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Publié par andika

Il est de retour ! Myung-Whun Chung, directeur musical de l'Orchestre Philharmonique de Radio France de 2000 à 2015 faisait son retour à la tête de la phalange parisienne ce vendredi 1er février à la philharmonie de Paris dans un programme 100% Tchaikovski (près d'un an après avoir annulé suite à un accident de la route). Tout d'abord avec le Concerto pour piano n°1 en si bémol mineur, op 23. Il était accompagné pour l'occasion du pianiste et compatriote coréen Seong-Jin Cho, premier prix du concours Chopin de Varsovie en 2015. Puis, en deuxième partie, la Symphonie n°6 en si mineur, op 74 "Pathétique". Signalons également une autre compatriote coréenne du chef, à savoir le premier violon du Philhar', Ji-Yoon Park !

Myung-Whun Chung dirige l'Orchestre philharmonique de Radio France dans la Symphonie n°6 "Pathétique" en si mineur de Piotr Ilyitch Tchaïkovski. Enregistré le 19 septembre 2014 à la Salle Pleyel (Paris).

Le premier concerto pour piano de Tchaïkovski est une de mes oeuvres préférée du répertoire et aussi une des plus connues et prisées. Je me souviens l'avoir découverte avec Boris Berezovsky lorsque j'étais adolescent. L'entendre en concert est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps. Et avec Myung-Whun Chung, Seong-Jin Cho et l''Orchestre Philharmonique de Radio France, elle était entre de bonnes mains. Chung qui dans sa vie de pianiste s'était classé second du concours éponyme, Cho, un des pianistes les plus talentueux de sa génération, et enfin le Philhar qui connait bien son Tchaikovski et m'en a laissé un très bon souvenir. Et pourtant, lorsque le compositeur fit écouter son concerto à Anton Rubinstein, ce dernier ne lui trouva aucune vertu ! Alors que, au long de ses trois mouvements, ce concerto se révèle être un chef-d'oeuvre. Et ce, dès les premières notes de l'Allegro non troppo e molto maestoso - Allegro con spirito, avec un tutti de l'orchestre et un piano majestueux qui enchaine les accords. On s'attend à quelque chose de grandiose, à un gros son, toutefois, ce n'est pas immédiatement le cas. Chung commence l'ouvrage tout en sobriété. L'orchestre est contenu, ce n'est pas encore le temps des effusions. Cho quant à lui au piano est tranquille, clair, propre. On sent beaucoup de vibrato aux cordes, tandis que le pianiste est très joueur, espiègle notamment lors de longues séquences en arpèges. On perçoit également des contrastes saisissants entre un sublime solo de hautbois pianissimo interprété par Hélène Devilleneuve et les coups de timbales très secs de Jean-Claude Gengembre. L'orchestre gagnant en puissance au fur et à mesure du temps. Néanmoins, c'est le calme qui règne lors du deuxième mouvement, le sublime Andantino semplice - Prestissimo - Tempo I. Ce début piano en pizzicato aux cordes, ce solo de flûte et ce chant constant au piano. Parlons-en de ce piano qui s'en va dialoguer successivement avec le hautbois, le basson, la clarinette, le violoncelle. Cho est en totale maîtrise, il maintient une clarté constante et une musicalité à faire fondre. De quoi même éventuellement troubler quelques solistes du Philhar' ! Dans la partie rapide du mouvement, la musique sautille, avec une très belle pulsation imprimée par le chef. Enfin, le Finale, Allegro con fuoco est une véritable effusion.  Des coups de timbales très forts, un piano aérien avec beaucoup d'élan et de rebond, des cordes beaucoup plus denses qu'au début et enfin ce gros son impressionnant, majestueux. Les bois apportent beaucoup de couleurs dans les ornementations. Le crescendo qui précède la coda est très impressionnant, Chung ménageant ses effet pour un final sensationnel. Les timbales se transformant en canons tout droit sortis de l'ouverture de 1812, les bâtons utilisées rappelant davantage un marteau ! Il ne pouvait pas en résulter autre chose qu'un triomphe pour l'orchestre et le pianiste. Le moment pour Seong-Jin Cho de revenir pour un bis, le Prélude, Livre 1, n°8 « La fille aux cheveux de lin » de Claude Debussy. Quel beau choix que de la musique française pour le public parisien. Mais ce pianiste ayant fait une partie de ses études au CNSM de Paris, à deux pas de la philharmonie, il ne devait pas être trop dépaysé.

Changement total d'ambiance avec la sixième symphonie de Tchaikovski. Beaucoup de pathos. Beaucoup de fantasmes aussi autour de cette oeuvre, sachant que son auteur est mort très peu de temps après sa création. Personnellement, je l'aime beaucoup mais toute cette tristesse qu'elle renferme fait que je ne l'écoute pas très souvent. Le premier mouvement, noté Adagio - Allegro non troppo commence par un solo au basson, bien accompagné par les tousseurs qui jalonnent la grande salle de la philharmonie.  Un flux de tristesse et de gris qui traverse tout l'orchestre. Mais l'irruption soudaine de la partie Allegro est assez violente, encore avec des coups de timbales rageurs, les violoncelles et les contrebasses grondent. Chung maîtrise parfaitement le côté élégiaque de la chose.  Le deuxième mouvement est une valse à cinq temps noté Allegro con grazia. Sous ses aspects joyeux, il demeure triste. Les cordes ont une très belles tenue, le rythme à cinq temps a beaucoup de charme et est bien articulé, la musique respire. Le second thème est joué un peu plus lentement, avec du vibrato et provoque des secousses émotionnelles. Les percussions donnent la pulsation tandis que la flute gère le thème et que le contrechamp de fait aux contrebasses. Très belle orchestration. L'Allegro molto vivace qui suit est le grand moment festif de la partition. C'est une course effrénée qui ne tient que sur un fil. On sent un orchestre très souple. Un incessant jeu de question réponse bien assuré par chaque pupitre, avec une grosse caisse et des cuivres assez sensationnel, le public ne pouvant retenir une salve d'applaudissements à la fin. Quel contraste avec l'irruption soudaine des premiers accords du dernier mouvement. Chung ne laisse pas le temps au public de finir son ovation que l'ambiance change immédiatement. La musique de l'Adagio lamentoso impose un silence immédiat. Une fois de plus des cordes admirables dans ce thème très triste, des nuances très bien gérées, l'acoustique de la philharmonie aidant bien pour les pianos. Le côté émotionnel de l'oeuvre est bien retranscrit, avec par exemple ces cors bouchés qui ressemblent au bourdon, et ces contrebasses jouant dans le registre ds percussions. Un indélicat a bien essayé d'applaudir avant la fin (quelle idée), mais il a rapidement été rappelé à l'ordre, tant et si bien qu'après la dernière note, personne n'a osé émettre le moindre son pendant de longs moment. Grandiose.

Une bien belle soirée pour le retour de Chung, bien aidé par ses deux compatriotes. Bonne nouvelle, il reviendra en avril !

Programme du concert

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