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Publié par andika

Zion est un film percutant, diablement original, et ça fait un bien fou de le voir sur grand écran. Il est plus que temps que le cinéma français tourne sa caméra vers ses territoires ultramarins, et les histoires qu’on y raconte n’ont rien à envier à celles de l’Hexagone. Avec Zion, Nelson Foix nous emmène en Guadeloupe, à la rencontre de Chris, un jeune homme qui navigue entre petits trafics et galères du quotidien. Une vie à la marge, jusqu’à ce qu’un événement fasse tout basculer.

Dans le rôle principal, Sloan Decombes crève littéralement l’écran. Il incarne Chris avec un mélange de charisme brut et de naturel désarmant. Il ne joue pas : il est ce personnage, à la fois paumé, attachant, et profondément humain. Le film démarre comme une chronique sociale presque banale, avant de plonger dans un récit tendu, presque chaotique, qui emporte tout sur son passage.

La grande force de Zion, c’est sa langue : le créole, parlé dans la majorité des dialogues, insuffle au film une vitalité et une authenticité rares. Ce n’est pas un effet de style, c’est une nécessité narrative. Le créole rythme le film, le rend vivant, organique, profondément enraciné. On entre très facilement dans cet univers grâce à la sincérité du jeu des comédiens, tous remarquablement naturels.

Mais au-delà du parcours de Chris, Zion dresse un portrait lucide d’une jeunesse guadeloupéenne en quête de repères. Violence, désœuvrement, absence de perspectives : le film montre sans pathos mais sans détour non plus une réalité parfois brutale. Il met aussi en lumière une fracture générationnelle : la déconnexion entre les jeunes et les traditions des anciens, comme si les racines s’étaient perdues quelque part en chemin.

Ce que Zion réussit particulièrement bien, c’est de montrer que la dérive n’a pas toujours besoin d’un passé traumatique pour exister. Parfois, ce sont de simples glissements, des erreurs de parcours, des choix malheureux qui mènent à l’impasse. Mais le film porte aussi un espoir : il n’est jamais trop tard pour changer de cap. Même dans les situations les plus tendues, il reste une marge pour les bons choix. Et cette possibilité-là, si fragile soit-elle, vaut la peine d’être montrée.

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