Babygirl: La domination, c'est bon
Moi depuis Eyes Wide Shut, je suis très preneur de voir Nicole Kidman au cinéma dans des films un peu déviants sur la morale, alors quand j'ai entendu parler de Babygirl, j'ai immédiatement été assez curieux. Et je n'ai pas été déçu du voyage. Mais contrairement au maître Kubrick, la cinéaste néerlandaise Halina Reijn se concentre ici sur les fantasmes de madame, et la montre en action ! Nicole Kidman, dans le rôle de Romy, une dirigeante d'entreprise, mère de famille, a qui tout réussi et qui semble avoir la vie parfaite, mais qui vit dans le frustration sexuelle, livre une performance remarquable, pleine de nuances. Nuances dans le ressenti, dans la vulnérabilité, mais aussi dans la force et l'autorité. Les gros plans sur son visage sont nombreux et à chaque fois, ils véhiculent la bonne émotion.
L'histoire est banale, simple, Romy rencontre un jeune stagiaire du nom de Samuel (fascinant Harris Dickinson) dans son entreprise, et il ne la laisse pas indifférente. Et rapidement, leur relation va déborder du cadre professionnel. Malgré leur gigantesque écart d'âge. L'alchimie entre les deux comédiens fonctionne très bien à l'écran, et ils ne reculent devant rien pour jouer les scènes de la façon la plus juste. Et ils le font sans peur, sans arrière pensée, et sans aucune retenue. Ces performances rendent l'histoire d'autant plus intense, alors qu'il s'agit de postures très délicates à adopter. Les scènes de sexes sont explicites sans en montrer trop. Et c'est un parti pris approprié car il s'agit ici moins de sexe que de rapport de force, et de pouvoir.
Et ce pouvoir s'exerce par la domination, le sexe, mais aussi par tout un symbolisme subtile qui jalonne la mise en scène. Le mari de Romy, prénommé Jacob (intense Antonio Banderas), est metteur en scène de profession. C'est un artiste mais qui porte un nom biblique ô combien significatif. Jacob dans l'Ancien Testament est aussi connu sous le nom d'Israël, et il représente ainsi la terre promise. Mais son statut de metteur en scène en fait également un créateur d'illusion. Un but à atteindre mais qui ne serait pas authentique. Alors que Samuel dans l'Ancien Testament est un prophète, c'est à dire un révélateur.
Et il est ainsi intéressant d'interpréter le tiraillement de Romy, entre le prophète qui lui permet d'assouvir ses fantasmes, et l'idéal de la Terre promise. Le symbolisme s'illustre également dans la bande original avec dans une scène, l'utilisation bien sentie de la chanson Father Figure de George Michael.
Le balancement moral teinté d'Ancien testament, (en période de crise, le personnage de Jacob lit la bible), amène une profondeur au film. Mais ce qui est gagné en profondeur est perdu en tension car les enjeux ne sont jamais assez élevés. Halina Reijn partage la même nationalité que Paul Verhoeven mais n'en partage pas le goût de la perversité et du voyeurisme dans son œuvre qui reste sage. Il est dommage en effet que cette situation fertile au conflit n'accouche au final que d'une petite averse dans la vie des personnages, là où les implications auraient pu être plus graves.
Mais cela fait peut-être sens dans la mesure où le pouvoir arrête le pouvoir, et que la domination s'exerce le plus efficacement lorsqu'elle est justement proportionnée. Ainsi, le symbolisme du dressage d'un chien ,qui apparait dans deux scènes clefs, rend le message du film clair. Dans certaines relations, il faut un dominant et un dominé pour atteindre une certaine harmonie.
/https%3A%2F%2Ffr.web.img2.acsta.net%2Fimg%2F0f%2F3f%2F0f3f8ece7cfe8d3a8524359c6261475c.jpg)
Romy, PDG d'une grande entreprise, a tout pour être heureuse : un mari aimant, deux filles épanouies et une carrière réussie. Mais un jour, elle rencontre un jeune stagiaire dans la société q...
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=323928.html