cause de l'embarras provoqué.

Et le poids de cette responsabilité, sans parler des enjeux financiers sous-jacents, reposent en grande partie sur les épaules du chef. Et tout le film est fondé sur le comment ce personnage supporte cette pression. Le plan séquence permet ainsi au spectateur de la partager, et de ne jamais perdre le fil, même si la caméra se promène habilement entre la salle et la cuisine, la façade du restaurant et l'arrière. Malgré le confinement dans un seul lieu durant tout le film, ce n'est pas pour autant que l'on ne voit pas tout ce qui se trame et que les masques tombent. 

The Chef est un film plein d'énergie, d'une réalisation inventive et précise, qui permet de se plonger dans un univers fascinant et effrayant. Le ton, parfois cynique, parfois froid, parfois drôle (peut-être involontairement) permet de révéler simplement une triste réalité, sur un métier assez méconnu, surtout lorsqu'on se contente d'être client. C'est enfin une très belle proposition de cinéma qui montre que même en 2022, on n'a pas fini d'avoir de bonnes idées.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article