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Publié par andika

Jeudi 15 mai 2019, le Quatuor RILKE se produisait à la Chapelle Expiatoire avec au programme (bien évidemment) trois quatuors, composés respectivement par Joseph Haydn, Ludwig van Beethoven et enfin Félix Mendelssohn.

On a coutume de dire que le quatuor est le genre le plus difficile pour le compositeur. En effet, pas le droit à l'erreur avec un effectif si restreint. La moindre maladresse ne pardonne pas. Et pourtant, avec seulement quatre instruments qui le constituent, le quatuor à cordes est d'une richesse inépuisable. Presque tous s'y sont frottés et ont laissé des témoignages de grande valeur au genre. Avec peu d'instrument, on peut obtenir un son qui véhicule toutes sortes d'émotions. Et tout cela peut tenir dans son salon ou même dans sa chambre selon ses goûts !

Les plaisirs du quatuors sont infinis et le Quatuor RILKE, emmené par son premier violon Léo Marillier, a concocté un programme d'une munificence rare. Et quand en plus des notes du programme, il prend la parole pour expliquer ce qui va être joué, ça ne gâche rien. Cette touche interactivité crée une atmosphère joyeuse.

Le Quatuor RILKE à la Chapelle expiatoire

Le Quatuor RILKE à la Chapelle expiatoire

Et la joie, c'est exactement de cela dont il s'agit avec le Quatuor en ut majeur op.20 n°2 de Haydn. Inventeur du quatuor d'après les divertissements baroques, Haydn est une des références du genre. Il entretenait même une sorte de correspondance de quatuors avec Mozart ! La partition est espiègle, emplie de joie et d'humour. Surtout dans la fugue qui la ponctue, pleine de chant (admirable premier violon de Léo Marillier) et de dialogues entre les instruments.

A l'humour de Haydn succède l'intensité de Beethoven qui lorsqu'il composait son Quatuor en si bémol majeur, opus 18 n°6, entre 1798 et 1801 avait déjà des symptômes de surdité. Il pensait de plus que le cycle de six quatuors dont il est issu, était sa dernière contribution au genre. Mais heureusement pour nous, Beethoven est revenu au quatuor par la suite. Dans le n°6, l'influence de Haydn est encore présente dans les deux premiers mouvements, notamment cet Adagio plein d'émotions. Mais à cela succède la rage d'un Scherzo. Sécheresse des coups d'archet, tension de tous les instants entre les différents pupitres. On est emporté par ces prémices du modernisme. Le dernier mouvement, noté La Malinconia, est un passage étonnant. Très personnel, il décrit un mal être, une certaine affliction, des spasmes de douleur qui se fracassent inlassablement. Avant que ne reviennent une atmosphère plus festive avec un ländler dansant. Mais malgré l’éclaircie, la mélancolie subsiste.

Transition parfaite avec le romantisme de Mendelssohn ! Son Quatuor en la mineur op.13 s'inscrit dans la lignée du quinzième quatuor de Beethoven également en la mineur. Et le premier mouvement, Adagio - allegro vivace est d'un grand lyrisme, avec de longues phrases pleines de pathos avant que les choses ne s'accélèrent dans une grande frénésie. Le II, Adagio non lento est un mouvement hybride. De part son titre tout d'abord, lent sans l'être. Mais surtout par son intranquillité, et ces fortissimos généreux interprétés avec acuité par le quatuor. L'Intermezzo est quant à lui sautillant, avec de savoureux pizzicatos et surtout un spiccato exquis de la part des instrumentistes. Une véritable frénésie s'empare d'eux et l'énergie circule sur chaque pupitre. Enfin, le Presto. Harangue passionnée, emplie d'émotions, aventure ardente ponctuée par un sublime récitatif du premier violon de Léo Marillier qu'il convient de saluer tant son son et son expressivité sont marquants.

Fantastique promenade au travers du répertoire du quatuor à cordes au court d'un concert avec des interprétations remarquables. Les plaisirs du quatuor, on ne s'en lasse pas, surtout lorsque les personnes présentes sur scènes en prennent visiblement autant !

Programme du concert du mercredi 15 mai 2019 à la Chapelle expiatoire
Joseph Haydn Quatuor à cordes en ut majeur op.20 n°2 (1772)
Ludwig Van Beethoven Quatuor à cordes en si bémol majeur, opus 18 n°6 (1798-1801)
Felix Mendelssohn Quatuor à cordes  en la mineur op.13 (1827)
Quatuor RILKE
Léo Marillier Violon 1
Pauline Klaus Violon 2
Hortense Fourrier Alto
Camille Renault Violoncelle

 

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