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Publié par andika

The First Purge ou American Nightmare 4: Les Origines en VF est vraiment l'aboutissement de la saga. Ici, tout est politique. La forme ne sert que le fond, qui est le propos du scénariste et créateur de cette histoire, James de Monaco. Tout est plus radical, plus clair, plus premier degré au sujet de la société américaine. Politique vient du grec Polis, à savoir la vie de la cité, et c'est bien ce dont il s'agit avec cette première purge qui ne se déroule que dans un seul quartier de New York. Il s'agit de Staten Island, qui est une île comme son nom l'indique et qui est totalement dans les dimensions d'une cité antique. Mais point d'antiquité ici, ce quartier a un taux de pauvreté alarmant et est surtout habité par des afro américains et des latinos. Un peu une cité de métèques pour conserver la métaphore antique. Enfin, métèque pour le gouvernement des nouveaux Pères fondateurs qui voit ces personnes comme autant de fardeaux et non comme des citoyens à part entière. Ainsi, au bout du quatrième opus, on n'a plus la naïveté de penser que la purge annuelle où tous les crimes sont autorisés est une catharsis. Non, il devient de plus en plus clair qu'il s'agit juste ici d'un moyen pour les puissant de réaliser une sorte d'eugénisme social, de faire une ablation des éléments qu'ils estiment inutiles, à savoir, de tuer les pauvres.

Mais plus que cette démarche assumée dans le fond par l'auteur, l'intérêt est d'aller au bout de cette ignominie. En effet, pour cette première purge, on parle d'expérimentation scientifique. On se cache derrière la recherche afin de poursuivre des objectifs politiques inavouables. La façade est propre, on mène des entretiens, on sonde les candidats au massacre, on les rémunère, on les observe. De là découle une innovation, pour que rien n'échappe aux scientifiques (et au gouvernement), chacun des participants qui souhaite être actif, et non pas seulement rester dans le quartier pendant la purge, doit porter des lentilles afin de filmer toutes ses actions. Cela donne un effet visuel assez effrayant avec ces personnages déshumanisés à l'allure de zombies dans la nuit avec des yeux très colorés et lumineux. Choc visuel garanti dans la composition de nombreux plans. Mais la science n'a pas toujours le résultat escompté. Comme pour les thèses racistes qui ne résistent pas aux arguments scientifiques, la science ne démontre pas une volonté chez l'Homme de s'entretuer, hormis quelques rares exceptions de psychopathes ou de gangsters qui souhaitent régler leurs comptes. En effet, là ou un seul Jack l'éventreur fera un nombre de victimes qui se compte sur les doigts d'une main, combien une idéologie morbide parvient-elle à supprimer d'individus ? Des millions... Ce film dénonce une certaine idéologie, un certain culte de la violence qui existe bel et bien dans les Etats-Unis. Il dénonce aussi les fausses solutions apportées par les populistes pour régler les vrais problèmes. Il dénonce également le mensonge. Quelqu'un risque encore une fois de se reconnaitre. Là où les précédent opus le faisaient en sous texte, ici, tout est au premier plan, premier degré, assumé.

Mais dans ce tableau sinistre dressé de la société américaine, il y a aussi des choses positives, des motifs d'espoirs. D'une part, cette autorisation du crime n'amène dans un premier temps que des comportements à peine déviants, dans une certaine naïveté face au danger. Fêtes en plein air, quelques menus pillages. D'autre part, la résistance face à cette injustice, bien avant qu'elle ne survienne, mais surtout en réaction à celle-ci, pendant l'action. Et une fois de plus, la présentation des personnages ordinaires dans leur contexte habituel ne les rend que plus attachants une fois qu'on les balance dans cette nuit de folie. Ainsi le caïd du quartier qui se mue en héros face à l'injustice, les gentils anciens qui détiennent la sagesse, la fille rebelle. Tout ce beau monde fait face à ces mercenaires un peu fascisants, surtout au niveau des costumes, face à ces drones qui ne sont pas là que pour espionner. Et ces gens ordinaires triomphent de tout, en attendant la prochaine purge. Excellent casting pour l'ensemble des personnages avec notamment un Y'Lan Noel très charismatique (et musclé).

Enfin, la mise en scène ne se prive pas de petits plaisirs, notamment au niveau pictural de la violence, du sang, la photographie est oppressante, même lorsqu'il ne s'agit que de plaisanteries. Cette saga s'améliore d'opus en opus, ça tombe bien, une série télé arrive ! Le temps de la home invasion simplette est bel et bien révolu.

 

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