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Publié par andika

Jeudi 14 septembre 2017 avait lieu à l’auditorium de la maison de la radio un concert dont le programme comprenait la symphonie concertante pour orchestre et pour violoncelle d’Enesco et la 5ème symphonie de Mahler. Œuvres interprétées par l’Orchestre national de France (ONF)  dirigé pour l’occasion par Christoph Eschenbach.

 

Je retrouvais l’ONF pour la première fois depuis le concert de Paris du 14 juillet, et c’était la première fois à l’auditorium depuis Novembre 2015 et un mémorable cycle Beethoven/Bartok.

 

Il est d’ailleurs marrant de constater pour la petite histoire que Eschenbach est l’ancien directeur d’une autre phalange parisienne, à savoir l’orchestre de Paris (2000-2010). Il n’a pas laissé un souvenir impérissable dans la ville si l’on en croit Christian Merlin et pourtant, on sent que ce chef est un passionné. Ce qu’il y a d’insolite dans cette situation, c’est qu’un directeur musical de l’orchestre de Paris dirige très rarement pour ne pas dire jamais un orchestre de radio France et vice et versa avec les directeurs musicaux du Philar et de l’ONF avec l’Orchestre de Paris. Mais une fois parti, tout est possible !

 

La symphonie concertante était une belle œuvre pour introduire ce concert, avec un public assez clairsemé malheureusement et pourtant. Cette composition recèle une telle douceur et le violoncelliste soliste, Truls Mørk était vraiment excellent. Tout cela monte peu à peu en intensité, mené par un Eschenbach tout en sobriété et une flûte solo qui se distingue. A noter un glissando démentiel du violoncelle dans le finale de l’œuvre qui a tout du saut vertigineux. Voici un compositeur trop peu joué et pourtant intéressant, une très belle découverte.

 

Puis après l’entracte vient le main event,   à savoir la 5ème symphonie de Mahler. Subitement, il y a beaucoup plus de monde dans la salle…

La marche funèbre initiale est prise dans un excellent tempo qui est vraiment adapté à l’ambiance que veut instaurer le compositeur, la trompette solo semble sortir d’outre-tombe avec son appel qui semble faire écho à la 5ème de Beethoven. Puis l’ONF commence à gronder avec l’irruption des cordes dans un tutti enivré. On sent Eschenbach commencer à s’agiter et à faire des gestes insensés. A un moment, il regarde dans ma direction et lance un regard intense aux premiers violons mais qui capte également mon regard, une vision assez terrifiante mais si captivante.

 

Le chef dirige par cœur, il est vrai que Mahler est un compositeur qu’il défend depuis de très nombreuses années. Cette marche funèbre initiale était vraiment excellente, les différents pupitres assez en forme, notamment les percussions et plus précisément les timbales.

Le II commence avec un ONF furieux, mais c’est bien l’indication de Mahler qui nomme ce mouvement Stürmisch bewegt, mit grösster Vehemenz (Orageusement agité, avec une grande véhémence). Les cordes sont incandescentes, notamment les violoncelles qui jouent le thème à un moment tout en dialoguant avec les bois. Les nuances sont gérées de manières très satisfaisantes. Et les coups de triangle étaient exquis.

 

Le Scherzo en revanche est un peu plus problématique, l’imprécision des cuivres ne peut plus être occultée. Les cors, si important dans ce mouvement ont peu à peu perdu le fil et n’ont pas maintenu l’excellence qui était présente au début. Pourtant, on ressent une certaine féérie, une certaine magie à l’écoute de ce 3ème mouvement. Et le hautbois solo commence à se démarquer de manière décisive. A noter le quatuor à corde qui a enfin l’occasion de briller un peu, (notamment Sarah Nemtanu, fantastique 1er violon solo), tant cette partition est phagocytée par les cuivres tout au long de cette œuvre. (C’était bien la peine de se ré-accorder juste avant le IV)

 

L’Adagietto est la grande réussite de cette soirée (hormis ce téléphone qui sonne juste au début pendant que l’orchestre joue pianissimo !). Les bois et les cuivres se taisent enfin et laissent place à toute la puissance évocatrice des cordes, il s’agit ici d’amour, un amour déclamé de Mahler à sa femme Alma à qui est dédiée cette œuvre. La harpe solo était parfaite, les nuances à tomber par terre. Ce passage passé à la postérité grâce au film Mort à Venise est la principale raison pour laquelle cette symphonie est connue. Même s’il ne s’agit pas forcément des pages les plus intéressantes de l’œuvre de ce compositeur, force est de constater qu’elles font leur petit effet.

 

Enfin le Rondo final qui renforce la féérie et la magie qu’on percevait déjà dans le scherzo. On soulignera seulement ici la qualité des clarinettes et hautbois solo qui ont été justes fantastiques. Cette œuvre se termine sur une note positive voire même naïve. C’est aussi une face de la personnalité de Mahler qui ne fait pas que dans le sarcasme. Et c’est aussi agréable de s’évader en évoquant l’amour ! Excellent concert.

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