La Rose pourpre du Caire: Le rêve vient de l'écran
Voici un film méta au sujet du cinéma ! Woody Allen nous étonne en nous présentant le personnage de Cecilia, cinéphile à ses heures perdues, qui utilise la salle obscure pour s'échapper d'un mari violent, et là, l'impossible se produit, le coup de foudre entre elle et un personnage du film qu'elle regarde, qui sort alors tout naturellement de l'écran. Mais les choses vont se compliquer lorsque l'interprète du personnage va lui aussi faire irruption dans la vie de Cecilia.
Sur un ton assez léger, en décalage avec le quotidien triste de Cecilia, Woody Allen crée un véritable triangle amoureux digne de toute comédie romantique qui se respecte. Et même si la féérie existe (les éléments fantastiques, l'irruption dans le film de Cecilia), la réalité n'est jamais loin. D'une part, cette Amérique urbaine et triste du début du 20ème, où les ravages de la grande dépression se font encore ressentir. Mais plus triste encore, le point de rendez-vous régulier entre Cecilia et Tom sorti du film, n'est autre qu'une fête foraine désaffectée, avec une roue désespérément immobile.
Ainsi, même si l'histoire expose quelque chose de franchement exaltant, l'image, elle, ne ment pas sur la teneur de l'existence du personnage de Cecilia, campé par une touchante Mia Farrow.
Car en réalité, lorsque nous allons au cinéma, le film se termine à un moment ou à un autre et il faut retourner à la réalité. Mais heureusement, il n'est pas indispensable que les personnages sortent de l'écran pour nous faire rêver. Woody Allen dit qu'il s'agit d'un de ses meilleurs opus dans sa récente autobiographie. Nous ne le rejoignons pas forcément là-dessus. Mais c'est un film indéniablement touchant, avec une fin à l'opposée des poncifs hollywoodiens.