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Publié par andika

Mickey 17, le nouveau film de Bong Joon-ho, peine visiblement à trouver son public. Après le triomphe mondial de Parasite en 2019, on pensait que le réalisateur sud-coréen était devenu un véritable Golden Boy. Mais, à y regarder de plus près, son talent de réalisation et d’écriture semble parfois surestimer les capacités du grand public. Ce qui avait fonctionné dans un film 100% coréen peine à passer ici, dans une production américaine, avec un film en anglais, et un Robert Pattinson en tête d’affiche, désormais immense star.

Pourtant, Mickey 17 a de quoi séduire : de la conquête spatiale, un casting de rêve avec Mark Ruffalo et Toni Collette. L’histoire est originale, loin d’une suite ou d’un projet franchisé. Sous ses airs de science-fiction et d’anticipation, Bong Joon-ho livre une satire acerbe des travers de notre société : impérialisme, bellicisme, prédation, colonialisme, capitalisme sans cœur… tout y passe.

Le héros, d’abord victime d’un prêt usurier qui le pousse à fuir pour un job aliénant, se retrouve à mourir à répétition, une condition à laquelle il doit s’adapter sans cesse. L’idée de l’humain dont la vie se réduit à une série de morts et de résurrections infinies illustre à la perfection l’expression se tuer à la tâche. La déshumanisation n’a plus de limites, au point de nier sa nature même d’individu. Et si on y pense bien, quelle différence avec les hommes des premières révolutions industrielles, contraints de travailler dans des conditions extrêmes pour des journées sans fin ? Mickey 17, en 2050, est en quelque sorte le mineur de Germinal du XXIe siècle.

Cependant, contrairement à Zola, Bong Joon-ho n’opte pas pour le naturalisme. Loin de là, il injecte une bonne dose d’humour, surtout quand il confronte ses personnages à d’étranges créatures sur une planète extraterrestre. Là où l’on s’attendrait à une tentative de communication pacifique, les événements prennent une tournure différente, mettant en lumière le pire de l’humanité. En cela, on repense avec nostalgie à un autre film du réalisateur, The Host, qui explorait déjà ces thématiques avec malice et finesse. Cela prouve que le succès n’a pas changé Bong Joon-ho, qui conserve sa personnalité et sa singularité, envers et contre tout. Mais cette fidélité à ses convictions a un prix : il reste celui qu’il était il y a vingt ans, c’est-à-dire tout sauf grand public en Occident. Parce que Mickey 17 est définitivement trop intelligent.

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