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Publié par andika

Ce concert avait tout du concert maudit. Pas moins de deux chefs se sont portés pâles, tout d'abord Robin Ticciati, puis Edo de Waart pour enfin aboutir à Robert Spano moins d'une semaine avant le concert du 18 janvier 2018 au Théâtre des Champs-Elysées. Pour ne rien arranger, je suis arrivé en retard et j'ai été replacé dans une loge en bas où le son n'arrivait pas forcément bien. Mais malgré tout cela, que de belles choses ont été offertes par l'Orchestre National de France. En effet, cette Symphonie n°3 de Mahler est magique. Elle résume à elle seule toute la vie et tout l'univers en 6 mouvements. En partant de la création, puis en évoquant les fleurs, les animaux, les Hommes, les anges et enfin l'amour ! Tout un programme qui nécessite un certain temps. Près d'1h48. Inutile de se presser en effet pour jouir de toutes les subtilités et de tous les charmes de cette immense partition.

Robert Spano, arrivé au dernier moment comme vu précédemment n'a pas cherché à révolutionner son interprétation, au contraire, c'est tout en humilité qu'il entame le premier mouvement,  Kräftig. Entschieden (Avec force. Décidé), sans chercher à trop maximiser les effet de la fanfare de cuivres, mais sans jamais oublier toute la profondeur de cette musique et les questions métaphysiques qui en découlent. Malgré l'extrême longueur de ce mouvement, il est impossible de s'ennuyer tant les choses s'enchaînent avec fluidité et subtilité. 

Le  Tempo di Menuetto. Sehr mäßig (Très modéré) quant à lui offre les splendeurs de la petite harmonie de l'ONF à entendre et ça ne se refuse pas, on constate aussi que Luc Héry, le violon solo, est très, très en forme. Le  Comodo. Scherzando. Ohne Hast (Sans presser) qui suit est une pure merveille avec des bois à tomber et ce cor de postillon caché qui déclame son discours en toute simplicité et se marie avec l'ensemble de l'orchestre sans aucune difficulté.

Le IV,  Sehr langsam. Misterioso. Durchaus ppp (Très lent. Toujours ppp), quant à lui nous offre l'opportunité d'assister à un miracle. Ce miracle porte un nom, Anna Larson. Il y a peu de mot pour décrire ce que représente cette voix. Beau, joli, ce n'est pas suffisant, sa voix touche directement l'âme de l'auditeur en un mot: Mensch ! Que de frissons, que d'émotion, avec une diction parfaite, si parfaite que son chant s'entend aussi bien que l'allemand parlé.  Weh spricht : Vergeh ! ( La douleur dit : Passe et finis !). Oui, tous les petits désagréments et tracas de la vie semblent être vains lorsqu'on entend cela, surtout placé à moins de 10 mètres de cette femme.

Mais une seule voix ne suffit pas pour faire passer le message de cette musique, le chœur et la maîtrise de Radio France sont alors venus appuyer ces déclarations dans le V. Même si de notre place, ces voix semblaient un peu timide, notamment sur les fameuses onomatopées Bim, Bam, toutefois que de beauté, que de joie dans ce Lustig im Tempo und keck im Ausdruck (D’un tempo joyeux et effronté dans l’expression). Puis enfin l'Adagio final est arrivé dans un océan d'amour représenté par les cordes, toutes les cordes, non seulement les premiers mais aussi les seconds violons qui ont une importance considérable dans cette symphonie. Que de douceur, que de volupté dans cet écoulement paisible qui mène à une véritable jubilation renforcée par des percussions luxuriantes. Un final grandiose pour une symphonie grandiose. Vive Mahler ! Vive l'ONF. Vive Robert Spano !

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