Sicario 2: Rien ne se passe comme prévu
Sicario 2 reste dans la veine du premier, même si ici, Denis Villeneuve est remplacé par Stefano Sollima à la réalisation. Ici, adieu la policière idéaliste qui veut faire les choses dans les règles, adieu la loi, adieu le manichéisme, adieu les bons et les méchants. En effet, contrairement au précédent, on veut du sale, dès le début, sans faux semblant. Ce qui a le mérite de poser immédiatement les enjeux et de ne pas nous piéger sur le genre du film cette fois-ci.
Dans ce monde sans foi ni loi, on remarque que les démocraties ne sont pas les dernières à commettre des ignominies. On connait déjà les méfaits de la CIA incarnée par le personnage de Matt, mais il est assez éloquent ici de voir comment cet engrenage s'active. Une série d'attentats islamistes intervient aux abords de la frontière américano mexicaine et les huiles de Washington s'empressent d'y voir la main des cartels. De là découle un plan qui consiste à créer de chaos en déclenchant une guerre entre cartels sauf que rien ne va se passer comme prévu.
En effet, kidnapper une petite fille au Mexique en se faisant passer pour un cartel, la faire pénétrer aux USA pour mieux la faire retourner au Mexique, peut s'avérer plus compliqué que prévu. Et lorsque le plan part en vrille, c'est l'anarchie qui s'invite. Taylor Sheridan signe une nouvelle fois un scénario sans concession où les valeurs morales de chaque personnage seront testées. C'est ici la guerre de tous contre tous, et pour reprendre la phrase d'Alejandro dans le premier, on est dans un monde de loups. En effet, depuis Hobbes, on sait bien que l'homme est un loup pour l'homme. Ici en plus des loups, il y a les moutons que l'on doit mener d'un côté de la frontière à l'autre. Même lorsque les loups ont pu appartenir à la même meute, ils peuvent se retourner les uns contre les autres. Et pourtant, l'espoir n'est pas totalement perdu, ici et là, l'humanité pointe le bout de son nez. Dans les réminiscences d'une petite fille perdue, dans la relation qui nait entre le Sicario et la fille de son bourreau, en quelques échanges et dialogues spéciaux, dans le refus des ordres atroces. Alors, malgré tout, au milieu de toute cette déshumanisation, l'humain résiste, et ça, ce n'était absolument pas prévu dans ce monde sinistre.
Des acteurs une fois de plus excellent avec un Benicio Del Toro qui est une allégorie du charisme, un Josh Brolin tiraillé et enfin une jeune Isabela Moner très intense et qui a une présence impressionnante pour son âge.