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Publié par andika

Dimanche 26 février 2017, j'ai enfin entendu la symphonie héroïque de Beethoven à la Maison de la Radio. Cela peut sembler être une chose banale, mais cette symphonie, ce lieu, et moi, nous nous sommes manqués un certain nombre de fois malheureusement.

La première fois, c'était le samedi 14 novembre 2015, il s'agissait du premier concert prévu dans le cycle Beethoven/Bartok dont je vous avais déjà parlé ici et ici. En effet, le concert avait été annulé pour cause d'état d'urgence suite aux attentats de la veille, ainsi que tous les spectacles prévus à Paris ce jour là.

Le deuxième rendez-vous manqué était l'année dernière, j'avais prévu d'assister à une émission au sujet de l'Eroica à la maison de la radio mais elle avait été annulée pour cause de grève... A ce moment, je pouvais légitimement penser que j'étais maudit. Mais j'ai pris mon mal en patience et j'ai retenté le coup pour le 26 février et cette fois-ci, c'était la bonne !

J'ai donc eu le plaisir de retrouvé l'orchestre philharmonique de radio France à la maison de la radio, dirigé pour cette occasion par le chef français Ludovic Morlot, qui est directeur musical de l'orchestre de Seattle. C'était ma troisième fois avec le Philar après une soirée Mozart et une orgie de cordes !

Il s'agissait ce dimanche d'un concert éducatif, principalement à destination d'un jeune public pour qui cela pourrait constituer la première expérience de concert symphonique, de sorte que le chef, nous a présenté l’œuvre et a présenté chaque mouvement avant de les jouer. Je trouve que c'est une très bonne chose car bien que les programmes des concerts soient en général très fournis et nourrissent la réflexion, rien de tel que de laisser la parole aux musiciens et principalement au chef qui parle pour le coup vraiment avec son cœur de cette œuvre. On sent dans ses mots tout l'amour qu'il a pour cette musique et c'était très agréable car moi même, j'aime tout autant cette Eroica.

En effet, cette troisième symphonie de Beethoven, j'ai l'impression que je la connais depuis toujours, comme j'ai l'impression que Beethoven m'a toujours accompagné au cours de ma vie. Elle a pris un sens symbolique encore plus fort à mes yeux suite aux événements dont je vous ai parlé. Je me souviens que lors de l'exposition Beethoven qui a eu lieu à la philharmonie de Paris fin 2016, ils étaient revenus sur le fait que l'orchestre national de France avait joué la marche funèbre de l'Eroica en hommage au victime. Bien entendu, comme l'orchestre avait répété pour le concert annulé du 14, jouer cette marche funèbre en hommage aux victimes avait tout son sens, mais au-delà de l'aspect pratique, la musique de Beethoven a une résonance politique.

Il est vrai qu'en 1802, Beethoven a tout d'abord dédié sa troisième symphonie à Napoléon Bonaparte qu'il admirait énormément, il le considérait comme un Prométhée venu répandre les idéaux de la révolution. Toutefois, une fois que Beethoven apprit que Napoléon était devenu empereur, il raya de rage la dédicace pour finalement dédier son oeuvre à la mémoire d'un grand homme. Et en effet, tout est grand dans cette musique. Cette symphonie fait exploser le cadre habituel de la symphonie de la période classique pour basculer dans le romantisme. On dit souvent que Beethoven est le premier romantique et c'est vrai, les dimensions de l'orchestre, la longueur des mouvements nous fait vraiment sortir des symphonies plan plan à la Mozart et Haydn !

Le premier mouvement s'ouvre sur deux accords stridents de mi bémol majeur. Ils sont inoubliables, reconnaissables entre mille. Une entrée en matière incomparable qui laisse se développer un thème majestueux, joyeux, et même un peu martial qui fait penser à de la musique militaire. Avant de jouer le mouvement, le chef s'est bien attardé sur les premiers accords et sur l'innovation que cela représentait à l'époque. Autre sujet à débat dans le premier mouvement de l'Eroica, savoir s'il est nécessaire de jouer la reprise au début, la réponse est oui puisqu'il l'a fait avec le Philar et entendre ce début à deux reprises permet de bien entrer dans la symphonie et aussi aux oreilles inattentives des petits enfants, de ne pas trop perdre de biscuit en route !

Le deuxième mouvement est la fameuse marche funèbre. Une marche funèbre est une musique triste, généralement en deux temps et en mode mineur. Pour bien nous faire comprendre la chose, le chef a fait jouer à la contrebasse solo le thème de Frère Jacques. Moi, spontanément, j'ai pensé à Mahler puisque le troisième mouvement de sa symphonie Titan utilise le même thème. De plus, j'avais entendu le percussionniste répéter sur ses timbales des notes qui me rappelaient furieusement Mahler. Le contrebassiste, après avoir joué le thème en majeur, l'a ensuite joué en mineur à la demande du chef, accompagné des timbales et en effet, on a senti la différence et j'ai pu entendre le début du troisième mouvement de la symphonie Titan de Mahler, qui n'avait pas été joué ce jour particulier des journées du patrimoines.

Les troisième et quatrième mouvement se jouent l'un à la suite de l'autre. Le troisième mouvement, au lieu d'être l'habituel menuet de la symphonie classique (danse à trois temps un peu lente où l'on s'endort) est ici un scherzo vigoureux, tinté d'humour grâce à ce hautbois qui chante de manière si caractéristique. Enfin, le quatrième mouvement est un thème et variations qui sollicite une fois de plus le chiffre trois. Trois cors qui chantent et qui couvrent l'orchestre à la fin de toute leur majesté. Trois bémol à la clef de cette tonalité mielleuse et chaleureuse de mi bémol majeur, trois temps, troisième symphonie et j'en passe !

Une fois de plus, l'écoute en concert a été d'une valeur inestimable pour moi. Je me suis rendu compte dans cette symphonie de l'importance du hautbois et de la flûte, on n'entend presque qu'eux ! Le chef a mis l'accent sur des passages magnifiques auxquels je ne prêtais pas forcément attention, lorsque par exemple un simple quatuor à cordes joue le thème dans le dernier mouvement, où simplement le fait de signaler l'importance des trois cors dans cette symphonie là où ils sont habituellement présents en nombre pairs.

Il était amusant d'entendre ce chef nous parler avec son français mâtiné d'accent américain après ses longues années vécues la bas mais c'était utile, même s'il s'exprimait beaucoup mieux avec sa baguette. Il nous a confié qu'il espérait que c'était la première expérience en concert de beaucoup de personnes dans le public. Vu l'âge des enfants présents (et leur agitation), ça devait forcément être le cas, et je parie qu'ils s'en souviendront longtemps !

 

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L
Quelle chance d'assister à un tel événement, vous le racontez très bien cela dit, c'est agréable d'avoir l'extrait vidéo et le débriefing d'une personne du public, car en vidéo et en live, les rendus sont bien différents.
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A
Merci pour votre commentaire. En effet, rien n'égale le concert. Le disques, mêmes très bons, sont incomparables.